Un océan de douleurs. Je n'avais pas trouvé mon compte dans ce qu'avait réalisé Death Engine après
Amen – EP qui montrait un groupe aussi abrasif que désespéré, plein de promesses pour la suite. Une suite qui, justement, manquait pour moi de ces riffs joués au rasoir, cette saveur urbaine et impitoyable, à la lisière de l'indus. Me détournant de la formation pour aller voir du côté de Carne par exemple (autre groupe de noise metal avec une touche française), j'avais suivi son actualité de loin en loin, écoutant chaque nouvelle œuvre avec un goût de « pas assez » en fin de bouche.
Mais ça, c'est comme pour les yaourts : c'était avant. Death Engine s'est refondé avec
Ocean, sa tête pensante Mikaël Le Diraison s'entourant de nouveaux membres pour améliorer une formule que l'on sentait naître sur
Place Noire. La surprise est double, d'abord celle de voir les Français plonger dans un post metal aussi mélodique que rageur et surtout celle d'entendre une appropriation aussi fraîche, aussi personnelle, déjouant le jeu des filiations, commun dans ce genre enclin à l'héritage assumé jusqu'au cliché.
Exit donc les références appuyées à Breach, Cult of Luna ou
Oceanic d'Isis. L'océan est ici plus rêvé que vécu, comme une fuite qu'on appelle de ses vœux. Une tristesse à vivre encerclé de béton transpire de cet album, le post metal de Death Engine peignant un décor bleu-gris sans oublier l'humain prisonnier sur scène. Le secret d'éviter ainsi les écueils ? Non pas la recherche de l'originalité à tout prix mais celle de faire de l'émotion son centre, de créer pour dire, une chose qu'on a tendance à oublier dans cette musique d'architecte trop souvent porté sur la matière et son agencement au-delà du reste – l'essentiel. Cris et chants redeviennent alors ceux d'êtres en déroute, des moyens d'expression de sa hargne, sa déception et, en creux, de son appel à l'aide au même titre que des guitares qui appuient ou répondent avec totalitarisme aux sentiments (sacré « Hyperion » crissant et grignotant toute joie).
Il y a également ces passages entêtants, d'une beauté qui n'élève pas mais fait un peu plus plier le genou et dont je préfère garder la surprise à ceux qui ne les ont pas encore rencontrés. Sublimant son style, gardant pour lui une certaine humilité dans l'exercice qui avait fait une partie du charme de ses débuts, Death Engine me convainc de nouveau, contre toute attente. Certes, il a quelques baisses, notamment dans un ventre mou contenant tout de même de beaux instants (le début de « Mess », plus classique par la suite) mais surtout des highlights (les froides « Pulled Down » et « Dying Alone » ; le final « Empire » accentuant chaque élément présent sur l’album).
Ocean signe avant tout un retour à mes premiers amours, ceux d'un post metal qui était alors la bande originale d'une vie au sein d'un bitume présent jusque dans ma tête. Death Engine me laisse ici croire que rien n'a changé en moi de ce côté-là. En fait, c'est même pire aujourd'hui qu'hier.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo