K.L.L.K. - Between the First Heliocentric Wind and the Great Devourer of Light
Chronique
K.L.L.K. Between the First Heliocentric Wind and the Great Devourer of Light (EP)
Après avoir sorti ses premières demos auto-produites et essuyé deux désistements de dernière minute de la part de labels devant réaliser leurs splits – qui ne verront finalement pas le jour –, K.L.L.K. a donc décidé de prendre les choses en main. Le vocaliste et parolier du groupe, C. Neomalthusian (Avitum), étant – en binôme – à la tête de Mithra! Templezine, l'idée à vite fait son chemin de transformer Mithra! en une structure à part entière ainsi que de créer une subdivision consacrée à la production et distribution de musiques expérimentales, abyssales et transcendantales. Une sorte de chemin de croix, suivi par moult formations, qui est néanmoins nécessaire afin de gagner tant en crédibilité qu'en visibilité auprès du public et des nombreux intervenants (boîtes de distributions, magazines, fanzines, webzines, etc.). Le groupe va donc passer via Mithra! Infrasound pour la parution, coup sur coup cette année, de la compilation Ancient Analogic Artefacts et du EP Between the First Heliocentric Wind and the Great Devourer of Light – dont il est question ici.
Ce dernier se compose de trois pistes : « Rahu (Le Grandgousier) », avec lequel j'ai découvert la formation il y a un peu plus d'un an, « Antithesa Mahatma (L'Océan de Souffre) » ainsi que « Rehearsal MMXV » (bonus de la version digitale) que je n'ai pu écouter – le lien donné avec la cassette ne fonctionnant pas. Un court-format qui permet donc de donner une seconde vie à deux anciens morceaux, réalisés en 2013 et 2014, restés lettre morte suite à l'avortement de deux splits. L'occasion aussi de dévoiler un travail musical plus complexe et maîtrisé, une personnalité plus marquée ainsi qu'un artwork singulier mais réussi de DPHN collant à merveille avec les compositions du groupe. Car si quelques titres avaient été jusque là plutôt agréables, notamment la paire « Cosmogonie », K.L.L.K. semble clairement élever son niveau de jeu sur cet EP. Les nombreuses influences sont mieux digérées ici, permettant d'avoir deux titres aux teintes différentes mais complémentaires, reliés entre eux par l'aspect ritualiste ainsi qu'un fond sonore bourdonnant et nauséeux digne de Gnaw Their Tongues. Un fait encore plus notable lorsque vous écoutez Between the First Heliocentric Wind and the Great Devourer of Light en cassette – sans coupure – « Rahu » et « Antithesa Mahatma » paraissant n'être qu'une seule et même pièce.
"I see nothing but a world of ruins, where a kind of front line is possible only in the catacombs." (J. Evola)
Certes cette citation risque de faire grincer des dents mais, sans trop s'attarder sur le sujet, Julius Evola est l'une des influences majeures de la formation aux côtés de la cosmogonie ou encore du Mithraïsme – entre autres. De même cette phrase illustre parfaitement le rendu musical tant abrasif qu'opaque qui vous immerge dans un univers dévasté. Inspiré par des formations telles que Murmüure, K.L.L.K. fait le trait entre monde moderne et croyances ancestrales, délivrant un black/doom metal tortueux entremêlant touches noise/ambient – notamment sur l'intro de « Rahu » – et passages rampants cyclopéens – les premières minutes de « Antithesa Mahatma » en sont le plus bel exemple. Une ambiance à la fois sombre et oppressante qui renvoie à la scène doom/death ainsi que death occulte (Impetuous Ritual, etc.) mais joué ici en slow motion. Vous ressentez cette même froideur, ces horreurs innommables et l'aspect antédiluvien dans les compositions du groupe, en particulier sur « Rahu » (avec un chant typé death) et l'introduction de « Antithesa Mahatma ». Car malgré les changements de rythmes et des parties plus éthérées qui viennent aérer l'ensemble, vous êtes constamment pris à la gorge par les guitares grésillantes mais aussi la production très primitive. Cependant la tension va peu à peu retomber sur le deuxième titre, prenant un tour plus lumineux et atmosphérique. Une évolution bienvenue, flirtant avec le post-black, avec des lignes de guitares plus mélodiques, empreintes de mélancolie, couplées à un chant clair bien maîtrisé de C., totalement habité.
Malheureusement ce travail est quelque peu handicapé par une production un peu faible ainsi que le son plutôt moyen de la boîte à rythme, contrecarrant l'aspect organique développé par le groupe. De plus cette dernière hache les compositions par son manque de spontanéité et ses apparitions abruptes – particulièrement sur le premier titre. Heureusement B. Abysses a rejoint K.L.L.K. au poste de batteur l'an passé, il ne manque plus qu'à mettre un peu plus de moyen et tout devrait rapidement rentrer dans l'ordre, vu le potentiel. Car en dépit de ces points négatifs, du débat sur Julius Evola ou l'artwork (modifié sur ce site) et un EP plutôt court – les deux morceaux ne dépassent pas les 19 minutes –, la formation arrive à vous toucher par ce subtil mélange des genres, pensant tour à tour à Menace Ruine, Sol ou encore au Crepusculo Negro. Des musiciens passionnés, pointilleux sur les moindres détails (dessin sur l'enveloppe, patch, myrrhe,...), qui parleront à n'en point douter aux amateurs/amatrices de musiques expérimentales et transcendantales. A voir sur long-format !
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