Uada - Devoid Of Light
Chronique
Uada Devoid Of Light
L’artwork sobre et plutôt classieux du vétéran extrême Kris Verwimp (Absu, Enthroned, Lord Belial, Månegarm, Marduk, The Legion, Thyrfing, Vital Remains…) animera au premier coup d’œil votre curiosité. L’obscur Uada (informations minimalistes, aucune page sur Metal-Archives à l’heure où je vous écris ces lignes) formé en 2014 à Portland est la nouvelle recrue du label en pente ascendante Eisenwald (qui m’aura définitivement converti à sa cause en rééditant les premiers méfaits de Mörk Gryning), il dévoile son premier album Devoid Of Light autoproduit et mixé par Joel Grind (Toxic Holocaust) ce mois-ci. Les Américains n’ont pas le profil de musiciens débutants, le groupe compte dans ses rangs le frontman Jake Superchi (Ceremonial Castings, Serpent Lord, Thy Emptiness) et aux fûts la brute Trevor Matthews (Infernus). Enchaînant les festivals locaux, Uada se fera rapidement remarqué, jusqu’en Allemagne en début d’année.
La recette de Uada (« hantés » en latin) demeure rudimentaire, elle pourrait se résumer en deux ingrédients sur ces 33 minutes : tremolo entêtant + rythmique déchaînée. L’ouverture ultra catchy « Natus Eclipsim » (aux relents d’un Catamenia première période) convertit aisément à la cause dès les premières secondes… Place ainsi aux mélodies glaciales et « spectrales » 90’s (dixit leur label) d’Europe du Nord sur un socle black metal vindicatif pratiquement sans répit. Une batterie étonnante d’intensité et de véhémence (pauvres fûts et cymbales) dans un tempo souvent intenable (ou comment remplacer plusieurs séances de cardio) combinée à des vagues submersives de riffs. Radicalement simpliste et frontal mais imparable. Au centre des hurlements dans toutes les variantes possibles, allant du criard au guttural profond (« Our Pale Departure » à 4:20) en passant par l’occulte (« Devoid Of Light ») ou le torturé à la limite du schizophrénique (« Natus Eclipsim » à 1:59, le morceau éponyme à 2:37 ou le titre final aux airs d’un Bethlehem). Assurément l’un des gros atouts de Uada. Rythmique, riffing et cris annihilateurs… Bref une grosse claque sonore.
Les minutes défilent dans nos tympans décrassés sans le moindre bronchement, les compositions « carrées » demeurent d’une fluidité exemplaire pour des titres dépassant les six minutes. Les Américains proposeront quelques bonnes idées afin de varier leur musique, notamment le break du plus ambiancé « Black Autumn, White Spring » (et son final heavy). Dommage qu’Uada n’ait pas d’avantage osé en ce sens car une fois l’album terminé cela reste finalement très léger en termes de composition. On en demande plus pour pleinement se sustenter. Au-delà de parties redondantes qui auraient pu être plus variées (mais dont l’efficience résiste), le groupe a du mal à se détacher de ses influences et à proposer sa propre touche personnelle. Le très « Gros » (avec un « g » majuscule) clin d’œil à Cult Of Fire sur le morceau éponyme comme premier exemple mais il y en a d’autres. L’auditeur aura du mal à cerner la ligne directrice de l’album, on ne comprend pas où Uada souhaite nous attirer et de fait la galette perd malheureusement en atmosphère. La durée relativement courte (cinq morceaux pour une petite demi-heure) confirmera ce léger sentiment de frustration une fois l’écoute terminée.
Uada ne réinventera aucunement le style mais ira proposer un black metal mélodique furieux et sans temps mort porté par un batteur sous anabolisant ainsi qu’un frontman totalement possédé. Les amateurs du genre en manque seront comblés. A écouter sans effort pour titiller nos cervicales. On regrettera néanmoins un manque de cohérence dans ses compositions et un « melting pot » d’influences sans réelle signature de la part du groupe. Ces points corrigés (ainsi qu’une durée allongée), Uada devrait à mon humble avis d’avantage « hanter » les esprits. Devoid Of Ligth n’en demeure pas moins l’une des découvertes à retenir de ce premier semestre.
| Mitch 4 Avril 2016 - 2955 lectures |
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