On ne remercie jamais assez ses collègues de webzine pour les formations qu'ils peuvent nous faire découvrir. Ainsi, mon attention s'est portée sur K.L.L.K. suite à la chronique de
"Between the First Heliocentric Wind and the Great Devourer of Light", rédigée par Dysthymie - Merci ! Formation montpelliéraine sur laquelle je ne m'étais jamais penché, un peu par ignorance, beaucoup parce qu'Avitum, l'autre formation de ses membres, m'en avait touché une sans faire bouger l'autre. Mal m'en a pris, l'acronyme proposant un Black/Doom ritualiste, sentencieux, au moins aussi prometteur que leur fond idéologique n'est pompeux.
A titre personnel, je suis un peu lassé par ce jeu de la biscotte autour des philosophies rances d'Evola et autres grands penseurs que l'aile réactionnaires adule. Enfin, chacun verra midi à sa porte, et même sans en goûter la véritable teneur (forte en croix pudiquement baptisées "solaires" et autres références sympathiques), on ne peut que saluer le travail fourni aussi bien sur le fond du
"Brasier des Mondes" que sur sa forme : de la superbe et énigmatique pochette, jusqu'aux œuvres (réalisées par C. Neomalthusian) qui viennent illustrer les titres de l'opus - et que vous pouvez contempler
sur le site de la formation, le groupe n'a pas fait les choses à moitié. Aucune gratuité, chaque geste, chaque mouvement, chaque mot est étudié pour rendre justice au concept de l'EP (car oui, malgré ses quarante-trois minutes, c'est le format revendiqué).
Les traits approximatifs portent une atmosphère presque tribale, entre salade de symboles plus ou moins outranciers et hiéroglyphes qui restent encore à déchiffrer. Raccord avec les compositions de ce long-format, sorti cette année via Caligari Records et également distribué via Solar Asceticist.
"Le Brasier des Mondes" est découpé en trois grands mouvements, séparés par des interludes mélangeant les saillies électroniques stridentes ("Solstice I", couplé à un sample de lecture de "La Doctrine de l'Eveil" d'Evola) aux différentes nappes de claviers. Peut-être un peu trop dépouillés à mon goût, certes, mais K.L.L.K. réussit à ne pas tomber dans le piège de la tartine. Ainsi, ces quatres saisons tiennent moins de Vivaldi qu'à un hommage global aux influences du combo, tantôt à Zero Kama pour l'ambiance encens/rituel ésotérique (les respirations du titre d'ouverture "Equinoxe I") qu'à la scène Neofolk (c'est en tout cas de cette manière que j'interprète le carillon très
Douglas Pearce et les sonorités métalliques sur la clôture de l'objet). L'ensemble est cohérent, les articulations parfaites et bien huilées.
Le tempo général est lent, les rythmiques pesantes prêtant plus à la transe que le tremolo intempestif et les blast-beats - ces derniers font quelques timides apparitions, parfois un peu maladroites (" Celebration I - Le Souffle Primordial "). Si K.L.L.K. prend son temps, il ne se traîne pas pour autant (son
credo cochant déjà toutes les cases de la lourdeur) : comme il l'avait démontré sur ses premières réalisations, le quatuor sait quand et comment frapper pour déployer son atmosphère de fin du monde. La production des titres aide également, moins approximative, beaucoup plus léchée : les guitares sont graves, compactes, presque impénétrables, percées par les cymbales et le travail effectué sur les toms, qui en viennent à sonner comme des timbales graves d'orchestre classique. Le batteur en use et en abuse : lorsque d'autres frappeurs préfèrent aérer leurs parties par des coups de cymbale, B. Abysses ponctue les compositions du
"Brasier des Mondes" en martyrisant ses futs.
Ces riffs accablants, ces frappes sèches et porteuses d'une atmosphère de fin du monde, m'évoquent assez les quatre français en robe blanche, gong à la main (ce dernier sonnant d'ailleurs tout au long de l'EP), se baladant dans les rues en beuglant l'imminence de la
"chute du monde moderne" à qui voudra bien l'entendre - dans un chœur grave emprunté au final de l'excellent "Celebration II - L'eveil du Blé D'or" . Je retrouve dans ce
"Brasier des Mondes" ce que j'ai particulièrement apprécié dans les sorties du label batave Haeresis Noviomagi (et plus particulièrement chez Iskandr) : une aura de dévotion totale, portée avec ferveur par des musiciens convaincus, sur terre pour convertir et non pour divertir. Si l'image peut prêter à sourire, elle confère à ce long-format toute la puissance nécessaire au déploiement de son propos.
Habité de bout en bout, suffisamment sulfureux pour provoquer l'intérêt des plus endurcis,
"Le Brasier des Mondes" transforme l'essai des précédentes réalisations de K.L.L.K. en amplifiant tout ce qui en faisait la force - tout en leur rendant justice avec une production vraiment à la hauteur du talent d'écriture et de composition du quatuor. Si l'on peut regretter quelques ponts bancals lorsque le tempo s'accélère, ou le dépouillement parfois un peu trop forcé des interludes, "Le Brasier des Mondes" reste une excellente surprise, et une belle porte d'entrée dans l'univers de K.L.L.K.
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