Stutthof - And Cosmos From Ashes To Dust
Chronique
Stutthof And Cosmos From Ashes To Dust
« La Neuvième Porte ». Mais si, enfin, le film ou Johnny Depp est sexy. Comment ça tous ? Celui où il est bibliothécaire alors ? Réalisé par un franco-polonais un peu louche... Avec Satan et des vieux bouts de papiers... Et à la fin, il couche avec une fille étrange ! Ah voilà, ça y est lecteur tu situes ! Je t'ai spoilé la fin... Je suis vilain hein. Bah ouais, dur la vie, en plus je parle de Black Metal aujourd'hui, ça me donne tout les droits d'être vilain...
Stutthof, c'est le trio grec qui plus tard deviendra Acherontas et s'orientera dans un Black un poil plus torturé d'excellente qualité. Mais avant cela, il y a eu un premier disque d'une qualité plutôt médiocre et surtout « And Cosmos From Ashes To Dust », monstrueux ouvrage dédié à la toute puissance magique, aux vampires et à « La Neuvième Porte » au vu des interludes qui reprennent la bande originale du film de Polanski. Néanmoins, ce deuxième et dernier full-lenght des grecs est fortement sous-estimé, pour ne pas dire carrément ignoré ou inconnu du public Black. D'ailleurs je n'arrive pas à me l'expliquer tant il dame le pion à une grande quantité de sorties estampillées True Black des années 2000 en terme de construction et de composition musicale.
Incroyablement dense et riche musicalement, cet essai est méthodiquement imparable. Tout ce qu'on l'a aimé chez Sargeist, Horna ou encore chez leurs ancêtres du Concilium et de Bekhira est ici servi avec une beauté encore plus frappante. Imaginez le groupe que vous trouvez le plus « beau », le plus touchant et le plus apte à vous faire pleurer dans le genre. Sachez ensuite que le premier titre « Wampyric Metamorphosis » va pulvériser le groupe que vous aurez choisi en terme d'émotions. Lecteurs et lectrices, ce titre qui déboule sournoisement après une introduction de quelques minutes est ce qui se fait de mieux en terme de riffs mélodiques et superposés. C'est incroyable, ça vous mets à genoux tout de suite : même si la recette n'est pas neuve, elle est ici poussée à son paroxysme. Et quand on croit arriver à la fin du titre (vers cinq minutes, lorsque survient une petite accalmie en guitare claire), il repart avec encore plus de force et de puissance. Les couches s'empilent et les glandes lacrymales s'humidifient. Le cœur au bord des yeux.
Après ça (et je vous jure que ce titre est a inscrire au panthéon de la musique...), on pourrait aisément penser que le skeud va se casser la gueule et retomber comme un vulgaire soufflé tellement ils sont courants, ces disques qui donnent tout sur la première chanson. Que nenni l'ami : Stutthof continue à dérouler avec une facilité enfantine des mélodies imparables et susurrant à l'oreille la nature envoûtante de la tentation. On enchaîne d'ailleurs avec un « Κερασφόρος Σελήνη » qui se fait pesant au possible sur sa première partie avant de repartir avec un riff poignant et d'enchaîner sur un dantesque mid-tempo. Vas-y que je te refais le coup de la larmichette une seconde fois à trois minutes d'intervalle. Cette œuvre attaque sans une once de pitié à grand coups de glaives les pupilles humidifiés et ce dès la première insertion du disque dans le lecteur.
« And Cosmos From Ashes To Dust » malgré sa sortie en 2004 est un album résolument nineties. Le feeling qu'il propose, les sonorités développées (par exemple, cette cloche de cymbale Ride très en avant) : tout rappelle ici le Black Metal original. On sent le vibrant hommage de Monsieur Acherontas à ses aînés et on peut dire qu'il les a vraiment respectés en leur offrant un disque aussi riche. Se lasser de l'album est quasiment impossible tant les compositions suintent la sincérité, la dévotion et la puissance. Les nostalgiques des grands classiques du Black scandinave sauront ici retrouver un hériter sachant perpétuer avec classe et honneur les racines du style originel.
Véritable tsunami d'émotions, d'occultisme et de frissons dans la colonne vertébrale, ce qu'il y a de plus remarquable dans cette sortie, c'est que cela ne s'arrête jamais. Alors que pourtant, le trio a le culot de nous placer en plein milieu un « Crossing the 9th Gate to the Kingdom Of Shadow » de vingt minutes. Vingt minutes de lenteur poisseuse, sale et terriblement possédée. C'est d'ailleurs sur ce titre en particulier que l'on peut commencer à entrevoir le futur du combo sous le nom d'Acherontas, notamment via les dissonances qui se font présentes sur ce titre. Pesant, ce morceau fleuve est l'épreuve grandiose et grandiloquente (finalement bien ancrée dans les mythes grecs) qui articule l'album dans sa globalité.
« And Cosmos From Ashes To Dust » est un classique qui a le bon goût de ne pas vieillir, puisqu'il semble ancré dans une époque floue rappelant les heures les plus underground du Black Metal. La production, assurément impossible à dater même avec l'aide du carbone 14 n'est pas sans rappeler dans la démarche des groupes comme Electric Wizard qui semblent porter un soin tout particulier à se fondre dans une époque incertaine. La longueur de certaines pièces peut assurément faire peur, j'en conviens mais laissez-vous tenter, je vous parie que vous serez satisfaits.
NDLR : La version chroniquée ici contient un deuxième CD qui regroupe différentes démos et splits de la formation. Bien que sympathiques, ces titres ne sont pas fondamentalement parmi les meilleurs du combo. Je n'ai donc pas jugé bon d'en parler outre-mesure vu qu'ils ne font pas partie de l'album original.
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