And So I Watch You From Afar - All Hail Bright Futures
Chronique
And So I Watch You From Afar All Hail Bright Futures
Comment résumer facilement And So I Watch You From Afar ? Simplement, je dirais que la formation nord-irlandaise est un cocktail. Un cocktail servi bien frais, relativement sucré sans manquer de piquant. On pourrait associer des tas d'ingrédients à la recette du combo. La technicité assumée d'un Sleeping People, la virulence chaotique et inattendue d'un Converge ou encore la douce négligence volontairement adolescente d'un Torche. D'ailleurs, il suffit de lire le titre de l'album pour savoir finalement quoi en penser. « All Hail Bright Futures » est une joyeuse communion propagée par des papes cools et un peu allumés. Oscillant entre une bonne humeur finalement pas si creuse que ça et des accès de grand n'importe quoi parfois ayant de quoi faire rougir bon nombre de groupes estampillés Metal au sens large.
Si l'album éponyme et son inoubliable « Set Guitars To Kill » avait déjà mis le feu au poudre en prouvant que la petite troupe était décidément un groupe à suivre sous peine de manquer quelque chose, ce dernier opus apporte lui une nouvelle lecture aux compositions savamment retravaillées. La ou on se contentait de balancer un mix entre purée des grands jours et ambiance planante, on a désormais réussi à faire une sauce qui peut lier tout ce foutoir musical. En effet, comment rendre fluide des titres qui piochent aussi bien dans le punchy que dans des influences tropicales ? Dis comme ça, c'est sûr que ce n'est pas évident et c'est bien la dessus que nos petits gars ont bossés. Plus de transitions donc et de passages en nuances pour mieux contrebalancer entre les différents genres abordés. On pourrait même dire qu'il y a tellement de fluidité que l'album semble être un seul morceau.
Brillante fluidification à tel point que la sympathique et douceâtre introduction qu'est « Eunoia » nous conduit dans une limousine jusqu'à l'énormissime « Big Thinks Do Remarkable » au groove de basse dantesque. Et c'est incontestablement sur ce premier titre qu'on prend une claque là où (au stade de l'introduction) on ne pensait encore qu'And So I Watch You From Afar était un groupe d'ambiance. La production massive, les mélodies étudiées, les accès de double pédale et les chants collégiaux nous arrivent tour à tour dans la tronche sans que l'on comprenne un millième de ce qui se passe. On y est, vous êtes dans le bateau direction Belfast pour un Bloody Sunday où le temps s'annonce radieux, radical et irradié. Voire tout en même temps. À partir de maintenant, « All Hail Bright Futures » vous offrira gracieusement dix seconde de répit entre chaque titre. Excepté ce petit laps de temps destiné à vous ramener sur terre quelques secondes, le groupe empilera les couches et les digressions toutes plus fantasmagoriques les unes que les autres. Il y aura plus d'or qu'à Fort Knox et plus d'arc-en-ciels qu'à la Gay Pride. Et ça va grave balancer, moi je vous le dit.
« Ambulance ! » par exemple sortira des riffs plus incroyable les uns que les autres. La trilogie « The Stay Golden » vous permettra une longue ascension vers les cieux tropicaux où les hommes peuvent voler. Enfin « Young Brave Minds » reprendra les décharges de basses électrifiantes et vous achèvera dans un ultime instant de plénitude céleste. Les coups de maillets que vous prendrez sur la tête transformerons inexorablement les trente-six chandelles en Supernova diaboliques et étincelantes. Comme la théorie des multivers ou les add-on des Sims 3, And So I Watch You From Afar a cette capacité : celle d'être nombreux tout en étant un. Envisageant des possibilités et les unifiant en un seul ressenti, c'est sûrement ça que signifie le fait de saluer tous les futurs. Autant de futurs alternatifs réunis en un seul aboutissement : l'émotion.
Chacun pourra voir dans ce disque l'émotion qu'il voudra y voir et elle y sera représentée dans toute sa complexité, celle qui fait douter l'homme depuis la nuit des temps. Sous couvert d'un aspect et de propos volontairement déconneurs et décomplexés (cf : « Ka Ba Ta Bo Da Ka » du nom des onomatopées qui forment le rythme de la piste...), la clique nord-irlandaise touche bien plus en profondeur qu'on aurait pu le croire. Là où certains groupes de post-rock ont le besoin de devoir poser une ambiance pendant trois minutes pour arriver à faire décoller la navette, And So I Watch You From Afar à la puissance d'Ariane 5 et opère son envolée en dix secondes. Les vents ascendants balayent littéralement l'auditeur qui se trouve embarqué bien malgré lui dans cette aventure en Technicolor. On passera aussi rapidement sur la variété assez impressionnante des instruments qui vont de la trompette aux effets électroniques en passant par un Steel Drum. Croyez-le ou non, mais chacun de ces petits ajouts n'est pas vain et enfonce encore un peu plus le clou qui était déjà bien ambiancé auparavant. Il y a tellement de substance dans ce disque qu'on pourra l'écouter des centaines de fois avant de le vider entièrement. Pas si cher pour un tel voyage.
« All Hail Bright Futures » est définitivement un de ces O.V.N.I qu'il faut écouter en se laissant aller et sans trop chercher à comprendre, tout du moins à la première écoute. L'album est à vivre comme l'on vit un rêve et se laissant guider, porter et surprendre par les compositions. En se laissant noyer dans les couches multiples du terreau fertile des musiciens.
« The sun is in our eyes »
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