Faith No More - Sol Invictus
Chronique
Faith No More Sol Invictus
En ces temps où les tords boyaux black metal règnent en maître en ces pages, vous prendrez bien une petite (in)fusion non ? Il n’est jamais trop tard… Pourtant lorsqu’une chronique tarde à venir c’est souvent mauvais signe. Les albums géniaux (même s’ils sont rares) sont généralement assez immédiats. Lorsque l’on traine à chroniquer un album c’est soit parce que l’album nous laisse totalement indifférent, ou alors parce qu’il est tellement mauvais que la chronique vire au supplice, ou encore parce que l’on attend jusqu’au dernier moment le fameux déclic qui la plupart du temps ne vient jamais. Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui je me situe volontiers dans la troisième catégorie. Explications.
En bon métalleux trentenaire j’ai été baigné lors de mes premiers émois musicaux par la fusion du gang de San Francisco et notamment l’incontournable « Angel Dust » qui tourne encore très régulièrement par chez moi, méritant amplement le statut de ‘’culte’’ qui lui est souvent apposé. La suite ne m’a également jamais déçu, j’adore le très brut « King For A Day… Fool For A Lifetime » tout comme le plus varié « Album Of The Year ». Le split du groupe en 1998 avait évidemment été un coup dur inversement proportionnel à la joie intense qui avait accompagné l’annonce de la reformation ainsi que la tournée ‘’reunited’’ en 2009-2010 (et ce concert mémorable à Rock en Seine). On osait alors à peine espérer, à l’époque, de nouvelles compositions tant revoir la bande à Mike Patton sur scène était déjà incroyable. Mais voilà, le temps passant, l’envie revenant, le compte bancaire s’amenuisant (non non ça je ne veux pas y croire !), l’annonce d’un nouvel album filtra peu à peu avant de devenir totalement officiel. Oh putain yes ! Un nouvel album de Faith No More ! Non mais sans dec, ze panard quoi !! Naturellement, l’attente serait interminable et les espoirs placés en ce nouvel opus hauts, très hauts. Trop hauts ?
Je mets les pieds dans le plat d’entrée de jeu (même si vous l’aviez compris depuis dix lignes) : « Sol Invictus » m’a déçu. Et même si les deux ou trois extraits que le groupe nous avait laissé glaner avant la sortie accrochaient évidemment un peu plus l’oreille, mes premières écoutes furent immanquablement soldées par un grinçant « dix-huit ans pour ça… Mouaif. ». Dix titres (si l’on considère l’éponyme comme un titre en soi, je le considère plutôt comme une longue intro) et aucun vrai coup de cœur, aucun frisson ni chair de poule le long des bras, pas de petits papillons dans le bas ventre comme dirait l’autre… Bref je restais fatalement sur ma faim. « Sol Invictus » ? Une longue intro oui. « Superhero » ? Sympa d’accord mais pourquoi cette fin interminable qui vient tout gâcher ? « Sunny Side Up » ? Mignonne oui, avec son petit refrain qui serait parfait dans une pub pour des céréales ( « Démarrez la journée du bon pied avec les céréales Sunny Side Up ! Sunny Side Uuuuuuup, such a lovely way to start the daayyyyyy… »). « Separation Anxiety » ? Elle a toute sa place sur un album de b-sides oui. « Cone Of Shame » ? Ah tiens enfin il se passe un petit quelque chose ! Probablement mon titre préféré de l’album. « Rise Of The Fall » ? Totalement inutile. « Black Friday » ? Pas mal mais pas de quoi crier au chapiteau non plus. « Motherfucker » ? Atypique comme sait le faire FNM, on se contentera de ça pour remonter la deuxième moitié d’album. « Matador » ? Ok il y a une tentative pour enfin sortir un titre plus épique mais je n’accroche que très moyennement à la mélodie principale un peu dissonante. « From The Dead » ? Une outro à l’utilité fort discutable. Voilà donc à peu près le résumé de mes premiers rapports avec ce septième opus d’un groupe que j’ai jadis vénéré. Et qui aujourd’hui me vénère (oui c’est nul, je sais). Où sont donc les hits immédiats et intemporels que Faith No More avait jusqu'ici su pondre à chaque nouvelle sortie ? Quel titre ici pour rivaliser avec un « We Care A Lot », « From Out Of Nowhere », « Midlife Crisis », « The Gentle Art Of Making Enemies », « Ashes To Ashes » ? Clairement aucun.
Bon allez, bien sûr que je grossis volontairement un peu le trait (qui aime bien châtie bien), sinon autant lui coller un 3/10 et on n’en parle plus mais ça ne serait franchement pas mérité. Parce qu’au fil des écoutes, de la compréhension des titres, de l’approfondissement des compositions j’ai tout de même fini par trouver de quoi me sustenter. « Superhero » est très cool même si elle mériterait vraiment un rafraichissement d’au moins une minute trente à la fin ce qui la rendrait bien plus efficace. La fin de « Sunny Side Up » est sympa (et puis les céréales c’est bon). « Motherfucker » m’est extrêmement sympathique. « Matador » possède de bons atouts à faire valoir. Et « Cone Of Shame » remporte pour moi haut la main le titre de moment fort de l’album. Bien évidemment l’exécution est parfaite (qui aurait pu en douter ?), quel plaisir de retrouver la basse élégante de Billy Gould et la finesse de Mike Bordin. Les petits arrangements sont impeccables de même que la prestation de Roddy Bottum dont les claviers tapissent à merveille la plupart des compos. Et bien évidemment Mike Patton est encore en 2015 ce qui se rapproche le plus de la perfection lorsqu’on parle de vocaliste (oui j’ose le dire, même si ça ne fera pas plaisir à Kanye West). Hormis de nombreuses écoutes répétées, je dois avouer que c’est également le concert énorme délivré par le quintette au Hellfest qui m’a aidé à redécouvrir « Sol Invictus », les quelques titres joués ce soir-là passant admirablement l’épreuve du live comme le dit la formule consacrée et leur donnant une nouvelle dimension.
Alors oui au fur et à mesure la déception s’amenuise, elle se dilue dans le temps, les écoutes et les quelques qualités indéniables d’un album à la production elle aussi de grande qualité. Mais voilà, le fameux ‘’déclic’’ n’a pas réellement eu lieu. « Sol Invictus » est loin d’être mauvais, il va sans dire, mais je ne me sens pas comblé, même après un nombre d’écoutes conséquent. Il me manque et me manquera toujours ce petit frisson et un peu d’epicness. Et puis dix-huit ans d’attente pour dix titres (enfin je dirais plutôt huit perso) ça fait tout de même un peu léger je trouve (à l’image de l’artwork du digipack qui aurait pu être un poil plus fourni). Pourtant j’avoue qu’il possède malgré tout un petit gout de reviens-y. Il n’a d’ailleurs pas quitté ma voiture depuis un bon moment, c’est un signe. Mais… Il y aura toujours un ‘’mais’’. J’en attendais probablement trop. Ce qui ne m’empêche pas d’attendre la suite en espérant qu’elle ne mette pas dix-huit ans à arriver mais ça rien n’est moins sûr.
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