Force Of Darkness - Absolute Verb Of Chaos And Darkness

Force Of Darkness fait partie de ces nombreuses, et souvent mésestimées, formations sud-américaines qui écument l'underground depuis maintenant un paquet d'années. Originaire du Chili, le groupe voit le jour en 2002 sous la forme d'un trio composé par Nabucodonosor III (aussi membre de Hades Archer et ex-Impure Possession), Seb Armageddon et Necrohell (ex-Ammit). Avec une discographie déjà particulièrement conséquente (deux démos, deux splits, deux albums plus quelques rééditions/compilations), le groupe comble aujourd'hui sa longue absence (presque quatre ans depuis la sortie du sauvage Darkness Revelation) avec l'arrivée d'un EP intitulé Absolute Verb Of Chaos And Darkness. Sorti initialement en vinyle via Iron Pegasus Records, le disque vient de se faire offrir un pressage CD grâce au travail du label Hell's Headbangers Records. L'occasion pour moi de le chroniquer.

Sans ambiguïté, la musique de Force Of Darkness s'inscrit dans un registre qui semble tout à fait évident, celui d'un Black/Thrash bestial et sans concessions. Ce qui n'est pas une surprise pour un groupe originaire du Chili puisque la scène sud-américaine est probablement l'une des plus prolifiques et efficaces en la matière. Une immersion également balisée dès la prise en main de l'objet par un artwork tout à fait réussi que l'on doit à Daniel Corcuera aka Daniel Desecrator (Blaspherian, Cruciamentum, Cryptborn, Diocletian, Unaussprechlichen Kulten...) et un champ lexical sans équivoque ("darkness", "revenge", "chaos", obscurity"...).

Cependant, je dois bien admettre que j'attendais davantage de ce Absolute Verb Of Chaos And Darkness finalement assez décevant dans l'ensemble. La faute à une qualité de riff plutôt moyenne et au caractère extrêmement répétitif de chacune de ces cinq compositions. De ces riffs simples et primitifs, il y a en effet peu de chose à retenir. Le jeu de Seb Armageddon manque ici d'inspiration et n'offre pas suffisamment de variété pour espérer convaincre. Il y a bien quelques passages plus efficaces que d'autres comme sur "Thy Mystical Vibration" à 0:38, les premières mesures de "Creations From Obscurity" ainsi que quelques soli bien foutraques ici et là ("Thy Mystical Vibration" à 1:17, "Creations From Obscurity" à 2:12, "Abraxas Revenge" à 2:37) mais dans l'ensemble on peine à éprouver un réel intérêt pour ces riffs qui semblent avoir été joués des dizaines et des dizaines de fois auparavant ("Abraxas Revenge" est probablement l'exemple le plus parlant de ce EP).

Dommage car Absolute Verb Of Chaos And Darkness ne manque pas d'atout à commencer par une section rythmique incroyablement bestiale. Necrohell, en batteur tentaculaire et volontaire, attaque ici de tous les côtés à grand renfort de blasts cradingues appuyés par de nombreuses attaques sur les cymbales pour renforcer encore davantage le caractère déjà particulièrement primitif et intense, voir presque bancal, de ce Black/Thrash sans compromis. Même lorsque le bonhomme ralenti le tempo au profit de séquences mid-tempo c'est pour le faire avec un sens du groove non dissimulé. Et puis il y cette basse qui, si elle manque peut-être un peu de rondeur, à au moins le mérite d'être présente et d'apporter un sérieux coup de fouet à l'ensemble lors de ces multiples assauts. Il faut enfin compter sur le chant efficace bien qu'assez classique et sans relief d'un Nabucodonosor III qui n'hésite pas à grimper brièvement dans les aigus le temps d'un cri à la Tom Araya circa 80/90 ("Thy Mystical Vibration" à 3:36, "Kliphotic Procreation à 2:34). L'ensemble concourt naturellement à la mise en place d'une atmosphère sale, foutraque et blasphématoire. Mais là encore, rien de surprenant pour un disque de Black/Thrash sud-américain.

C'est donc un sentiment de déception qui pointe à l'écoute de Absolute Verb Of Chaos And Darkness. Un sentiment que l'on doit en grande partie à une qualité de riff plutôt quelconque qui rend la musique du groupe presque anecdotique. En manque d'inspiration évident, Force Of Darkness n'arrive malheureusement pas à donner envie de réécouter ce court EP qui possède pourtant quelques bons moments. Tants pis, cela me fera faire quelques économies et surtout gagner un peu de place sur mes étagères. En attendant, je me languis d'un retour aux affaires de leurs compatriotes de Perversor qui eux n'ont pas intérêt à me décevoir!

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