Au premier abord, ce premier album de Death Engine est une déception. « Forcément » ai-je envie de dire car après une mise en bouche aussi riche en promesses que
Amen, il ne pouvait en être autrement : par ses milles voies empruntées sans paraître y toucher, cet EP laissait imaginer un futur album destructeur, définitif, volant haut au-dessus des catégories et des autres groupes à la violence jamais entendue depuis une semaine, jusqu'à la suivante.
Avec
Mud, Death Engine montre qu'il n'est pas celui que j'imaginais – ce qui n'est pas tout à fait la même chose qu'une déception, à bien y penser. Non, les Lorientais ne sont pas le prochain palier d'un hardcore qui n'en finit plus d'évoluer, quitte à donner un étrange sentiment général de stagnation dans ses copulations avec le black metal, l'industriel ou que sais-je encore. À la place, les ferrailleurs ont fait ici un disque... de hardcore, simplement, touche-à-tout, évidemment, mais qui garde le propos bien cadré et poussé à l'extrême : celui de n'expérimenter que quand cela permet d'aller au bout de son discours.
Et ce discours peut se résumer à une tristesse bouillante, allant du screamo pissant le sang jusqu'à atteindre le teint blafard de la cold wave – impossible de ne pas penser au
premier EP de Celeste ou à la
demo de Tombs sur « Still » et ses leads grises, brumeuses – à des rappels à la scène noise française, celle teintée d'industrie craquant le paysage de sa rouille, type Membrane, Kill The Thrill ou Dirge. Des références pas si communes que
Mud, à la manière de son grand-frère
Amen, ne fait qu'effleurer, dans une orgie qui ne se perd jamais et reste constamment hardcore.
Un disque de fanatique des musiques au sens large mais qui fait ses clins d’œil avec hauteur – à ce sujet, Death Engine serait un jeu de mot caché sur Death In June que ça ne m'étonnerait pas ! –, comme de bons moyens à s'oublier, soit dans la violence de matraquages inattendus (les débuts de « Organs » et « Entertain »), soit dans des ritournelles qui ne finissent plus de chercher la transe où se consoler (le dernier morceau « Negative » et son riff répétitif et brouillon qui rappellera aux amateurs l'album
Forgotten Legends de Drudkh), cela avec toujours un sentiment de proximité, de douleur évacuée à quelques mètres de soi qui évoquera à ceux ayant pu les voir en concert cette intensité qu'a la formation sur les planches. Bien éduqués mais pas polis pour autant, les Lorientais se montrent d'une abrasivité constante, sans chercher à rendre copie parfaite dans leurs pas de côté, plutôt à marquer au fer en toutes circonstances.
En résumé, si les attentes étaient hautes et ne sont pas tout à fait satisfaites avec
Mud, il n'y a pas de quoi faire la fine bouche ici. Certes parfois trop lisible dans ses évocations d'autres formations, parfois frôlant l'absurde à certains moments (à la manière de ce batteur se croyant chez Neurosis lors de passages tribaux arrivant sans que l'on sache pourquoi), Death Engine montre une nouvelle fois qu'on peut compter sur lui pour sortir dans le futur une tuerie inoubliable – promesse laissée à plus tard ici, mais se profilant non moins dans ces quarante minutes – et faire le lien entre la liberté de la scène hardcore française des années 90 et celle retrouvée des années 2010 où, de nouveau, les carcans éclatent au rythme d'une agression soutenue. Time is a flat circle, comme a dit l'autre.
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