Voilà un retour qui ne parlera pas à grand monde. Coathanger Abortion n'est pourtant pas un inconnu sur Thrashocore puisque le premier album
Dying Breed avait été chroniqué par votre serviteur. Mais c'était en 2009 et on ne peut pas dire que l'opus était rentré dans les annales malgré des qualités indéniables et une bonne surprise au final. Je n'ai moi-même que de vagues souvenirs de ce
Dying Breed. Le combo du Tennessee, remanié aux deux cinquièmes avec l'arrivée d'un nouveau guitariste en la personne de Johny Cakes (ex-Tortured Sun, connais pas mais merci Metal Archives!) et de Ryan Coulter (Lust Of Decay, ça je connais mais merci Metal Archives quand même!) au poste de bassiste, refait donc parler de lui ce mois-ci, six ans après son premier full-length. Malgré ce long laps de temps, Comatose Music reste fidèle à la formation pour la sortie de ce
Observations Of Humanity à la pochette intrigante.
Une relecture rapide de ma chronique de
Dying Breed afin de rafraîchir ma mémoire (flemme de réécouter l'album) m'apprendra que Coathanger Abortion n'a pas varié de registre sur cette nouvelle offrande. On reste dans un brutal death d'obédience old-school fortement ancré dans la tradition américaine de la première moitié des années 1990. Toutefois, et c'est ce que j'avais le plus apprécié sur le disque précédent, le quintette varie pas mal son jeu en mélangeant plusieurs types de DM. Brutal death pour la majorité mais aussi death metal tout court, slam death, une pointe de death/grind (le début de "Media Mindsnare") voire death technique sur quelques passages aux riffs et rythmiques plus élaborés et alambiqués. On trouve même de la mélodie! Clairement, on n'a pas affaire à un énième groupe de brutal death US générique comme il en végète des centaines outre-Atlantique. Je n'irais pas jusqu'à parler d'originalité mais il ressort de
Observations Of Humanity quelque chose d'au moins un peu personnel.
Est-ce que cela fait de ce nouvel album une sortie de qualité? Pas vraiment malheureusement. Si j'avais validé
Dying Breed, j'accroche moins à
Observations Of Humanity. La faute à une moindre tolérance de ma part envers le genre brutal death dans lequel il semble de plus en plus difficile de trouver son compte, mais pas que. Car il y a vraiment à boire et à manger ici. Le très bon côtoie le passable, le moyen le mauvais, avec une prédominance du moyen, d'où la note. Les premières écoutes furent prometteuses puis ces inégalités ont fini par avoir raison de moi. Et puis il y a ce choix de production douteux. Je n'aime pas les productions hollywoodiennes mais il y a des limites. Quand on fait du brutal death, cela requiert un minimum de puissance et de clarté. Ici, c'est plutôt brouillon et en carton. Gros manque d'impact du coup, entre des guitares étouffées et une batterie qui, reléguée au fin fond du mix, n'arrive pas à s'imposer malgré pas mal de blastouilles, souvent balancées en courtes rafales. Remarquez ça accentue le côté un peu foutraque et chaotique de la musique des Américains et ça colle aussi à l'atmosphère générale d'un album qui aurait pu voir le jour en 1995 (si ce n'est ce bass drop dans l'air du temps à 1'48 sur "Forget The Past"). Autre grief, le chant. Du growl ultra guttural plat et poussif qui fait lui aussi ressortir le manque de puissance. Sur "Coathanger Abortion", on a même l'impression d'entendre du Six Feet Under et le Chris Barnes des mauvais jours! Et contrairement au jeu de guitare, les vocaux ne varie pas des masses. Pas forcément un mal cependant quand on entend ce chant arraché digne d'un groupe de metalcore de troisième zone sur "Prescription Paradise" (3'23) sorti peut-être de la gorge du batteur qui assurait pas mal de backing vocals sur le premier opus. Peu importe l'auteur en tout cas, c'est une immondice qui par chance ne dure pas longtemps et ne réapparaît pas.
Production cheap, chant poussif et rébarbatif. Voilà les gros défauts qui sautent tout de suite aux oreilles mais ne font pas forcément un mauvais album, même si avec ça, c'est déjà mal barré! Non, le principal est ailleurs, comme d'habitude dans les riffs. On en revient alors à cette histoire de montagne russe qualitative. Des bons riffs ici, il y en a. Souvent les plus travaillés (pas de mystères), quoique certaines slam parts font leur petit effet, certes neuneuïsant mais effet quand même. Le problème c'est qu'il y a aussi tout un tas de riffs et plans quelconques qui refont plonger Coathanger Abortion dans le brutal death bas de gamme sans intérêt, à l'image de ces samples introductifs très dispensables. C'est dommage et un peu frustrant car on sent le groupe capable d'autre chose.
Observations Of Humanity commençait d'ailleurs de façon correcte avec "Suffering The Weak" et "Media Mindsnare", parmi les meilleurs morceaux (ou plutôt les moins mauvais) de l'opus. Mais dès "Wading Through Existence", on s'emmerde et on décroche. Petit regain d'intérêt sur "Coathanger Abortion" malgré les relents Six Feet Under avant de replonger. Paradoxalement, seul le bref interlude acoustique "Audra Sleeps" nous réveillera par la suite. Il faut dire que les Américains ont la fâcheuse tendance de pondre des morceaux bien trop longs pour le style. Plus de cinq minutes de moyenne. Trois titres qui dépassent les sept minutes dont les deux derniers, rendant la fin de l'album interminable. À l'arrivée, on se retrouve avec un album de brutal death qui atteint presque l'heure. Indigeste! D'autant que, même si le combo essaye, ce n'est pas la panacée et l'ennuie viendra vite.
Les bons points même nombreux comme le mélange de différents style de death metal, le côté old-school 1990's US demo band, le groove omniprésent, la basse dégourdie, la blastouille, les slam parts efficaces ou les passages tech-death intéressants n'y changeront rien.
Observations Of Humanity reste un album très moyen qui ne devrait trouver son public que parmi les adorateurs de brutal death peu exigeants. Si on saluera certains efforts de diversification et de personnalisation par rapport à la masse grouillante de groupes du genre complètement génériques, le résultat s'avère décevant, pas à la la hauteur d'un potentiel qu'on semble pourtant déceler par à-coups. À une époque où les sorties inondent le marché mais où le temps ne s'allongent pas encore, il faut savoir opérer une sélection drastique. Et ce
Observations Of Humanity se révèle trop juste pour que l'on y revienne.
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