On ne pouvait pas le savoir mais c'est une réalité et il aura fallu compter avec ça : les Rage Against The Machine ne sont pas très productifs. Voilà c'est la première chose que nous enseignera "Evil Empire", leur second album puisqu'il aura fallu attendre quatre ans pour qu'il voit le jour. Est-ce que ça valait le coup d'attendre aussi longtemps ? Je crois que oui. Même si musicalement les choses ont un peu changé, l'état d'esprit qui animait le groupe n'a pas bougé d'un poil, toujours aussi revendicatif et engagé.
En fait, je crois que si "Evil Empire" a autant marché, c'est grâce à 3 facteurs :
1°) Le premier album éponyme avait fait un tabac,
2°) Il existait encore des médias susceptible de diffuser ce genre de musique,
3°) Mais surtout, cet album est encore une fois, putain de bon.
Et ça n'est sûrement pas les premiers extraits diffusés à la radio qui ont trahi la confiance que de nombreux fans avaient en eux : je veux bien évidemment parler de "People Of The Sun" et "Bulls On Parade", les deux titres qui ouvrent cet album. Arrive avec eux le second enseignement à tirer de "Evil Empire" : le groupe a également changé sa manière de composer et a réduit la longueur de ses titres qui dépassent rarement les 4 minutes alors qu'ils flirtaient autrefois avec les 5 minutes. Qu'à cela ne tienne, les américains ont conservé le plus important, leur style toujours "in-your-face" et les riffs qui tuent. Car encore une fois, c'est du grand art puisqu'il n'y a rien à jeter.
Comme je le disais en introduction, le groupe est toujours aussi cinglant dans ses paroles, mais quelque chose a changé. Le groupe a évolué, a mûri et ne déverse plus les mêmes paroles aussi directes et révolutionnaires. "Evil Empire" a pris une teinte plus sombre, mettant tout simplement le doigt là où ça fait mal. Les textes toujours écrits par Zack de la Rocha sont bien plus fouillés, réfléchis et ambigus qu'auparavant, mêlés de haine et dégoût pour un système qui va mal. Et le groupe a également poussé le vice de l'ambiguïté jusque dans la réalisation de l'artwork, appelant son album "L'Empire du Mal" en montrant une sorte de super héros américain...
Pour en revenir à la musique, il est étonnant de voir que le groupe ne s'est pas adoucit, bien au contraire puisque "Evil Empire" est bien plus noir et violent que son grand frère. Les riffs chantent moins, le ton est plus grave. Cela pourrait paraître subtil pour quelqu'un qui ne connaît pas bien ces deux albums mais il y a pourtant une réelle différence au niveau de la composition qui rend l'ensemble plus lourd et même si le premier album est ultra-culte, ma préférence va pour ce deuxième essai, plus posé certes, mais plus abouti et maîtrisé. Et en parlant de maîtrise c'est toujours aussi propre, du chant génial et vaguement rap de Zack aux expérimentations de l'ami Morello qui s'éclate à nous balancer des sons venus de nulle part comme le précise le "All sounds made by guitar, bass, drums and vocals".
Je crois que ça n'est vraiment pas utile de citer quelques titres car si vous en aimez un, vous aimerez le reste. "Evil Empire" est d'une qualité exemplaire et d'un feeling extraordinaire, témoignant une nouvelle fois du réel génie de ce groupe de Los Angeles. Le problème c'est qu'il faudra encore patienter 4 ans pour voir arriver son successeur et beaucoup de choses changent en 4 ans...
(suite dans la chronique de
"The Battle Of Los Angeles". Dead, premier sur les chroniques à épisodes :D)
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