Il y a des jours où je n'ai pas la bienveillance nécessaire au lecteur, celle de m'embêter avec le baroud habituel des faire-part de naissance, prise de taille et poids ou photographie familiale, pourtant de mise quand un nouveau-né débarque et que, par chance, il est assez magnifiquement laid pour pouvoir donner envie de le présenter à sa belle-sœur, façon « t'as jamais réussi à en avoir un comme ça ». Mais non, pas de bienveillance aujourd'hui, ni d'envie, ni de belle-sœur. Head of the Demon va devoir faire valoir d'autres textes dithyrambiques pour vendre son premier longue-durée – par chance, il en a entraîné quelques-uns –, moi, je me contenterai d'un simple
lien vers ma chronique de Embrace of the Narrow House ainsi qu'une précision sous forme d'interrogation : « Tiens, et si ce The Wounded Kings-là avait signé sur Ajna et cherché, de fait, à faire un disque Ajna ? ».
...Bon, puisque j'en vois qui font craquer leurs doigts prêts à taper leurs commentaires rancuniers, voici un début d'argumentation présenté sous un plan bien apparent (parce que pas envie, voyez ?) :
1/ La comparaison qui parle à personne.
Embrace of the Narrow House envoûte en faisant se sentir héros dans les brumes d'un cimetière où attendre sa bien aimée de l'autre monde, tandis que Head of the Demon possède, appelle les forces occultes d'un groove qui n'a plus rien d'incarné, ni même d'osseux, des non-riffs obtus, froids et organiques comme une stèle laissée depuis longtemps à l'abandon par le nettoyeur des lieux. Si l'un enivre d'un élixir d'amour créé par d'habiles nécromanciens, l'autre est la mort qui se fait accepter sans toquer, la petite goutte froide qui parcourt le dos, la spirale où se combat le sommeil car on le devine éternel. Le giallo-doom de la tête du démon joue sur le vice, qui attire mais ne nous invite jamais à boire un verre d'égal à égal.
2/ La référence explicative qui n'explique rien. De tout cela ressort que, dans la filmographie de Michele Soavi, Head of the Demon se rapproche plus d'un « La Chiesa » (son fantastique dernier tiers, plus précisément) que « Dellamorte Dellamore ». Ne la voyez-vous pas, cette église rustre et à géométrie variable, dégingandée, poussiéreuse et où, cependant, on se sent à l'aise comme dans des coussins ? Et la terreur murmurant son arrivée sous le parquet d'une batterie au tempo harassant à être si peu varié ? Et ce groove si bas, crétin comme chez Wooden Stake, qu'il chatouille mesquinement le bas-ventre ? Le longue-durée des Suédois réinstaure ce que le black metal « select » actuel et ses dorures, parures ou exégèses ont trop souvent passé sous silence : cet hypnotisme naissant du grotesque qu'il se doit de procurer, ici dans une version doom, c'est-à-dire langoureuse, sensuelle.
3/ La petite nuance qui montre que même quand la motivation est absente, se prendre pour un « rock critic » n'a pas de prix. Head of the Demon est clairement un des nouveaux-venus les plus exaltants que j'ai pu rencontrer ces dernier temps, il n'en reste pas moins doté d'une voix qui, selon les goûts et les occasions, sera rebutante ou parfaite. « Hit or Miss » en somme, Saibot alignant ses mots de façon crue comme un Thomas Gabriel Fischer défaitiste, soit par des murmures délicieux de péchés, soit par des raclements empâtés n'arrivant pas toujours à convaincre. Mais ceci n'est que le tanin d'un vin autrement délectable, les Suédois se tenant toujours à la hauteur de leur fantastique pochette.
Conclusion : Vous gagnerez plus à écouter ces jean-foutre qu'à lire plus longtemps celui d'où vient ce texte. Au trot !
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