The Contortionist - Exoplanet
Chronique
The Contortionist Exoplanet
Depuis que Free a visiblement conclu un accord commercial avec des chaînes américaines, il se trouve que j'ai National Geographic Channel et que je regarde pas mal de documentaires sur l'espace et l'univers (dont la très bonne série Cosmos, hautement recommandable sur le sujet...). Musicalement, l'espace est un sujet qui a été largement abordé par des artistes divers et variés. On citera notamment Darkspace, fier ambassadeur Black Metal du concept spatial. Sauf que voyez-vous, dans un genre totalement différent, un album a largement assez de potentiel pour figurer parmi les valeurs sûres concernant le thème. Ce disque, c'est « Exoplanet » de The Contortionist, formation américaine ayant eu l'intelligence de coupler le Deathcore Technique au Post-Metal. Oui monsieur. D'ailleurs, leur patronyme est franchement bien choisi, puisque les ambiances distillées dans cet album font preuve de plusieurs grand écarts nécessitant une grande souplesse musicale.
« Exoplanet » défonce comme rarement. Si je devais aller dans l'hyperbole je dirais que c'est le meilleur disque estampillé Deathcore des cinq dernières années. Le pire étant qu'en affirmant volontairement ce genre de choses, je n’exagère pas tant que ça. Il y a une richesse si profonde dans ce disque qu'on met plusieurs dizaines d'écoutes à cerner ne-serait-ce qu'un tantinet son concept. Technique, progressif, ambiancé, abyssal, éthéré, direct. Spatial, en somme, autant dans l'absolue violence inhérente aux matières chimiques s'entrechoquant pendant le big-bang que dans l'espoir de trouver une vie inconnue ou des paysages immaculés que nous ne pouvions même pas imaginer.
N'allez pas croire que tout ceci déborde de partout à la manière d'un Born Of Osiris et de ses claviers. Non. Ici tout est dosé avec justesse, précision et surtout avec un soin méticuleux apporté à chaque instant qui vise simplement à ne pas en faire trop. « Primal Directive » attaque gentiment et a le mérite de nous préciser une chose d'emblée : le chant clair n'est pas niais. Il est sobre, simple et se contente presque de parler quelques notes, à des années-lumières d'un résidu de Sum 41 qui pollue trop souvent le Deathcore/Metalcore. Techniquement, c'est impeccable. Assez complexe pour être surprenant mais pas non plus d'une manière abusive qui se perdrait dans la masturbation. La technique a un sens ici, elle ne déroule pas des notes pour le plaisir mais pour être au plus près de l'espace dans sa gargantuesque expansion perpétuelle. La vitesse, la violence sont ici des vecteurs émotionnels du décollage depuis la Terre. Ce lien rompu avec la gravité où l'on s'inflige la douleur de la pression physique dans le seul but de repousser les limites de l'espèce humaine, d'aller là où personne n'est encore parti.
Cette agressivité, c'est aussi une vision futuriste de la guerre : le choc de deux civilisations avancées qui se battent pour un lopin de terre spatiale (« Expire »). Une conquête si avancée que nous n'en saisissons les nuances qu'à posteriori mais qui fait aussi partie de la face la plus cruelle de la découverte : la propriété. Mais le meilleur est encore à venir puisque ce qui rend indubitablement « Exoplanet » si grand, c'est son aptitude à dépeindre des paysages célestes, des vues de l'espace où des surfaces désertes. À grand coup de passages Post-Metal sublimes, The Contortionist dépeint la vulcanologie sur Io, les lacs d'hydrocarbures de Titan, la chute perpétuelle de Phobos vers Mars... C'est les larmes aux yeux que nous observons ces atterrissages extra-terriens. « Flourish » par exemple est cette illustration artistique de la contemplation lointaine. Après un voyage mouvementé (le début du titre), on commence à apercevoir la planète au loin (sur le passage en chant clair, vers 2.00 min). Par la suite, on amorce une longue descente pendant laquelle le vaisseau perce des couches de nuages opaques et rougeoyants (de 2.30 min à 3.45 min). Au fur et à mesure de la descente, le paysage se dévoile par légères touches mélodiques, jusqu'à l'explosion (3.50 min) et la découverte d'un sol volcanique, explosif, bombardé de toutes part... Avouez, cette construction musicale est judicieuse au possible.
Ces passages Post et Progressifs font mouche à chaque fois grâce à des envolées mélodiques absolument splendides et surtout en parfait accord avec la thématique de l'album. Que ce soit sur « Vessel », sur « Oscillator » et son final dément, sur « Contact » et son thème plein d'espoir, sur l'interlude « Axiom » ou sur le début très contemplatif de « Exoplanet III : Light » : tout est juste parfait à ce niveau. C'est carrément magnifique de bout en bout, ça ne lasse jamais et on a l'envie d'y retourner à chaque fois, de s'embarquer à nouveau dans ce voyage incroyable.
Il n'y a rien à jeter dans « Exoplanet ». On touche du doigt la perfection absolue tant tout est maîtrisé, dosé, sublimé. Jusque dans les plus subtiles touches de claviers tournants, l'album est magnifié avec un savoir-faire peu commun. The Contortionist a signé avec ce premier effort un disque dont la musique se souviendra longtemps, un disque qui saura survivre aux scènes, aux modes, aux étiquettes diverses et variées. Un disque qui fera voyager son auditeur avec talent, avec justesse et avec émotions. Une œuvre monstrueuse qui dépasse l'artiste et - presque – l'humain en lui-même.
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