Rage Against The Machine - Rage Against The Machine
Chronique
Rage Against The Machine Rage Against The Machine
1992, Rage Against The Machine, jeune groupe de Los Angeles débarque sur les ondes avec un le titre "Killing In The Name". Relayé par tous les médias dit "jeunes" à l'époque, il aurait vraiment fallu vivre dans une cave pour ne pas l'entendre et encore je ne sais pas si cela aurait suffit. C'est également une des choses les plus brutales que l'on pouvait entendre sur des radios grand public, du temps où le rock n'avait pas été mangé par le rap et le R'n'B. Mais à force de ressasser encore et toujours le passé, on va me prendre pour un petit vieux dont le compteur serait resté bloqué sur ses 15 ans, du temps où ce vieux était jeune et rebel. Mais pour les djeunz du fond qui se croiraient plus malins que les autres, pouvez-vous me citer un groupe qui a fait mieux que ces américains à l'heure actuelle ?
Rage Against The Machine est en fait un des premiers groupes à avoir croisé le rock et le rap. Et ils l'ont fait tellement bien que personne n'a pas faire mieux ensuite, même eux. Condamnés par eux-même à l'excellence, les albums qui suivront celui-ci seront juste très bons, la révolution étant passée. Mais ce qui est fou dans l'histoire, c'est qu'avec ses 13 ans d'age, cet album éponyme n'a pas pris une ride et nul doute que si ce groupe avait émergé récemment avec le même album, ils auraient fait un carton.
Jeunes et rebelles, eux l'étaient aussi en 1992. Nos quatre gaillards ont de la haine et de la rage à revendre, dénonçant déjà un système dans lequel pas mal de choses ne tournent pas toujours rond, d'où le nom du groupe. Rage Against The Machine, groupe engagé et dérangeant. Directes, insolentes, incitant à la révolution, les paroles de ce premier album, composées et vociférées par Zack de la Rocha, sont l'âme même de leur musique, l'esprit du groupe. Tout y passe, de l'ambiguïté du pouvoir aux droits bafoués, en passant par la manipulation des esprits et les guerres...
Mais Rage Against The Machine, c'est aussi des riffs qui déchirent et ce premier album n'est constitué que de ça. Tous les titres sont excellents, directement accrocheurs et toujours dans le même esprit de rage rarement contenue. Le côté rap bien noyé dans le rock et l'originalité du chant de Zack font la patte du groupe et arrivent à accrocher même les plus réticent au rap. Musicalement, sur un plan purement technique, je me rends compte avec l'âge que ça n'est pas si violent que ça. Leur musique mise surtout sur une lourdeur décervicalisante et un côté bien "groovy", avec de temps en temps, quelques passages calmes ("Settle For Nothing"). Quoiqu'il en soit, cet album laissera des traces qui ne s'effaceront sûrement jamais comme "Killing In The Name", "Bombtrack", le monumental "Freedom" ou encore le rageur "Wake Up" que les plus jeunes ont sûrement découvert dans la B.O. de Matrix.
Dans un sens on pourrait dire que Rage Against The Machine est un groupe issu de l'agriculture biologique et ne manque pas de rappeler que son album est 100% naturel par le fameux "No samples, keyboards or synthesizers used in the making of this recordings". Loin d'être anodin, ce petit slogan vient tout simplement mettre en avant le guitariste Tom Morello, aujourd'hui reconnu pour ses expérimentations sonores guitaristiques dont l'intérêt n'est pas toujours évident. Personnellement, c'est surtout pour ses petits solos simples mais sympathiques que j'apprécie l'homme, chose passée de mode aujourd'hui mais qui apportait tellement aux compositions... Finalement, le plus gros problème de ce premier essai concerne la production. Aujourd'hui, il est évident qu'un tel album aurait eu un gros son qui claque sa mère bien comme il faut. Pas mauvaise du tout, elle manque seulement d'un peu de relief, de puissance, ne restituant pas toujours la profondeur des morceaux que l'on ressent mieux sur des lives.
Je ne peux pas nier qu'un peu de nostalgie s'est mêlée à tout ceci, mais je suis certain que cet album a bercé la jeunesse de beaucoup d'entre vous et ça n'est pas un hasard. Vous pourrez je pense le donner à votre enfant lorsqu'il aura l'âge de le ressentir et il se passera la même chose. On ne rencontre pas souvent de tels groupes dans sa vie, des groupes qui vous laissent une empreinte à vie, des groupes que vous pourrez réécouter sûrement dans 20 ans avec le même plaisir. Rage Against The Machine a signé son chef d'œuvre et a marqué au fer rouge toute une génération.
| Dead 14 Juin 2005 - 5922 lectures |
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