Wheel - Preserved In Time
Chronique
Wheel Preserved In Time
Si la formation de Wheel remonte à l’année deux mille neuf, encore que sous sa première mouture il faille même remonter jusqu’à l’année deux mille six, le présent Preserved in Time n’est que leur troisième album. Il faut ajouter à cela que le quatuor de Dortmund a pris son temps entre cette réalisation et la précédente qui remonte à l’année deux mille treize. Il y a une explication à cela: le chanteur Arkadius Kurek avait quitté le groupe momentanément en deux mille dix sept avant de le réintégrer deux années plus tard. Sans doute que cela a freiné le travail de composition des Allemands, mais cela aura eu pour conséquence de leur permettre de les peaufiner, et l’on verra que ce hiatus leur aura été, finalement, on ne peut plus bénéfique. Le groupe a également changé de label, rejoignant les rangs de l’excellent Cruz Del Sur et nous propose donc cet album en ce printemps.
Le moins que l’on puisse dire à l’écoute de ces sept titres, c’est que les membres de Wheel ont bien fait de prendre leur temps pour composer ce nouvel album et donc de ne pas sombrer dans ce que l’on appelle dans le milieu le syndrome Isole, c’est à dire d’enchaîner dans un laps de temps assez court les sorties d’albums au détriment de la qualité des compositions. N’y allons pas par quatre chemin, ici cela transpire évidemment l’inspiration et le travail acharné, faisant de cet album une excellente réalisation, avec une pochette renouant avec une imagerie Art Nouveau comme sur le premier album, et qui n’est pas pour me déplaire. Les Allemands pratiquent ici un epic doom metal dans son versant le plus mélodieux et le plus mélancolique. L’on n’est pas ainsi dans une imagerie de chevalier teutonique mais bien dans quelque chose qui met l’accent sur une mise à nue de ses sentiments et qui laissent derrière soi un camaïeux de gris, de nuances entre puissance et moments plus extatiques et intimistes. Évidement la formule n’est pas neuve, et si l’on devait prendre des références contemporaines c’est justement du côté de Isole que l’on pourrait regarder, de leurs compatriotes de Mirror of Deception, chez Unsilence, ou même un peu du côté des vieux albums de While Heaven Wept.
Il en résulte donc un epic doom metal qui table bien plus sur la concision de la chose, les titres ayant une longueur assez moyenne, et, surtout, sur le caractère mélodique de ses compositions. Vous me voyez venir, il y a évidemment un très gros travail au niveau des mélodies distillées par les guitares, que ce soit au niveau des riffs et de la manière dont ils sont harmonisés, mais également aux niveaux des leads et des soli. C’est du très bel ouvrage à ce niveau là et, surtout, cela fait très vite mouche. Car il y a quelque chose de très immédiats dans l’accroche de ces compositions, qui certes sont plutôt simples dans leurs structures, mais qui ne lassent pas sur la durée. C’est là que l’on peut saluer tout le travail accomplit par le groupe car ce n’est pas donné à tout le monde de faire quelque chose qui soit assez accessible mais qui en même temps conserve tout son éclat au fur et à mesure des écoutes. Et puis, il y a suffisamment de mesure et d’honnêteté dans tout ceci pour se laisser prendre au jeu et avoir rapidement moult mélodies de cet album qui viennent s’imprimer dans votre cortex cérébral. L’on pourra toutefois m’objecter qu’il y a une pléthore de groupes pratiquant ce type d’epic doom metal à travers le monde et que les Allemands ne font en rien avancer la chose.
Pourtant, Wheel se démarque nettement avec Preserved in Time de la masse de groupes évoluant dans cette mouvance. Cela passe déjà par de nets progrès depuis leur précédent opus et c’est pour cela que j’ai bien insisté en prélude sur le temps consacré à composer cet album, ce qui se ressent bien sur chaque titre où il n’y a rien de superflu et encore moins de baisse de régime. Ensuite, l’on a sans doute avec Wheel le digne héritier de Solitude Aeturnus, car c’est également une influence assez flagrante chez les Allemands. Cela se ressent notamment sur la manière de composer et sur les quelques emprunts de mélodies un peu arabisantes que l’on retrouve de temps à autres sur cet album et qui viennent enrichir le propos. Enfin, et c’est en cela que cet album se démarque de la masse, la prestation vocale d’Arkadius Kurek est excellente. Son chant à la fois puissant et plein d’émotions est parfait pour ce type de doom metal et nombre de ses intonations ne sont pas sans rappeler Robert Lowe - Solitude Aeturnus, Candlemass, Tyrant - et c’est lui qui va transcender chaque titre par sa présence. Et sans doute qu’un titre aussi tubesque que After All finira par vous convaincre.
Aussi, avons nous ici sept compositions, assez variées et non monolithiques qui raviront les amateurs du genre. J’insiste bien sur le travail acharné qui a été effectué, car si la formule est simple et connue, il y a du talent derrière tout ceci. L’on a ainsi ces moments emplis de puissance, ceux où les riffs deviennent majestueux et vous gonflent les poumons d’une envie d’avancer dans la pénombre, ce genre de passages qui me fait toujours autant chavirer dans ce genre musical. Mais ils sont le plus souvent juxtaposés avec des moments plus intimistes, comme ces breaks avec des arpèges sur At Night They Came Upon Us, qui donnent un côté plus froid à l’ensemble, et volontiers plus touchant. C’est dans cette même coloration que l’on retrouve de temps à autres des passages aux acoustiques, à l’instar de celui du break de When the Shadow Takes You Over, vraiment classieux et qui vous prendra aux tripes. C’est sans doute vu et revu, mais c’est fait avec tellement de classe que l’on ne peut résister grandement aux charmes de ces quarante huit minutes. Et puis il y a de l’émotion derrière tout ceci, mais de la belle émotion, celle qui prend aux tripes, qui fait que l’on expurge ce que l’on a sur sa conscience, et d’autres instants où l’on va se confier avec une certaine solennité. Enfin, il y a des refrains à reprendre à tue-tête sur cet album, de ceux que tu chanteras avec le poing levé, et qui le rend assez rapidement addictif.
Preserved In Time est ainsi une franche et belle réussite. Wheel a franchi allègrement le cap du troisième album mais en allant bien au-delà des attentes que l’on pouvait formuler à son égard. Il va sans dire que les Allemands ont accompli là un excellent travail fait avec passion et ferveur, avec sept titres mémorables et suffisamment variés pour ne pas lasser l’auditeur. Les amateurs de doom metal dans son versant le plus mélodique et lyrique vont forcément y trouver leur compte car cet album est d’une excellente qualité, nanti d’une très bonne production, et qui ne lassera aucunement au fil des mois. C’est bien simple, je le place déjà parmi les meilleurs albums sortis depuis le début de cette année deux mille vingt et un, et pourtant ce n’est pas les bons albums de doom metal qui manquent cette année, et ça va être difficile de le détrôner d’ici la fin de l’année.
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