Pianos Become The Teeth - The Lack Long After
Chronique
Pianos Become The Teeth The Lack Long After
Des groupes qui chantent faux j'en connais un bon listing. Et moi j'aime bien ça. On est pas chez The Voice ici, on peut chanter faux c'est cool, c'est punk, ça fait chier les vieux, Garou ne se retourne pas et c'est plutôt bon signe. Et je dois dire que pour le coup Pianos Become The Teeth remporte haut-la-main la palme du groupe chantant de la manière la plus affreuse qui soit. Il suffira de cliquer sur le premier titre en écoute intitulé « I'll Be Damned » à droite pour vous en rendre compte. C'est tout bonnement affreux et à la première écoute, ça donne méchamment des boutons avant de finalement devenir charmant, voire attendrissant. Et puis tout de même, écouter « The Lack Long After » c'est arracher son petit cœur de sa poitrine et le tendre vers le ciel. Ah, ça, ça donne envie, pas vrai ?
Pianos Become The Teeth, c'est « The Wave », le collectif américain qui s'est donné pour but de faire revivre le screamo en piochant dans les pontes américains du genre mais aussi dans quelques influences franco-italiennes et aussi un poil dans le post-rock. Parmi ce collectif, on trouve notamment La Dispute et Touché Amoré dont j'ai déjà parlé ici. De là à dire que c'est le truc qui explose aux U.S., il n'y a qu'un pas, cependant je n'habite pas à Los Angeles alors je ne le franchirais pas de peur d'avoir comme commentaire un américain indigné me disant qu'en tant que français je ferais mieux de me taire. Bref, ce qui est sûr c'est que ce petite troupe menée par la locomotive La Dispute commence à faire du bruit puisque les groupes qui représentent cette mouvance nouvelle ne cessent d'augmenter en popularité en signant notamment sur des labels reconnus (Deathwish, No Sleep ou encore Epitaph pour nos concernés du jour).
« The Lack Long After » est sans doute un screamo qui décevra un peu les amateurs des groupes plus anciens, Orchid et Pg.99 en tête. Il faut dire que cette version plus moderne est plus policée, plus émo oserais-je dire, notamment grâce à ses guitares distordues certes mais également grâce au grain métallique qui surgit lors des passages en clean rendant le tout plutôt proche du rock-garage. En somme, moins de violence et un son plus puissant auquel on aurait ôté l'aspect abrasif et DIY. L'avantage de cette histoire, c'est que le groupe se permet quelques jeux sonores parfois du meilleur effet (le final de « Shared Bodies »). On remarquera aussi que le son a largement assez de puissance pour faire son effet à fort volume, or on n'écoute pas ce genre de groupes dans une boîte à sourdine. Pas moi, en tout cas et cette production sublime vraiment les riffs cristallins servis dans les compositions. En bref, ça ne tape plus vraiment mais ce n'est pas handicapant puisque ce qui est dérangeant est ailleurs.
Finalement, c'est dans la richesse spécifique de ce fameux chant que Pianos Become The Teeth se démarque, proposant à sa manière une nouvelle façon pour aborder la tension. La sensation d'être toujours ballotté entre justesse et fausseté provoque immédiatement un sentiment d'urgence. D'abord déroutant et même rebutant aux premières écoutes, les parties vocales finissent par devenir la raison pour laquelle on aime ce disque. « Good Times » est une bonne illustration de ce fait : titre assez détestable aux premières écoutes, il finit par finalement s'avérer comme l'un des plus réussi de l'opus. Néanmoins, au niveau des réussites, on n'oubliera pas non plus cet excellent « Sunsetting » qui porte très bien son nom, souligné en musique par un léger solo réverbéré me faisant un tantinet penser à celui de Drudkh sur « The Day Will Come ». Ouais, c'est bizarre comme comparaison mais ce qui est sûr, c'est que nous sommes face à une brillante idée.
« The Lack Long After » passe sans problème l'épreuve de la durée même si en étant tout à fait honnête on l'aurait espéré un poil plus dense, le milieu du disque faisant un peu office de ventre-mou entre un départ superbe et un final très dynamique. Dommage mais on se retrouve tout de même après une dizaine d'écoute à hurler comme une andouille dans son salon essayer de pousser nos pauvre cordes vocales dans des retranchements dont elles ignorent encore l'essence. Plus que tout, l'album est l'image même du désespoir et se moque des images courantes. On peut très bien imaginer la tristesse du grand nord canadien comme celle des pirates somaliens et c'est dans cette intensité transcendant les clichés habituels du style que la formation se distingue de ses compatriotes. Les réfractaires à cette nouvelle scène américaine devraient sans conteste se pencher sur cet opus, plus rugueux que la moyenne et paradoxalement plus attirant.
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