chargement...

haut de page
Remontez pour accéder au menu
200 visiteurs :: Invité  » se connecter  » s'enregistrer

Dirge - Hyperion

Chronique

Dirge Hyperion
Écrire quelque chose de potable sur Dirge m'est impossible. Mes petites ambitions de gratte-papier se sont trouvées ratatinées par les Français à chaque tentative. Pas seulement car leur musique devant tout à Neurosis et Godflesh finit par ne rappeler aucun des deux, pas seulement car chacune de leurs œuvres paraît au départ proche de la précédente pour finalement devenir toute autre, pas seulement car leurs ambiances entre post-industriel et metal dissous dans l'éther se font constamment impalpables et cependant marquantes comme une gifle propre, cinglante, concrète... Mais un peu car tout cela, ainsi que le bête sentiment de ne pas être à la hauteur d'un groupe ayant toujours fait son pain avec humilité, sans envie autre que réussir ce qui, malgré tout, devient un ovni à échelle discographique.

Dirge, en somme, il n'y en a pas deux comme lui, au point que je me demande parfois si les membres le composant sont de ce monde. Et c'est peut-être ça, le médiocre objectif auquel je peux seul me mesurer : tenter de montrer en quoi Hyperion, pur album de Dirge, est fait d'une matière autre, sans jamais la salir en essayant de la définir puisqu'elle prend le mystère pour ultime plaisir.

En effet, l'impression qu'Hyperion est le longue-durée efficace et lisible de Dirge ne dure qu'un instant, celui de « Circumpolaris » et ses guitares d'une contondante simplicité, donnant le sentiment qu'ils ont pris le Gritche en exemple. Passé ce qui n'est que la coupure nette pour mieux pénétrer l'ailleurs, le reste de l'heure dévoile un tout autre aspect du quatuor, ce dernier quittant les alchimies de rouille dont il s'est fait maître depuis Blight and Vision Below a Faded Sun pour une thématique au premier abord nettement plus commune : l'Espace en grand format, la terreur et l'émerveillement qu'il procure.

Seulement, Hyperion ne suit ni les traces de Rosetta, ni du Blut Aus Nord de Memoria Vetusta II et encore moins celles du Krallice de Years Past Matters. Non, ici on dépasse l'image et, dans un tour de main si naturel qu'il parvient à faire oublier son caractère d'exploit, absout et dissout. Ce sixième album n'est pas celui de la maîtrise – Dirge est un groupe qui, depuis ses débuts, maîtrise – mais bien celui où les Français parviennent le mieux à réaliser ce fantasme des musiques post si peu réussi ailleurs : devenir minerais en suspension, atomes flottants dans le néant sans âge, par des guitares tenant autant d'un metal calcaire que d'une cold wave élimant la matière avec douceur, un effritement continu et consenti, tant il paraît avoir pour origine une bienveillance nous poussant à nous dépasser pour rejoindre la soupe primordiale.

Hyperion transmet la douleur à s'extirper de soi mais reste constamment positif. Comme leurs frères de Kill The Thrill, les Français jouent du drame existentiel mais ne s'apitoient jamais sur leur sort, préférant dessiner un autre endroit où s'oublier temporairement, le rêve comme solution transmise par des voix victorieuses, si diaphanes qu'elles paraissent naître du vide. Les formats des morceaux sont peut-être plus courts que sur la course de fond Wings of Lead over Dormant Seas, ils perpétuent cette capacité à mêler atmosphères mélancoliques et lumineuses au sein d'un même moment, sans jamais tomber dans le cyclique barbant des barbus contaminant le « style » post, par la répétition de motifs épanouissant de quiétude à aller vers l'élémentaire à la manière du final « Remanentie » ne semblant jamais finir, pour notre plus grand bonheur.

N'écoutez pas ceux qui déclareront qu'Hyperion est triste. Le deuil du corps qu'il dicte n'est que peu de chose par rapport à ce qu'il offre en retour. Le dernier paradoxe d'un album qui en compte beaucoup est bien celui-ci : détruire, envoyer au-delà des cieux tout en restant constamment généreux dans son processus. Il y a bien sûr ces masses noires que sont les premières minutes de « Floe », « Hyperion Under Glass » et « Filigree », très down-tempo. Mais leurs suites font vivre tant de points lumineux que Dirge, avec toute la puissance narrative qu'on lui connaît, donne à penser que dans la vieille histoire de l'ombre contre la lumière, le ciel étoilé montre que là où il n'y avait rien au départ, la clarté prend le pas. Elle finira par gagner.








PS : Enfin, tout cela vaut essentiellement si vous arrivez à passer outre l'invitée présente sur « Venus Claws ». C'est peut-être un détail pour d'autres mais je préfère prévenir car, malgré de nombreuses écoutes, sa pertinence me pose encore question.

DONNEZ VOTRE AVIS

Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

 
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
Dirge
notes
Chroniqueur : 9/10
Lecteurs : (10)  8.3/10
Webzines : (15)  8.48/10

plus d'infos sur
Dirge
Dirge
Post Metal - 1994 † 2019 - France
  

tracklist
01.   Circumpolaris
02.   Floe
03.   Venus Claws
04.   Hyperion Under Glass
05.   Filigree
06.   Remanentie

Durée : 62 minutes 16 secondes

line up
parution
14 Mars 2014

voir aussi
Dirge
Dirge
Lost Empyrean

2018 - Debemur Morti Productions
  
Dirge
Dirge
Elysian Magnetic Fields

2011 - Division Records
  
Dirge
Dirge
Wings Of Lead Over Dormant Seas

2007 - Equilibre Music
  
Dirge
Dirge
Vanishing Point (Compil.)

2021 - Division Records / Blight Records
  

Essayez aussi
Challenger Deep
Challenger Deep
III. The Path

2023 - Indépendant
  

Loudblast
Sublime Dementia
Lire la chronique
Witches
The Fates
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
La photo mystère du 1 Novembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Deceased
Children Of The Morgue
Lire la chronique
Enforced
A Leap Into The Dark (EP)
Lire la chronique
Muscadeath 2024
Lire le biographie
Ireful
Agents Of Doom
Lire la chronique
Muscadeath 2024 Jour 2
Aborted + Ad Patres + Disfu...
Lire le live report
Scumripper
For A Few Fixes More
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Morbid Saint
Swallowed By Hell
Lire la chronique
Machete Law
Chains of Despair (EP)
Lire la chronique
Scolopendra
Citadel Of Torment (EP)
Lire la chronique
Aggressive Perfector
Havoc At The Midnight Hour
Lire la chronique
La photo mystère du 1 Octobre 2024
Jouer à la Photo mystère
Armoros
Pieces
Lire la chronique
Laceration
I Erode
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Überserker
Ineffable Force of Will
Lire la chronique
Conquer or Perish European Tour 2024
Exhumation + Initiation + V...
Lire le live report
Evildead
Toxic Grace
Lire la chronique
Anthares
After the War
Lire la chronique
Void
Horrors Of Reality
Lire la chronique
Motocultor Festival 15
Griffon + Deicide + Inhumat...
Lire le live report
La photo mystère du 1 Septembre 2024
Jouer à la Photo mystère
Surgical Strike
24/7 Hate
Lire la chronique
The Hellectric Devilz
The Devilz Playground
Lire la chronique
Crushing Brain
Cenizas
Lire la chronique
Labyrinth
Unforeseen Consequences (EP)
Lire la chronique
La photo mystère du 16 Août 2024
Jouer à la Photo mystère