Queen Elephantine - Scarab
Chronique
Queen Elephantine Scarab
Bien sûr, pour ceux aimant leur voyage mystique enjôleur et temporaire, ceux aimant un groove apaisant comme un après-midi au Moyen-Orient à naviguer dans les terres anciennes entre deux clics de leur appareil photo, il y a Om. C’est chouette Om. Pas trop ethnique, pas trop assourdissant, suffisant pour donner des images de lieux empreints de religion tranquillement assis dans son fauteuil.
Mais pour ceux qui, de la révélation à la conversion forcée des masses, veulent leur trajet sans retour, veulent ressentir ce que les croyants de l’époque avaient de fanatique, alors Om ne suffit pas. Il leur faut quelque chose de total, où l’enivrement n’est que le début et la fin une horreur guidée par la transe, rappelant que le corps, cette chose coupable, est une barrière à briser pour laisser place à l’esprit. Tuer, pour libérer.
A ceux-là, je leur conseille Scarab de Queen Elephantine. Il y a de prime abord peu de différences entre le groupe de Rhode Island et le tout-venant des musiques rituelles. Comme beaucoup, les Ricains se basent sur l’utilisation de basses et d’instruments orientaux pour transmettre leurs atmosphères, la répétition comme arme principale. Et oui, en surface, peu à dire sur ce qui fait de cet album une expérience aussi obsédante, à l’exception de ce chant peu commun évoquant Alice In Chains selon la méthode du Noothgrush de la démo : Layne Staley au fond du trou où on l’a enterré appelant à l’aide, zombifié, langoureux, séduisant pour mieux croquer sa proie.
Pourtant, Scarab donne – par flashs aux premières écoutes puis en continu par la suite – une impression autre. Mathématiques en ce qu’elles contiennent d’implacable malgré leurs notes fuyantes et coulantes, les quatre compositions de l’ensemble se font progressivement lourdes, d’une chaleur piquante laissant hébété sans recourir au pachydermique habituel. C’est ce sens de la tension, continuellement sur le fil entre groove anesthésiant et acharnement proche de la folie par l’utilisation corrosive de leitmotivs, qui conquiert au fur et à mesure, faisant passer l’album du côté des disques agrémentant agréablement ses séances d’effritement et de roulage à ceux ne laissant pas tout à fait d’humeur festive.
Par flaques juxtaposées, Queen Elephantine fait valoir son expérience au sein de longue-durées (trois avant celui nous intéressant) et nombreux splits avec Sons of Otis, Elder ou encore Alunah. La formation parvient à fasciner malgré un étalement constant, jusqu’à ce tampura (luth à long manche utilisé en Asie Centrale) égrainant ses interventions dans un esprit menaçant. Cette uniformité fera la part entre les asservis et le reste, Scarab n’étant pas là pour attirer mais bien prendre par la force. Mystérieux jusqu’au bout, l’essai n’est clairement pas à laisser entre toutes les mains et seuls les plus téméraires se laisseront prendre par ces cinquante minutes instiguant un malaise ardent mais guidant l’imagination comme peu savent le faire.
Écouter Scarab, c’est avoir la sensation de pénétrer une secte semblable à celle des Hashishins, avec ses secrets et ses rites où le spirituel trouve sa source dans le sang versé. On peut décidément remercier le label Heart & Crossbone d’avoir sorti cette pépite – label qui, au passage, est israélien. Promis, ce sera la seule chose prêtant à sourire ici.
| lkea 16 Mars 2014 - 1346 lectures |
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