Chroniquer du doom ?! Et pourquoi pas ?! Si mes connaissances en la matière s'avèrent juste un peu moins limitées que celles des Anges de la Téléréalité en matière de thermodynamique et mes écoutes du genre aussi fréquentes qu'une victoire de l'OM contre le PSG, j'apprécie beaucoup ce que l'on nomme le doom épique. Des trucs à la Candlemass quoi, groupe dont j'adore les quatre premiers albums. Pas du doom/death qui m'ennuie le plus souvent mais bien du doom traditionnel à l'ancienne, celui qui reste finalement très heavy metal. Exactement ce que fait Crypt Sermon. Et puis si je ne m'en occupe pas, personne ne le fera ! Avouez que ce serait regrettable de ne pas voir apparaître dans ces pages ce nouvel album des Américains ? Même si sa sortie date déjà de plusieurs mois sur Dark Descent Records (lui aussi plus connu pour taper dans le metal extrême). Alors on s'y colle, d'autant que
The Ruins of Fading Light faisait partie pour beaucoup des grosses attentes de 2019.
C'est que Crypt Sermon avait fait le buzz avec son premier opus, l'excellent
Out of the Garden. Même au-delà des frontières du doom. C'était il y a cinq ans et c'est peu dire que le groupe se faisait attendre pour en donner une suite. Ce n'est pas la revisite "De Mysteriis Doom Sathanas" certes étonnante mais frustrante qui avait étanché la soif des fans. Ici par contre, il y a de quoi faire ! Près d'une heure de musique sur dix morceaux dont trois interludes orchestraux, illustrée par une jolie pochette du chanteur Brooks Wilson (Unrest, ex-Trenchrot puisqu'ils ont splité) nous renvoyant à l'époque biblique et autres temps reculés autour desquels tournent les thématiques du combo d'outre-Atlantique qui n'a depuis son premier méfait subi qu'un seul changement de personnel avec l'arrivée du bassiste Frank Chin (ex-Vektor et membre de Daeva avec les deux autres cryptologues Steve Jansson et Enrique Sagarnaga).
J'avoue toutefois que les premières écoutes n'ont pas eu l'effet escompté alors que
Out of the Garden avait su me happer d'entrée. Un sentiment assez étrange et difficile à expliquer car le quintette de Philadelphie n'a pas vraiment changé sa recette. On reste ainsi dans un doom très heavy metal à base de gros riffs mid-tempos appuyés ou carrément plombés et de double pédale, qui n'hésite pas à placer quelques accélérations bien senties. Un style hérité de Black Sabbath et proche de Candlemass ainsi que de Grand Magus, Sorcerer, Solstice et compagnie, aux longs morceaux épiques à l'ambiance sombre, triste, antique et religieuse. Sans oublier un son aux petits oignons grâce à une grosse production. Qu'est-ce qui cloche alors ? Les riffs semblent de prime abord peu inspirés, les mélodies n'accrochent pas et le chant, lui assez différent du premier opus, déconcerte. Un ressenti qui va perdurer durant deux-trois premières lectures décevantes avant la révélation, le déclic. Non, Crypt Sermon ne s'est pas planté et n'est pas devenu un énième feu de paille. Si
The Ruins of Fading Light s'avère moins immédiat que son grand frère (quoique le morceau d'ouverture "The Ninth Templar (Black Candle Flame)", le plus court et direct, envoie bien pour du doom !), peut-être en raison d'une durée plus longue, de compositions plus étoffées, de lignes de chant plus complexes et d'intonations vocales plus variées, il n'a pas à rougir face à lui. Il ne le surpasse certes pas mais l'égale volontiers, l'effet de surprise en moins. Les riffs vont en fait très bien, chargés de cette puissance émotionnelle, de ce souffle épique et de ce groove de la dernière chance propres au doom. Les mélodies ne faillissent pas non plus tout compte fait, avec tout un tas de solos vertueux (ça sweepe et ça shredde !) et autres leads enchanteresses (miam ce "Key of Solomon" hypnotisant !). Quelques mélopées revêtent même un léger parfum oriental pas déplaisant ("The Snake Handler"). La paire Steve Jansson / James Lipczynski a du feeling à revendre, qu'on se le dise ! Un jeu de guitare riche et varié complété par quelques séquences en arpèges (fin de "Our Reverend's Grave", "Christ Is Dead" à 3'49 et 4'50) et en acoustique (intro de "Christ Is Dead" et à 3'49, début de "The Snake Handler" et à 4'57, "Oath of Exile") qui contribuent à l'ambiance générale, tout comme les trois courts interludes "Epochal Vestiges" (épique et menaçant avec orchestrations et ... flûte !), le joli "Oath of Exile" (pluie, tonnerre et loup) et "Enslave the Heathens" (spoken words, percussions tribales et ... re-flûte !) à l'atmosphère moyenâgeuse. On retrouvera d'ailleurs de la flûte et le même type d'ambiance médiévale au démarrage de l'excellent "The Ruins of Fading Light" qui vient clore l'œuvre sur un final des plus épiques. Ils auraient par contre pu éviter d'enchaîner deux interludes à la suite.
Et le chant alors ? Eh bien pareil ! Déçu au début, j'ai finalement été convaincu à cent pour cent au bout de quelques écoutes. Quel super chanteur ! Brooks Wilson a su élargir son registre (il growle limte à un moment sur "The Ninth Templar (Black Candle Flame)" !), son timbre se fait plus grave, ses intonations plus théâtrales. Il donne vie à ses paroles et certaines de ses lignes prennent carrément aux tripes, sans oublier le côté catchy avec quelques séquences de "oh oh oh" fédérateurs ("Our Reverend's Grave", "Christ Is Dead", "The Snake Handler") et quelques refrains envoûtants. En particulier ceux de "Beneath the Torchfire Glare" minimaliste mais déclamé de façon lancinante presque hypnotisante et de "The Ruins of Fading Light", très poignant. Ayant vu plusieurs comparaisons avec un autre chouchou des doomsters qui a sorti un nouvel album remarqué en 2019 mais qui m'ennuie vite, Atlantean Kodex, j'avoue trouver que le frontman de Crypt Sermon véhicule bien plus d'émotions que l'Allemand aux intonations monotones qui ne me touchent pas du tout.
Un "grower". Voilà ce qu'est ce tant attendu nouvel album de Crypt Sermon. D'abord sceptique, je suis petit à petit devenu accroc à ce magnifique
The Ruins of Fading Light. Une suite qui fait honneur à la surprise qu'était
Out of the Garden en 2015. Les Américains ont pris leur temps pour composer et on sent le fruit de leur dur labeur. Fidèle au doom épique de Candlemass, Crypt Sermon ne change pas la donne mais accomplit un travail remarquable sur ce deuxième opus soigné qui nous présente un groupe plus expérimenté ayant su étoffer son jeu et ses ambiances. Porté par la prestation admirable du chanteur, des riffs plombés qui donnent le ton, de jolies mélodies mémorables et une rythmique pêchue, enrobé d'une atmosphère sombre, triste et épique,
The Ruins of Fading Light aura marqué 2019 de son empreinte. Jamais on ne s'ennuie sur pourtant pas loin d'une heure d'une musique belle et prenante. Une franche réussite pour un de mes albums préférés de l'année dernière.
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo