And So I Watch You From Afar - And So I Watch You From Afar
Chronique
And So I Watch You From Afar And So I Watch You From Afar
And So I Watch You From Afar a été plus qu'un simple vent de fraîcheur. Si on veut être honnête, on ne pourra que louer l'incroyable puissance des titres qui composent ce premier opus daté de 2009. Le quatuor originaire d'Irlande du Nord aura avec cette première livraison éponyme gagné des galons plus que mérités dans le monde du Math-rock et du Post-rock. Justement là ou ces styles ont pour habitude de se fondre et de contempler, ils trouvent dans ce disque une nouvelle lecture, véritable signature reconnaissable entre mille.
En premier lieu, il convient de remarquer l'aspect frontal qui caractérise bon nombre de passages. Rien que sur le premier titre, on est frappés par cette pulvérisation en règle, vraiment peu habituelle pour un groupe de ce genre. « Set Guitars To Kill », en plus de porter son nom d'une manière adéquat est un esthétisme de la violence par la beauté. On pourrait comparer ce morceau au parcours initiatique des deux héros de « The World Is Mine », l’œuvre phare d'Hideki Arai. Là où l'ambiance démarre par une violence simple, pure et tout simplement frappante, la progression amène petit à petit vers cette mise en profondeur, en beauté et en abîme de l'émotion. Un choix vraiment novateur là ou bon nombre de formations qui pratiquent ces styles se contentent d'offrir en introduction une longue envolée teintée de post-rock. La facilité, voilà le piège qu'évite directement And So I Watch You From Afar.
La valse profonde, chaotique et métissée de sentiments en tout genre continue ainsi de plus belle au travers de ces titres tous plus surprenants les uns que les autres ( Diable, quel riff avide de puissance dans « Clench Fists, Grit Teeths... GO ! »). La petite bande est si talentueuse qu'elle semble livrer ce qu'elle veut sans aucun problème. Funambules musicaux, les guitaristes semblent varier au gré de leurs envies et de leur feeling les ambiances présentes dans l'album. Titubant dangereusement entre plan farfelus, pures décharges de planant post-rock et riffing bulldozer pouvant faire trembler nombre de groupes de Metal/Hardcore, les insulaires ont la maîtrise de tout leur art, comme s'ils contrôlaient entre leurs mains une petite planète toute entière.
Mais And So I Watch You From Afar n'est pas qu'un monstre de technique et si l'on est béat à l'écoute de cette première sortie, c'est surtout par l'intensité démentielle que propose les compositions. Le groupe a compris que la technique n'est pas l'émotion et qu'elle ne sera toujours qu'un des chemins qui permettra d'y parvenir. Les notes agencées, parfois avec la lourdeur d'une tonne de plomb, parfois avec l'agilité d'un écureuil bondissant de branche en branche, peuvent permettre de varier les registres, au point que l'auditeur se retrouver projeté comme s'imbriquant sans fin dans des toiles de peintures diverses s'enchaînant à toute allure.
Un imaginaire si fort et si bien retranscrit dans les titres des morceaux, offrant une expression ou une phrase reflétant parfaitement l'ambiance présente. Le fabuleux « I Capture Castles » ou l'on s'imagine au milieu du titre, naviguant dans les cieux sur un vaisseau steampunk à la recherche de Laputa ou sur des mers turquoises, humant la brise marine violente mais tellement belle. Chaque mélodie propose un voyage riche et mécanique qui fera office d'engrenage avec le suivant. « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage » serait-on tenter de lâcher à la fin de la galette... On n’omettra pas non plus de mentionner cette rage d'adolescents en colère contre leur pays et leur situation. Contestataire sans être politisé, la groupe créé juste des hymnes pour une génération et des événements (l'explicite « TheseRIOTSareJUSTtheBEGINNING »). Un brin provocateur – le fameux fighting-spirit-so-Irish probablement - dans le monde très gentil du math-rock (« Dont waste time doing things you hate ») tout en conservant une innocence et une douceur très sucrée : le succès musical provient en partie du fond intellectuel qui galvanise les membres.
Ce disque éponyme n'est pas un « must-have » pour les amateurs de Math-rock, ni pour les lecteurs de Thrashocore. C'est un must-have pour quiconque se réclamant d'aimer et de connaître la musique. And So I Watch You From Afar est une valeur sûre du genre et c'est cet album qui représente la genèse du groupe, toujours aussi présente aujourd'hui.
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