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Fvneral Fvkk - Carnal Confessions
Chronique
Fvneral Fvkk Carnal Confessions
Il y a des noms qui sont trompeurs : la moussaka n’est pas un dessert mais un plat principal ; Kärcher ne s’occupe pas que des jets d’eau à haute intensité ; l’entreprise Chausson ne vend pas de chaussons (et Frans Bonhomme emploie aussi des femmes) ; Uber Eats ne livre pas de la gastronomie supérieure ; les magasins Carrefour ne se situent pas nécessairement au croisement de plusieurs voies… Et Fvneral Fvkk n’est pas un groupe de goregrind nécrophile mais de doom metal particulièrement classieux.
La formation allemande a tout de même des allures de coup d’un soir avec son unique album, Carnal Confessions étant le seul véritable fait notable de sa maigre discographie malgré dix ans d’existence. La troupe se fait rare mais continue d’exister, donnant des concerts dans son pays natal en dépit d’une relégation dont je peine à trouver les raisons. Peut-être que l’attention portée davantage à Ophis et Voidhaven (autres projets comprenant à eux deux la quasi-totalité de Fvneral Fvkk) a joué, chacun étant nettement plus actif que celui qui, jusqu’à présent, n’a qu’un seul longue-durée à son actif.
Peut-être aussi que ce dernier est si réussi que l’idée de lui en donner une suite se pose avec quelques appréhensions. En effet, on est là face à un one-shot qui parvient à faire un headshot du début à la fin, Carnal Confessions étant une œuvre marquante du doom metal dans un style que l’on rencontre peu – ou, du moins, aussi prenant sans tomber dans certains travers. Composer des morceaux parvenant à être épiques sans tomber dans un imaginaire cliché, mélodiques et éplorés sans guimauve, étalés et pourtant accrocheurs, n’est pas donné à tout le monde. Fvneral Fvkk met la barre haut, sans doute pour respecter un thème principal qui demande un certain sérieux et une grande implication : les abus sexuels dans l’Eglise, plus précisément les viols, l’homophobie et la répression de la parole des victimes qui ont cours en son sein.
Tel sujet demande de la sincérité et de la justesse pour garder son impact, ne pas tomber dans une surenchère courante dans le metal faisant passer au second plan la souffrance de ceux et celles le subissant. Fvneral Fvkk y parvient, tirant son inspiration dans le doom metal ambigu dans sa foi de My Dying Bride (période Angel and the Dark River) ou Griftegård, évoquant Solitude Aeternus ou Isole dans ses formats épiques semblant raconter des histoires – des reportages sommes-nous tentés de corriger, des titres comme « Chapel of Abuse » ou « Poor Sisters of Nazareth » faisant ressentir le propos avec force, de la musique aux paroles.
La voix de Cantor Cinaedicus résume à elle seule la beauté de l’ensemble avec ses prêches détournés, consolatrice envers les oublié(e)s, les manipulé(e)s, les bafoué(e)s, par des lignes remarquables, accusatrices autant que solennelles. Un chant aussi puissant qu’empathique, où une certaine paix ressort derrière la mélancolie et la colère. L’émotion vise ici le Très Haut, réclamant réponse par une présentation d’actes pervers de la part de ses prétendus serviteurs. En bon accusateur, Fvneral Fvkk a travaillé ses compositions comme des vindictes définitives, simples dans leurs structures pour mieux surligner la magnificence des riffs et la tragédie de ce qu’ils illustrent.
L’œuvre n’en est pas simpliste pour autant, des arrangements et harmonies multiples empêchant de donner le sentiment de tourner en rond. Carnal Confessions mérite qu’on tende l’oreille à son écoute, qu’on décortique son propos, fasse attention à ce qui se trame derrière la surface, comme il cherche à dévoiler ce qui se cache au sein des cloîtres. À ceci près que Fvneral Fvkk possède des secrets bien plus beaux que ceux de l’Eglise. Les défauts, quant à eux, sont affichés, un dernier titre moins impressionnant, quelques passages où la tradition se fait trop sentir, un nom qui malheureusement rebute à aller vers les Allemands. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Carnal Confessions est un indispensable pour qui aime son doom metal grandiloquent autant qu’éloquent.
| | Ikea 27 Septembre 2025 - 571 lectures |
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