Regarde Les Hommes Tomber - Exile
Chronique
Regarde Les Hommes Tomber Exile
Je n'y arrive plus, je vous le dis tout net. Cette fin Septembre 2015 est de loin la période la plus riche vécue pour ma part depuis mon arrivée sur Thrashocore. Entre les sorties de Loma Prieta, Deafheaven, Birds In Row / WAITC, VI, Mgla, Temple Of Baal, Shrine Of Insanabilis, le quadruplé de luxe des Acteurs De L'Ombre comprenant Déluge, Moonreich, Maïeutiste et Regarde Les Hommes Tomber, ainsi que quelques sorties qui ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez type Aosoth, je ne sais carrément plusquoi écouter quand je me lève le matin. Alors imaginez quand en plus, vous avez des chroniques à faire... Alors ça va que je ne suis pas tout seul sur le coup mais je vous avouerais que là, c'est la grosse débandade, ma liste de promos ressemblant de plus en plus au Code du Travail qu'à une simple liste. Donc, Article 2, Alinea 3 : Regarde Les Hommes Tomber.
Je mentirais si je vous disais que j'avais accroché à Regarde Les Hommes Tomber et à leur premier opus éponyme qui avait pourtant remporté l'adhésion des amateurs de Black/Sludge/Hardcore à sa sortie. Il y avait pourtant toutes les saveurs et les inspirations qui me parlaient dans cet album et leur live au Black Metal Is Rising montrait clairement un potentiel gros client de la future scène française cependant je peinais au final à y voir autre chose qu'un patchwork bien agencé de références à Celeste, Amenra ou autres combos dont la réputation n'est plus à faire. Malgré ce petit handicap de départ, j'attendais avec impatience la sortie de leur nouveau disque, étant dans l'expectative d'un groupe qui pourrait repousser les limites qu'il s'était lui-même fixées. Et voilà, j'ai eu raison d'avoir la foi puisque la donne change avec ce « Exile » disponible depuis peu chez Les Acteurs De L'Ombre Productions qui a la décence d'envoyer des promos physiques et qui mérite donc d'être cité deux fois dans cette chronique.
Et l'on est finalement peu surpris au premier abord par « A Sheep Among The Wolves », emboîtant le pas à une courte introduction dénommée « L'exil », puisque tous les ingrédients propres à Regarde Les Hommes Tomber y sont inhérents. Si l'on était en train d'écouter un disque de Rap, on définirait ce premier morceau comme un Banger, dans le sens le plus positif du terme. Une piste efficace, addictive, un hit qui comporte son lot de mélodies tordues, de breaks syncopés et d'accalmies propres à la mise en place d'une ambiance. Tremblez ancêtres du Metal old-school, car le futur arrive et il est composé de Regarde Les Hommes Tomber, PNL et de séries japonaises en 750 épisodes. Oui, « Exile » a le bon goût de ne pas se parer de Thrash, de Death ou de solis Heavy qui auraient sans doute atténués leur aspect crasseux. Cent pour cent next-gen et plongé dans l'ambiance poisseuse du vingt-et-unième siècle, rempli de William Peel dégueulasse, de poubelles dans les rues et de shit mal-coupé acheté à Gallieni, ou chez le cousin du beau-frère de votre meilleur pote.
D'ailleurs, s'il y a une chose que Regarde Les Hommes Tomber peut se targuer d'être sur cet album, c'est bien d'être jusqu'au-boutiste dans sa violence. Si l'on excepte les quelques passages plus posés, comme « They Came... », le groupe prend le soin de toujours attaquer avec la puissance adéquate. Un fait rehaussé par une production parfaitement dosée qui sert à merveille les décharges musicales, notamment grâce à ce son de batterie très organique et rempli de résonance qui ajoute une sonorité caverneuse à l'ensemble. Un aspect direct et rentre-dedans observable sur le très bon « … To Take Us », un titre se donnant pour but de calmer tout le monde en quelques secondes. Il est également impressionnant de noter les finesses des compositions, toujours ballottées entre rythmiques créatives, riffs fouillés et lignes de basse et de chants vraiment utiles. Chaque instrument est correctement mis en valeur et bénéficie d'instants particuliers où il est mis en lumière.
Cependant, résumer Regarde les Hommes Tomber à une horde de brutes sans cervelles serait un poil trop réducteur. On ne peut que se laisser avaler tout cru par la mélancolie suintant par tout les pores de leur musique éhontément dépressive. « The Incandescent March », dernier morceau de l'album précise ici le propos d'une formation qui semble prendre un malin plaisir à masquer ses émotions derrière un mur de son. Malgré ce camouflage, difficile de ne pas remarquer la détresse dans les cordes vocales éraillées de Thomas, nouveau vocaliste du combo Nantais. Au travers de cette pièce plus longue aux allures sincèrement monolithiques on se retrouve projetés dans une vision apocalyptique de l'urbanisme. « Ah si seulement j'étais riche, assis seul sur ma péniche », comme dirait l'autre. Oui, Regarde Les Hommes Tomber semble se plaire à imaginer un futur regrettable qu'il n'a pas fondamentalement envie de vivre mais qui pourtant s'approche à grand pas, sans que l'on puisse l'arrêter. Sans en rajouter indéfiniment, « Exile » est un disque fort, puissant qui pourtant émeut derrière ses aspérités. En somme, une pierre brute qui vous tombe sur la tête et sur laquelle est gravé : " Il vaudrait mieux faire gaffe, à l'avenir".
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