Troisième album pour Crypt Sermon après deux très belles réussites, le magnifique
Out Of The Garden qui avait surpris tout son monde en 2015 avant que The Ruins of Fading Light ne l’achève, confirmant tout le bien que l’on pensait alors du combo ricain. Il faut dire qu’en matière de doom trad’ ou d’Epic doom, les candidats au trône ne sont pas si nombreux. Les copies de Candlemass ou de Reverend Bizarre se succèdent, souvent sans grand succès, parfois même dans l’anonymat le plus total. La faute à un style qui doit être ultra maitrisé pour être pertinent et dans lequel il demeure difficile de tracer sa propre voie au milieu du souvenir des grands anciens.
Précisément, Crypt Sermon a trouvé son chemin, son univers dans les interstices laissés vacants par les grands noms de la scène. Son doom trad’, très heavy, gonflé de gros riffs pesants, n’est jamais rétif à l’idée de balancer çà et là de belles accélérations ; l’ambiance mélangée d’atmosphères un brin fantasy, médiévales mais aussi mystiques rappellent sans doute Grand Magus, Black Sabbath, Sorcerer aussi, mais lui demeure propre à raison d’un son très chaud, ultra réconfortant, qui donne une épaisseur réelle à sa musique. Crypt Sermon réussit ainsi le pari de s’inscrire dans les traces des plus grands tout en développant un univers propre.
The Stygian Rose est de cet acabit. Sur un format très raisonnable de 45 minutes pour 6 titres, le combo ricain développe ses ambiances dès l’ouverture, Glimmers in the Underworld, au son d’arabesques ultra travaillées, de riffs qui explosent en feu d’artifice dès le départ, de solis totalement enlevés qui surplombent une structure lourde et majoritairement mid-tempo. La voix reste chaude, profonde, peu portée sur les aigus et, de fait, elle accompagne à merveille les multiples solis qui parsèment le titre comme les mélodies placées en pont central, plus hard rock que réellement heavy (sur Glimmers, vers les 2’50). Cette multiplication des solis est le fil rouge de cet album. Comme je l’ai souligné, ils explosent littéralement tout le long des morceaux, en offrant une dynamique incroyable aux morceaux (le pont central sur Glimmers, vers les 4’). Thunder (Perfect Mind) reprend ces codes en les fondant dans des ambiances plus proches de Candlemass, privilégiant une approche toutefois plus monolithique, mais sans négliger, de nouveau, les arabesques centrales.
Cette volonté de « couper » les titres de riffs ultra dynamiques, de solis enlevés est la vraie belle idée de cet album tant la vélocité du tout s’en ressent immédiatement. Pour autant qu’elles soient pesantes, les structures paraissent à bien des égards plus légères en raison précisément du nombre élevé de solis qui les transpercent et les aèrent. Glimmers in the Underworld et Thunder sont deux gros blocs de granit mais fissurés comme jamais par ces solis endiablés ; Down in the Hollow et Heavy is the Crown of Bone, en sens contraire, sont plus accessibles, plus rock n’ roll mais, de fait, les solis leur offrent une dimension nouvelle, plus metal et plus dynamique, presque saccadée parfois, leur donnant des petits côtés death bienvenus (le pont central sur Heavy is the Crown of Bone est tout simplement dingue, qui relance totalement la direction du morceau vers un univers chaotique).
L’album se clôture sur des notes différentes, se réservant quasiment les deux titres les plus longs. Scrying Orb est ainsi dopé de mélodies entêtantes, tournoyantes, comme jouées au clavecin, presque menaçantes, accompagnées d’une voix presque pop, au moins hard rock FM, un brin sucrée. Trainante, la structure prend son temps pour durcir le ton, pour un morceau plus paresseux, que les très beaux solis, de nouveau, enjolivent mais toujours dans un sens très accessible, bien plus proche du hard FM que du heavy. Pour le coup, ce titre tranche un peu trop par rapport au reste, faisant perdre à l’album, sur sa fin, sa cohérence de départ. Seuls les solis sublimes sauvent le tout mais il est vrai qu’ils permettent d’oublier beaucoup de choses. The Stygian Rose s’inscrit exactement dans cette veine, avec un départ au piano, qui égrène ses notes fragiles et nostalgiques avant que la structure n’accélère le mouvement en tranchant avec un son plus profond et des riffs plus lourds. Mais les 11 minutes développent majoritairement des ambiances plus aériennes, un propos plus mélodique, les gros riffs n’étant là que pour souligner les quelques aspérités d’une progression musicale davantage épique que réellement pesante.
The Stygian Rose est globalement un bel album. Il me fait moins bonne impression que
Out Of The Garden, la faute sans doute à la surprise passée. Il demeure des choses magnifiques, comme cette science du solo qui transcende tout. Mais d’autres aspects, les derniers titres, longs et plus faibles, qui font chuter la dynamique globale, n’emportent pas la conviction. Dommage.
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