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Solstice - Death's Crown Is Victory

Chronique

Solstice Death's Crown Is Victory (EP)
Le vendredi dix huit octobre deux mille treize fut un grand jour pour le metal, même si peu de gens s’en étaient rendu compte à l’époque. C’est précisément en cette journée que Solstice proposait enfin un nouvel enregistrement avec le présent EP Death’s Crown Is Victory, soit quasiment quinze années après la sortie de leur deuxième album, le sublime New Dark Age. Même si, avant cette sortie, l’on eut le droit à quelques compilations des démos du groupe et à quelques rééditions de sa discographie chez Cyclone Empire, histoire de rester centré sur la légende passée de la formation. Il faut aussi préciser que Solstice était revenu d’entre les morts, puisque d’abord séparé en deux mille deux, Rich Walker se consacrant un temps à Isen Torr et à son label The Miskatonic Foundation, mais redonna vie à son groupe en deux mille sept. Bien entendu, ce fut une nouvelle fois un grand chambardement au niveau du line-up, et pas moins de six musiciens ont défilé au sein de la formation, Rich Walker ayant puisé ses troupes chez Pagan Altar, dont il fut un temps le second guitariste, Asomvel, Scarab, voire Funeral Circle, même Shaun Taylor-Steels était repassé par les rangs du groupe. Mais il a retrouvé une certaine forme de stabilité avec l’arrivée de Andy Whittaker au poste de guitariste, venu tout droit de The Lamp of Thoth, et celle de Paul Kearns au poste de chanteur, lui qui avait officié chez Arcane Sun, Fifth Dominion et Eden Obscured. Petit à petit, ce qui paraissait encore inespéré quelques années plus tôt allait prendre vie: Solstice allait enfin sortir une nouvelle réalisation.

L’on ne peut nier que lorsque vous avez autant d’expectatives auprès d’un groupe dont vous vénérez les précédentes réalisations, l’on a le plus souvent des déceptions et des désillusions plutôt que de réels motifs de satisfactions. Et je me souviens des quelques appréhensions avant d’écouter ce disque, après une grande excitation de voir l’annonce de la sortie de Death’s Crown Is Victory. Tout ceci fut rapidement dissipé, dès l’introduction de cette réalisation que constitue Fortress England, où les guitares font leur entrée après quelques bruits de nature, de vent et d’un corbeau au loin, avec quelques arpèges et une lead qui trace son chemin, annonciatrice de la teneur de cette réalisation. Ce sera à la fois majestueux, un peu nostalgique dans un premier temps, avant de prendre des accents plus héroïques. Et c’est dont il sera question sur ces quelques vingt six minutes, où les Anglais ont décidé de suivre un cheminement assez commun mais pour autant léché avec une introduction, Fortress England, et une conclusion, Aequinoctum II, instrumentales, et deux longues compositions au centre, I Am The Hunter et Death’s Crown Is Victory. Que tous ces doutes furent rapidement balayés, même si la courte durée de cette réalisation avait de quoi être assez frustrante, tant l’attente fut tellement longue. Le Solstice que j’ai tant aimé était enfin de retour.

Un retour en grâce qui ne modifie en rien de ce que l’on peut attendre de la formation du Yorkshire, à savoir cet éternel Epic Doom Metal, qui s’inscrit dans la lignée de ce qu’il avait fait à l’époque de New Dark Age, c’est dire le niveau de qualité que nous avons ici. Pour autant, nous n’avons guère là une copie carbone de formules ayant apporté le succès auparavant. Si l’ossature reste toujours celle de cet Epic Doom Metal qui est bien propre au groupe, et qui fait tout autant la part belle aux passages lents qu’à ceux bien plus entraînants, l’on sent aussi ici que l’on s’est pas mal nourri de heavy metal aux consonances épiques, et que la frontière est parfois assez ténue entre les deux genres, même si c’est la composante lente qui prend encore et toujours les devants ici. L’on sent toutefois poindre ici tout ce qui fera le charme et le succès de White Horse Hill. L’on imagine bien que Rich Walker et ses acolytes ont pris le temps de peaufiner ces compositions et cela se ressent nettement sur le travail d’écriture, aussi bien sur les deux instrumentaux que sur les deux longues compositions de cette réalisation.

Il y a ici une qualité indéniable et les titres sont loin d’être simplistes, tant tout y a été soigné entre introductions majestueuses, alternance entre couplets flamboyants et refrains puissants et fédérateurs. Mais l’on aime bien aussi jouer sur les contrastes et l’on retrouve ainsi quelques temporisations bienvenues, ces moments de recueillements avant de se lancer dans le dernier assaut et qui fonctionnent toujours aussi bien. C’est bon de venir rappeler au monde la manière dont il fallait procéder, surtout en cette époque de vaches maigres pour le genre. Mais c’est surtout assez jubilatoire de se laisser porter par des titres assez complets et qui se vivent pleinement. Je veux dire par là que la dimension épique de Solstice n’est pas uniquement due à ses qualités musicales, à ses mélodies homériques, elle provient également de ces compositions qui ont une très grande puissance évocatrice et narratrice. Il est ainsi très facile de se laisser prendre au jeu, de fermer les yeux et de se voyager dans le passé, et de revenir en ces temps immémoriaux où la bravoure et l’honneur étaient des valeurs cardinales. Et les Anglais n’ont pas besoin d’artifices et de cache misère pour nous faire passer le message, et l’on voit assez aisément les images d’un héros qui harangue ses troupes avant la bataille finale sur Death’s Crown Is Victory.

