Doomsword - The Eternal Battle
Chronique
Doomsword The Eternal Battle
Ho mince, comment j'ai pu passer à côté de ça ?! J'avais eu un premier contact avec Doomsword lors de la sortie de My Name Will Live On en 2007 via des morceaux myspace aguicheurs mais je n'étais pas allé plus loin, sans doute à cause de ma relation honteuse avec le genre à l'époque me forçant à cacher casques et haches sous des piles de CDs de Mogwai (j'ai fait mon coming-out depuis). Une erreur, au regard de ce cinquième album de Doomsword (quatrième pour l'écurie Dragonheart comptant dans ses rangs des formations telles que Manilla Road ou Thunderstorm) !
Ton boulot t'emmerde ? Ta femme te pèse sur les valseuses ? Ton gosse - mais pourquoi t'as eu un gosse en fait ? Ah oui, ta femme… - veut étudier la sociologie et tu te lèves chaque matin avec le visage blafard du salarié perdu dans une modernité éco-responsable, féministe et kafkaïenne ? Doomsword est là pour toi ! Imagine un heavy metal barbu et un poil doom (m'oblige pas à name-dropper Candlemass ou Solstice, t'as pigé l'affaire) chantant les louanges des temps anciens, du genre à guerroyer méthode « mano-a-Manowar » ! L'épique domine donc, et ce malgré un tempo relativement doomy ou mid (franchement rapide pour le style, cependant) couplé à des guitares frontales préférant trancher les talons d'Achille que les têtes au galop. The Eternal Battle peut se rapprocher du The Gates Of Slumber de Hymns Of Blood And Thunder mais là où ce dernier écrase de ses muscles de barbare en fin de carrière, les Italiens optent pour une technique plus expéditive et jouissive : morceaux dépassant rarement les six minutes, chant alternant paroles « Eternal sword of the unbreakable warrior who slays enemies in the Land of Forgotten Stories (with pagan gods on his side (and flames)) » et « Woooouuuuhooooohooo » tellement véhéments que t'en deviens Conan et surtout, surtout, des mélodies sans concession !
Le combo est juste dans ses appels aux armes, fort d'une recette d'une efficacité redoutable : citons l'enchainement parfait entre les trois premiers titres où se répondent rythmique ras-de-terre quasi-thrashy (on aura même droit au tchouka-tchouka typique sur le début de « The Fulminant »), leads mélo et autres soli entrainants sans virer à l'Oktoberfest douteux (« Varusschlacht »). Sacred Heart s'en donne à cœur joie tout en valorisant la relance façon twin-guitar (« The Battle At The End Of Time ») voire carrément tapping frénétique (« Soldier Of Fortune » !) sur le démonstratif. La traversée n'est pas de tout repos mais Doomsword sait ralentir la cadence quand il faut, à l'image d'un « Soldier Of Fortune » focalisé sur des boucles de trois-quatre riffs assez prenantes pour ne pas essouffler l'opus à mi parcours. Il y a de l'expérience et de la passion ici, ainsi qu'une grande constance (rien à jeter sur l'album), bien que The Eternal Battle change finalement peu sa formule. On regrettera l'absence d'un titre-fleuve ou le fait que l'interlude « The Time Has Come… » soit la seule digression acoustique de l'album, celle-ci arrivant en deux petites minutes à instaurer un climat contemplatif (que l'on retrouve malgré tout en filigrane sur la très Manilla Road « Song Of The Black Sword » ou « Warlife »).
En effet, il est clair que Doomsword joue sur des atouts vite définissables : un guitariste au jeu fluide (j'insiste, hallucinant comme tout s'enchaine sans faute de goût) possédant un ratio couilles/cheveux permanentés équilibré (« Warlife » ou la fin de « The Fulminant », à écouter en haut d'une colline en tenant fièrement son après-shampoing) et un Deathmaster charismatique au possible. Pas le chouineur doom ou la minette heavy, non non, mais un combattant qui a vécu, racontant les premières batailles avec gravité, vigueur et sobriété jusque dans les montées moules-burnes (sans pousser jusqu'aux tonalités suraiguës habituelles). Crois-moi, tu ne pourras rien faire face à lui, assis que tu seras à écouter le chevalier conter ses légendes. Ils ne s'y sont pas trompés d'ailleurs, le bonhomme étant largement mis en avant par la production (un peu trop, j'aurais apprécié un rendu plus organique). A ce propos, la basse peut être vu comme l'enfant-pauvre du mixage mais celui qui tendra l'oreille éprouvera du plaisir à entendre les notes élevées et cristallines de l'éponyme par exemple. Bref, impossible de résister, les quarante-trois minutes de l'essai passent toujours trop vite avec comme seul résultat un sourire candide et une main appuyant sur le bouton « Play » !
Attends-toi à un possible retour sur cette chronique pour replacer la galette dans la discographie des Italiens car je ne compte pas arrêter ici ma découverte de Doomsword. Celui-ci ne peut qu'entrainer un coup de cœur avec son metal racé, délicieusement intègre et exécuté avec une classe folle faisant vite oublier les quelques défauts évoqués plus haut. On en reparlera, sûr, et le prochain bébé de The Gates Of Slumber (prévu cette année) aura intérêt à présenter de sérieux arguments pour prétendre concurrencer The Eternal Battle !
| lkea 24 Février 2011 - 2299 lectures |
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