Chronique
Mondkopf Hadès
Vu la teneur de la musique de Mondkopf, je me suis demandé de nombreuses fois si elle avait sa place sur Thrashocore. Même si j'ai conscience qu'on pourrait râler sur le fait que je fais – encore - des entorses à la ligne éditoriale, « Hades » est Metal, c'est évident. Tout dans ce disque rappelle le Doom, le Sludge, le Drone et le Post-Core. Que ce soit par ces basses sur-saturées et par ces petites guitares synthétisées et mélodiques en arrière plan, le français à la mèche, au T-Shirts Eyehategod et aux machines démentes peut facilement écraser un grand nombre de groupes en terme de lourdeur et de puissance.
Axé sur des rythmes électroniques simples (mais travaillées), des basses dantesques et quelques nappes plus discrètes servant à faire décoller l'ensemble, « Hadès » n'a pas de prétention autres que de faire trembler les murs, du moins pourrait-on le croire... Contemplatif à l’extrême – peut-être même un poil trop au début – le disque dépeint un sol brut, âpre et brûlant. Le feu, les enfers, tout ça. Finalement, à l'exception de quelques rythmes (« Immolate »), il n'y a pas vraiment d'aspect électronique prononcé dans cette production, tant le tout paraît organique et distordu, comme si le son jonglait avec des vortex. Ici, la machine n'est qu'un moyen d'aller dans le cœur de l'émotion et donc, dans la chair. On frôle parfois le drone avec de longues résonances, notamment sur les interludes « Hadès I », « Hadès II » et « Hadès III ».
Un soupçon d'Industriel aussi, toujours sur « Immolate » qui est très certainement le titre le plus « dansant » du disque. Pour le reste, tout n'est que lenteur et bruitisme paradoxalement très souvent mélodieux. Le disque, notamment sur son titre d'ouverture, peut se voir comme un Doom technologique et modernisé, reprenant au Metal non seulement ses thèmes habituels mais aussi son extrémisme musical. Quand au côté électronique, il lui emprunte sa sobriété visuelle (la pochette par exemple) et sa rythmique martiale, binaire et puissante, un peu à la manière d'un C.R.O.W.N. Le tout apporte comme résultat un opéra violent dans un univers de science-fiction méticuleusement conçu pour rester flou. L'ange déchu doit être bien fier, tant les compositions reflètent cette appellation : l'ange, beau et pur déchu par sa laideur poisseuse et par son exil forcé et terriblement éloigné.
« Hadès » séduira a coup sûr nombre d'amateurs de gras, de saturations et de basses au taquet, j'en mets ma main à couper. Mais il saura aussi se faire une place à long terme dans le cœur des amateurs d'émotions et de voyages. Avec son ambiance, Paul Régimbeau propose une vision actualisée de la thématique Satanique. Un Satan transporté quelque part dans le système solaire. Un Satan chaud, démoniaque, biblique (les trompettes sur les interludes) et suffocant au plus haut point. L'étouffement par la vibration. Ces sifflements lointains et dérangeants, présents dans « Absences », offrent à la musique ses seules étincelles de lumière et transposent parfaitement cet éloignement. On le sent, ces compositions ont fait un voyage long et pénible pour arriver jusqu'à nos tympans.
Mondkopf écrase, détruit et rend l'âme aussi poussiéreuse et sablonneuse que le sol martien. Une dilatation des notes en expansion perpétuelle qu'elle finit par assommer l'auditeur. Ce dernier, après l'écoute du disque n'en gardera qu'un souvenir de distorsions rugueuses et de brutalité permanente. J'en conviens : l'écoute peut s'avérer légèrement ennuyeuse si l'on est pas patient. Dans une telle œuvre, la persévérance et l'attention sont de mise pour se laisser emporter par cette ambiance subtile, fine et remarquablement fignolée. L'apocalypse sera au rendez-vous pour celui qui se fera happer, il suffit d'ailleurs d'écouter « The Stars Are Falling » et son caractère guerrier pour s'en convaincre. Une Terre si promise mais pourtant si abîmée, si usée et si désespérée qu'elle en devient mythique, une fois vaincue par les radiations et les grésillements. La belle demoiselle meurtrie par les astéroïdes la percutant.
Alors chers amis, je l'assume, « Hadès » est un disque de Doom, de Drone et de Sludge plus que d'autres choses. Laissez-vous tenter et vous verrez. Une bizarrerie dans laquelle, nous verrons tous beaucoup de Metal. Ou au moins du Fer à l'état solide.
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