Là n’est pas le seul motif de satisfaction sur ce Death’s Crown Is Victory. Comme toujours avec Solstice, le chapitre guitares est on ne peut plus soigné et est toujours un vrai régal. Riffs herculéens, leads et harmonisations magnifiques, soli inspirés, l’on retrouve tout ce qui fait le charme du groupe depuis plusieurs décennies et tout ce qu’il faut pour ravir tout amateur de vrai metal qui se respecte. Il y a de l’inspiration et une forme de génie dans tout ceci, Andy Whittaker et Rich Walker se complétant à merveille. Fidèles à certaines traditions, ils s’exécutent assez souvent dans des duels de soli ou de leads, c’est en cela que l’on retrouve désormais chez Solstice une touche volontiers plus traditionaliste dans la manière de faire. Et qui dit tradition et metal, dit forcément des passages aux twin leads, un Art qui tend à se perdre de nous jours et qui reste toujours aussi magnifique. Ils savent aussi jouer la carte du calme avant la tempête, avec ces breaks où la saturation laisse place à des arpèges et quelques mélodies aux accents plus nostalgiques. L’on dira que ce n’est pas une réelle surprise de la part du quintet, mais il est réellement plaisant de le retrouver avec une telle inspiration.

L’on avait laissé Solstice quinze années plus tôt avec un excellent chanteur en la personne de Morris Ingram, et j’avoue que j’avais pas mal d’attentes concernant Paul Kearns. Mais pour le coup, le choix s’est avéré pertinent, même si l’on n’est plus dans le même type de voix que ses prédécesseurs, l’Irlandais ayant une voix de baryton. L’on perd donc certaines montées dans les aiguës du passé mais pour laisser place à une plus grande puissance. Et effectivement, Paul Kearns, du coffre il en a, avec son timbre de voix assez personnel, qui, s’il ne joue pas sur la technique pure et ne cherche pas à imiter ses prédécesseurs, ni d’autres grandes voix, joue bien plus sur l’émotion. Encore que l’on pourrait le rapprocher d’un Messiah Marcolin, mais avec des tonalités plus graves. Mais c’est réellement une source de satisfaction et il cadre bien avec l’orientation prise désormais par Solstice, même s’il sera encore meilleure sur White Horse Hill. Dans tous les cas, il sait donner vie à ses écrits et l’on y croit réellement lorsqu’il entonne des paroles telles que « My name is revenge, their fate cast in stone » sur I Am The Hunter, ou, mieux encore, « We’ll never surrender, we’ll never yield, Death’s crown is victory », sur le titre éponyme. D’ailleurs, ce titre éponyme à lui seul vaut le détour, tant il est parfait dans sa construction.

Des motifs de satisfaction et même d’espoir, Death’s Crown Is Victory en regorge, et pas seulement parce qu’il nous permet d’enfin retrouver Solstice après quinze années d’errances, mais parce qu’il pose les premiers jalons de ce que sera White Horse Hill. Qu’il fut bon de retrouver les Anglais dans une très belle forme avec, avec certes un format court, mais d’une excellente qualité. Le groupe de Rich Walker n’a ainsi aucunement perdu de sa superbe et demeure cette fantastique formation d’Epic Doom Metal avec une personnalité forte et qui ne s’est pas diluée avec le temps. L’on retrouve ici tous les motifs de consolation avec ces quatre nouveaux titres qui ne dépareillent pas dans la discographie du groupe, mais qui montre aussi des petites nouveautés qui sont les bienvenues. Il y a même plus qu’un fugace contentement avec cette réalisation, car elle annonçait bien le triomphe à venir, ou en tout cas des motifs de croire et d’espérer en ce retour, ne serait-ce qu’avec le titre éponyme qui va au-delà des espérances suscitées par cette renaissance. Si le groupe revenait par la petite porte avec seulement un EP sous le bras, il assurait pourtant ici ses bases, présentait ses nouvelles recrues et estimait les forces en présence: un premier pas avant la consécration future.

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Solstice
notes
Chroniqueur : 4.5/5
Lecteurs :   -
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plus d'infos sur
Solstice
Solstice
Epic Doom Metal - 1990 - Royaume-Uni
  

tracklist
01.   Fortress England  (03:21)
02.   I Am The Hunter  (09:00)
03.   Death’s Crown Is Victory  (09:47)
04.   Aequinoctium II  (03:55)

Durée : 26:03

line up
parution
18 Octobre 2013

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