Scald - There Flies Our Wail!
Chronique
Scald There Flies Our Wail! (EP)
Pour tout amateur d’Epic Doom Metal, Scald fait partie de ces formations cultes et une sorte de trésor que l’on se transmet entre fans du genre. Pourtant, ce groupe, provenant de Russie, n’a eu que quatre années d’existence entre mille neuf cent quatre vingt treize et mille neuf cent quatre vingt dix sept. Un laps de temps suffisant pour sortir une démo, North Winds, et surtout leur unique et excellent album Will of Gods is a Great Power en mille neuf cent quatre vingt dix sept, et dont l’on reparlera ici dans quelques temps, mais qui impressionna, et impressionne encore, son petit monde, en dépit de faibles moyens alloués aux musiciens pour l’enregistrer. Malheureusement, le chanteur du groupe, Agyl, décéda en septembre mille neuf cent quatre vingt dix sept, mettant fin au groupe et voyant les quatre autres musiciens fonder Tumulus. L’histoire aurait pu s’arrêter là, avec plusieurs rééditions de leur unique album, mais c’était sans compter les organisateurs du festival Hammer of Doom qui les firent jouer pour l’édition de l’année deux mille dix neuf de ce festival, année de la reformation du groupe avec les quatre musiciens d’origine et nul autre au poste de chanteur que Felipe Plaza Kutzbach, le leader de Procession avec lesquels il avait repris le titre Night Sky de leur unique album. Et plutôt que de rester sur cette seule reformation, pour un premier concert en dehors du territoire russe, le groupe a décidé de continuer ainsi avec ce nouveau line-up, et donc nous présenter son premier enregistrement en vingt cinq ans avec ce EP There Flies Our Wail! sorti chez High Roller Records.
Deux titres, pour un peu moins de douze minutes de musique, c’est un peu court après autant de temps d’attente, surtout que seul le titre éponyme est une nouveauté, le second étant un réenregistrement d’un titre de leur unique album, mais l’on va s’en contenter. Ce qui frappe d’entrée, c’est bien évidemment les moyens modernes d’enregistrements mis à la disposition des Russes, et je dois dire que cela surprend quelque peu lorsque l’on est habitué à la production vieillotte de Will of Gods is a Great Power. Pour le reste l’on retrouve le Scald que l’on aime avec cet alliage d’Epic Doom Metal directement hérité des Grands Anciens, tels que Candlemass et Solitude Aeturnus, avec évidemment cette grosse influence du Bathory période viking metal. C’est déjà ce qui faisait la différence à l’époque, bien avant les deux premiers albums d’Ereb Altor, et c’est ce que l’on retrouve bien évidemment ici avec une touche un peu plus folklorique, qui s’entend notamment sur ces claviers au début du titre éponyme et sur les mélodies développées par les deux guitaristes. Un titre qui est de toute beauté et dont l’intensité monte au fur et à mesure jusqu’à ce final poignant. L’on se délecte évidemment de ces mélodies d’un autre temps, empreintes d’une certaine nostalgie et d’un regard tourné vers le passé, avec justement cet entrecroisement magnifique de leads. Bien entendu, c’est du classique de chez classique, mais c’est toujours aussi bien fait, avec une certaine simplicité et une certaine beauté aussi, mais cela prend aux tripes à coup sûr, et c’est fait avec suffisamment d’intelligence et d’inspiration pour que l’on se prenne rapidement au jeu. Bon, il ne s'agit pas d'un titre si nouveau que cela puisque c'est une version réinterprétée, mais bien meilleure dans ces nouveaux apparats, du titre Leti, voy nash! présent sur l'album Vakor du groupe Intothecrypt, formation comprenant trois des membre de Scald - Velingor, Ottar et Harald. Il n’était sans doute pas facile de reprendre la place du regretté Agyl et pourtant il n’y a pas du tout d’erreur de casting avec Felipe Plaza Kutzbach qui s’en tire excellemment avec son chant clair puissant et mélodique, il suffit d’écouter ce très bon réenregistrement d’Eternal Stone pour se rendre compte qu’il est ici très à l’aise et n’est pas seulement le super remplaçant des groupes d’Epic Doom Metal. En tout cas, il n’y a aucun doute sur le fait que c’est le meilleur choix que pouvaient faire les Russes pour ce poste de chanteur.
Comme dit plus haut, c’est très frustrant de n’avoir que douze petites minutes de nouveauté chez Scald, mais elles valent largement le détour. Le nouveau titre montre que les Russes n’ont aucunement perdu leur inspiration, même si l’on aurait bien repris quelques minutes supplémentaires de musique, comme au bon vieux temps. Dans tous les cas, si l’on pouvait avoir quelques doutes sur une énième reformation d’un groupe culte, ils sont vite dissipés à l’aune de ces deux titres, qui, je l’espère, ne seront pas qu’un simple amuse-gueule, et que l’on aura assez prochainement un album complet de Scald. Dans tous les cas, cet EP, - autant que leur unique album -, vaut complètement le détour et l’imagerie viking et païenne du groupe ne doivent nullement vous détourner de cette formation, car l’on est ici dans quelque chose de noble et non de festif. Bref, ce retour de Scald est des plus enthousiasmants: vivement la suite!
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