In Solitude - Sister
Chronique
In Solitude Sister
Aversion. Acceptation. Adoration.
Voilà les stades par lesquels je suis passé avec ce nouvel album d'In Solitude, Sister. Ma première écoute fut la plus difficile. À tel point que j'ai dû couper avant la fin, envahi par un sentiment de tromperie et de dégoût. Essayant d'oublier cette première mauvaise impression, je me confronte à l'œuvre plusieurs fois. Je commence alors à comprendre l'envie d'évoluer des Suédois qui, avec ce troisième opus, se détachent nettement de la vague revival heavy de leur pays. Et au fil des multiples passages des ondes dans mes conduits auditifs, je finis même par apprécier ce nouveau visage. Celui de la pochette.
Mais qu'a donc bien pu faire In Solitude pour déclencher en moi une telle réaction? Les Scandinaves ont pris sur Sister une nouvelle orientation musicale que je n'avais pas vu venir. Certes, The World. The Flesh. The Devil dégageait déjà quelques envies d'évasion mais l'opus restait profondément ancré dans ce vieux heavy metal satanique d'obédience Mercyful Fate. Sister, lui, s'en éloigne davantage en incorporant de grosses influences... gothic rock! Le mot est lâché. Imaginez donc ma surprise lors de ma découverte de l'album et ma réaction épidermique. In Solitude abandonne le metal et fait de la musique de blasé mal dans sa peau! Le titre de l'album serait-il donc un hommage à The Sisters Of Mercy? C'en est trop pour moi et je ne vais même pas au bout de ce que je considère déjà comme une des déceptions de l'année.
En fait, tout ça, c'est des conneries. C'est sûr, Sister ne finira pas dans ma top list 2013. Mais ce n'est pas non plus la pétasse que je m'imaginais à notre première rencontre. C'est même une fille bien qui m'a permis d'élargir mon horizon. Et puis, ce n'est pas non plus comme si In Solitude faisait dans le catchy de bas-étage ou le goth rock pur et dur. On sent que la musique reste composée par des musiciens de metal. La patte heavy metal mercyfulesque n'a ainsi pas complètement disparu en cherchant bien. Ça manque pour moi d'accélérations, le rythme naviguant pépère entre mid et down-tempo, et de mélodies typiques, mais l'opus reste riche et musicalement intéressant malgré son apparente démétallisation. Il se dégage en plus de Sister une ambiance immersive, un feeling poignant, que ce soit dans les riffs, les solos, les breaks, les parties de batterie, les lignes de basse ou le chant d'un Pelle Åhman au talent insolent. Un vrai travail d'équipe pour ce qui est à ce jour l'album le plus sombre de la discographie d'In Solitude.
Mais concentrons-nous sur Pelle Åhman, le membre qui se détache le plus ici. Le bonhomme m'avait quelque peu énervé à en faire trop au Hell's Pleasure. Une pure tête à claques. Mais une tête à claques pétrie de talent. Si son timbre original sublimait déjà les morceaux des deux productions précédentes du quintette, il franchit sur Sister un nouveau pallier. La maturité du frontman, à seulement 21 ans, impressionne. Grâce à lui, chaque morceau a sa propre personnalité. Sur Sister, Pelle nous offre tout simplement sa prestation la plus personnelle, la plus variée et la plus prenante, mise en exergue par des paroles glauques et dérangeantes d'une rare noirceur. Un charisme vocal qui prend toute son ampleur sur le traumatisant "A Buried Sun", longue pièce de plus de sept minutes qui vous emporte dans un tourbillon de détresse. Mon titre préféré du disque, qui compte d'autres bons moments. On pense à l'introduction acoustique "He Comes", touchante et qui présente en douceur le nouveau In Solitude. Les efficaces et entraînantes "Death Knows Where", "Lavender" et "Sister", preuves que la formation a encore du répondant rayon riff mid-tempo qui donne envie de bouger la tête. Le complet "Horses In The Ground" et son break en spoken words de Jarboe. Le final "Inmost Nigredo" aussi, plus longue piste de l'œuvre et ses huit minutes marquées par une intro bluesy surprenante et un tremolo sombre assez génial. On retrouve d'ailleurs Pelle Forsberg de Watain en guest, plus inspiré que sur la dernière sortie soporifique de son groupe. Au final, il n'y a que "Pallid Hands" qui passe moins bien malgré une deuxième moitié plus inspirée.
Sister est un de ces albums appelés à diviser. D'un côté, les fans déçus pas très ouverts (dont j'aurais dû faire partie) qui ne manqueront pas de railler le groupe sur sa nouvelle orientation "gothique" et attendront plutôt le prochain Portrait à l'automne 2014 pour du Mercyful Fate worship pur et dur. De l'autre, les amateurs de bonne musique aux goûts plus larges (dont je me surprend à faire partie) qui sauront apprécier les nombreuses qualités du disque. Car passé et digéré la surprise, ce nouveau In Solitude s'avère un vrai bon album de heavy goth-rockisé à la production vintage soignée et au feeling dark prenant, mené par un chanteur formidable en pleine possession de ses moyens et qui vous fera ressentir toute l'intensité de ses émotions. Du coup, je trouve Sister supérieur au précédent opus The World. The Flesh. The Devil qui m'avait vite lassé car souvent trop long, piège qu'évite cette nouvelle offrande en sachant s'arrêter quand il faut. Par contre, en bon fan de true heavy, je garde ma préférence pour le premier album éponyme qui offrait un mélange Mercyful Fate/Iron Maiden plus à même de me plaire. En tout cas et peu importe le camp que vous choisirez, In Solitude n'a jamais aussi bien porté son nom.
| Keyser 2 Novembre 2013 - 2566 lectures |
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