Funeral Circle - Funeral Circle
Chronique
Funeral Circle Funeral Circle
Je dois me rendre à l'évidence : je perds mes cheveux. J'ai essayé de le cacher, me créer un amour nouveau pour les casquettes, dire de façon un peu gênée que j'avais « une poussée de cheveux haute » mais je le sais, les gens sont de moins en moins dupes. Il va falloir que j'assume, et me préparer à ma prochaine condition de chauve. C'est comme ça.
Et, comme entraînement, Funeral Circle se pose là : du doom de pratiquant de Donjons et Dragons rêvant de valeureux guerriers aux cheveux longs et soyeux, ondulant au rythme du vent de leurs lames, forcément, c'est le genre de plaisir qui aide à rendre sa réalité de futur geek au crâne luisant plus acceptable en retour. C'est rassurant, de trouver des mecs qui embrassent le ringard de telle manière, du genre à vénérer Solstice, Reverend Bizarre ou encore les débuts de Isole, à se balancer des citations de Conan le Barbare pour se dire bonjour, à aimer des choses fondamentalement ridicules comme le heavy metal le plus pouilleux, Frank Frazetta, l'épopée vécue aux travers d'imprimés de cartes, de compétences avec chiffres, bonus/malus, et de dés aux symboles abscons pour les non-initiés... Rassurant pour soi, qui compte les touffes dans son évier, moins en moins amusé.
Mais assez parlé de moi. Peu importe les raisons capillotractées (…) pour lesquelles vous écouterez ce premier album de Funeral Circle, il est à lui seul une justification valable à se retrouver dans vos oreilles. Un disque que j'avais déjà trouvé intéressant lors de sa sortie trois ans auparavant, puis bizarrement laissé en plan. Un tort, étant donné la maestria avec laquelle les Canadiens jouent leur doom. Car malgré une atmosphère on-ne-peut-plus traditionnelle, faite de montagnes, châteaux, vallées et oubliettes, ces quarante-neuf minutes ne tablent à aucun moment sur le côté cheap de ce type d'exercice. Non, ici, on y croit dur comme fer, donnant aux aventures dont vous êtes le héros leur pleine dimension d'histoire incertaine, où les beaux sentiments côtoient la sauvagerie des combats et la menace de sorts prêts à faire de notre état mental une damnation.
Chaotic Good lorsqu'il s'habille en barde de ce monde imaginaire où errer librement, quelques guitares acoustiques venant nous épauler (« Tempus Edax Rerum »), et Lawful Evil quand il fait résonner ses instruments suivant à la lettre les tables du doom, valorisant la quête de pouvoir au-dessus de toute forme de vie : voilà le caractère de Funeral Circle tel qu'il se présente dès « Scion of Infinity ». Inutile de dire que, sans une exécution exemplaire, son attachement à l'ancestral finirait par fatiguer. Et c'est bien ça qui démarque les Canadiens du tout-venant : bourrées de moments forts (souvent menés de main de maître par cette voix aux accents mêlés de Tom Phillips et Sami Hynninen), ces sept compositions jouent parfaitement sur cette tension entre tempos lugubres et riffs brillant d'une flamme millénaire, offrant à l'ensemble une luminosité aussi réconfortante qu'un feu de camp dans la série des Dark Souls, façon « repos du guerrier avant sa mise à mort certaine ». Que ce soit durant « The Charnel God » (et son refrain qui ne sortira pas de votre tête de sitôt), l'entame causant des frissons dans le dos de « Obelisk » ou encore l'écrasant « Corpus of Dark Sorcery », l'équilibre entre moments laissant penser à des terres inquiétantes, la boule au ventre, et passages où se déguiser en chevalier rustre prêt à faire de cadavres des monticules (les passages heavy metal n'y vont pas par quatre chemins question « émotions épiques », autant vous prévenir) est savamment dosé, le tout se déroulant sans accroc.
Production adaptée, granuleuse et puissante ; morceaux contenant chacun leurs instants de grâce musicale ; univers canonique, monstrueux, occulte, onirique, beau, autant à l'aise dans le plan large de paysages éternels que le cadre rapproché où le hors-champs devient synonyme de malaise : ce n'est pas compliqué, il n'y a rien à reprocher à Funeral Circle sur ce premier longue-durée. Certes, l'amateur de doom ne trouvera rien de nouveau ici. Les Canadiens sont plus à voir comme des hérauts de messages écrits avant eux que des alchimistes cherchant l'innovation dans d'anciennes potions. Mais si vous voulez de quoi vous rappeler vos sessions de HeroQuest en première loge, jetez-vous dessus sans hésitation !
| lkea 27 Juin 2016 - 845 lectures |
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