Phuture Doom - Phuture Doom
Chronique
Phuture Doom Phuture Doom
Je reproche assez souvent au Black Industriel d'être peu moderne. Un comble si l'on y pense puisque seulement quelques formations (Pavillon Rouge ou Blacklodge, par exemple) semblent profiter des avancées techniques en matière de musique électronique pour faire progresser le genre et le faire entrer dans le vingt-et-unième siècle. Et si on allait chercher du côté des mecs qui font de l'électro mais à qui le Metal extrême - et plus précisément le Black Metal dans le cas du jour - n'est pas étranger ? J'avais parlé de Mondkopf il y a peu et de son album résolument doom dans ses distorsions indubitablement influencé par le Metal extrême. Par ailleurs, on pourrait aussi citer la vague Rétrowave avec Lazerhawk, Perturbator ou autres Carpenter Brut ayant plutôt la côte chez les amateurs de Metal. Cependant aujourd'hui c'est au tour de Phuture Doom et de sa Blackened Brostep de passer à la casserole Thrashocore. Non, non, vous avez bien lu... Là, il y a deux possibilités : soit cette définition vous a donné la banane des grands jours et cette chronique est pour vous. Soit, vous considérez ça comme une hérésie et je vous encourage franchement à ne pas lire la suite en sachant pertinemment que ce n'est pas cette chronique qui vous fera changer d'avis.
Bon de là à dire que c'est du Black Metal, il ne faudrait pas non plus pousser mémé dans les orties puisque l'influence Black Metal reste une variable subtilement distillée dans l'ambiance (Son de cloches, titres des morceaux, chœurs et ambiances ritualistes...) mais aussi dans quelques Blast-Beats + Riffs en adéquation crées par le groupe. On citera le début de « Black Acid Reign », de « Phuneral Phuture » ou encore la quarantième seconde de « Burn The Knowledge » pour vous donner des exemples. On peut également ajouter une esthétique qui ne démériterait pas sur un groupe de Black Metal pur et dur.. Le rendu final donne une ambiance vraiment occulte qui permet au groupe de se démarquer de la masse Dubstep/Brostep. Vous avez peut-être déjà cherché « Metal + Dubstep » sur Youtube pour vous marrer et vous avez effectivement piqué une crise de rire en écoutant les premiers liens. Phuture Doom est la version efficace et réussie de ce cocktail souvent très mauvais même si dans le cas présent, la groupe incorpore à sa musique d'autres sources tels que le Drum'n'Bass, le Hardcore ou encore le Big-Beat.
Les idées, c'est bien – et dans le cas présent, ça mériterait presque une statue au centre-ville pour la postérité – mais musicalement, ça vaut quoi ? Dès l'introduction « La Grande Messe Noire », l'ambiance est posée. Phuture Doom sera sombre ou ne sera pas. Du grégorien en boucle, quelques infrabasses résonantes et une lichette d'orgues et de percussions martiales : il n'en faut pas plus pour se laisser prendre au jeu des américains. Déboulent ensuite une horde de titres catchy, énervés et plutôt convaincants parmi lesquels le clipé « Burn The Knowledge » et le carrément cool « Black Acid Reign ». Les riffs sonnent Black comme il faut et on se retrouve avec un arrière-goût de Varg Vikernes jouant son propre rôle dans Skins. De quoi envoyer largement assez d'énergie pour captiver le chaland et lui donner envie de frapper dans le mur ou de comater sur son canapé (tout dépend de son état). Écoutez le break électro-jumpy de « Black Acid Reign » et dites-moi que ça ne marche pas... Si vous êtes plutôt du genre posés alors vous trouverez sûrement votre bonheur dans les titres les plus calmes du groupes comme ce « Rites » à l'ambiance nébuleuse et spatiale ou l'épique, processionnel et cuirassé « Exodus ».
Quelques petites incartades hors des sphères de prédilection du combo sont à déceler notamment sur « Doom Terror Corps », hybride du Master Of Ceremony américain et du Speedcore plutôt jouissif bien qu'un peu répétitif. « Phuture Doom » galvanise son auditeur, le propulsant dans un déluge de rayons lasers fluorescents et dans une parade de secte 2.0. Sans aucun doute, un titre comme « Han Breaks » avec son Drop basique mais efficace, son passage aux sonorités vintage (qu'on croiraient sorties du premier disque de Prodigy) et ses samples ethniques affectera durablement la teinte de votre Psycho-Pass. Si on devait reprocher tout de même quelque chose à cet album, ce serait sans conteste sa répétitivité, la formation piochant tranquillement dans les canons du Big-Beat et faisant tourner ses gimmicks de manière un peu abusive. Un gros drop, une accalmie, une reprise du drop, une accalmie et ainsi va la vie... La recette marche très bien et c'est sûrement ce qui pousse les DJ a appliquer la même formule parfois avec un sentiment flagrant d'excès. Cependant le tout donne tellement envie de sauter partout qu'on leur pardonne volontiers cet écart de facilité.
« Phuture Doom » est certainement un peu putassier à y regarder de plus près mais je serais tenté de dire qu'on en a strictement rien à foutre parce que quoiqu'on en dise un disque aussi abrupt et décoiffant ne fait jamais de mal dans les oreilles de celui qui l'écoute. Le petite troupe fera plaisir aux amateurs de nouveautés mais aussi à quelques anciens qui prendront du plaisir à y repérer quelques références au mouvements musicaux électroniques des années quatre-vingt-dix. Un éclair musicale rafraîchissant et franchement appréciable, en somme.
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