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Ecclesia - De Ecclesiæ Universalis
Chronique
Ecclesia De Ecclesiæ Universalis
De manière assez surprenante depuis quelques temps, l’epic doom metal semble avoir le vent en poupe si l’on se réfère au nombre croissant de nouvelles formations qui sont apparues depuis ces dernières années, en comptant également avec l’activité de certaines formations anciennes. Mais c’est toujours aussi épatant d'une certaine façon, alors que ce genre a le plus souvent été mis de côté et n’a souvent passionné que quelques fans. L’autre fait marquant par rapport à ces nouvelles formations, c’est qu’elles ont souvent été créées par des musiciens évoluant ou bien dans le death metal ou bien dans le black metal. C’est un peu le cas avec les français d’Ecclesia, dont la formation remonte à deux mille seize, mais qui s’est vu renforcé par les arrivées de Grégoire Galichet et Arnhwald Rattenfänger, tous deux membres de Glaciation et de Deathcode Society. Le groupe avait produit auparavant un EP sorti il y a deux ans, Witchfinding Metal of Doom, et dont nous retrouvons sur ce De Ecclesia Universalis trois compositions, réenregistrées pour l’occasion.
Ecclesia signifie église en grec et cela a son importance chez les Français, non seulement sur les thématiques abordées, renforcées d’ailleurs par un artwork adéquat, mais aussi dans leur musique, puisque l’on retrouve de l’orgue sur toutes les compositions. Cela donne évidemment une coloration très religieuse, en dépit des paroles bien plus blasphématoires, même s’il est, à mon goût, un peu trop présent par moment, mais c’est sans doute parce que j’aime bien mon epic doom metal sans trop d’artifices. En tout cas c’est l’une des grandes originalités du groupe, et cela le rapproche par moment des Italiens de Trinakrius, notamment dans cette approche empreinte de religiosité. L’on notera d’ailleurs la présence de quelques chœurs religieux sur certaines chansons, aux mêmes titres que quelques samples de sermons qui vont bien renforcer cet aspect ou de films, dont le fameux Witchfinder General sur God’s Trial. L’autre marque de fabrique du groupe, si je puis dire, n’est autre que leur chanteur Arnhwald qui survole effectivement les débats dans différents registres, aussi bien au chant clair, majoritaire sur cet opus, qu’au chant saturé. Pour le premier, celles et ceux qui ont prêté une oreille au dernier disque de Glaciation ne seront pas trop surpris par la justesse du chant, mais il est ici bien plus complet et bien plus étoffé, en étant capable de monter bien haut dans les aiguës, mais en aillant aussi un côté éraillé, qui rappellera bien des chanteurs des années quatre vingt, ou, bien plus proche de nous, celui de Crypt Sermon, mais sans fort heureusement le côté Hard FM de Brooks Wilson, et, pour en revenir à une référence bien plus noble, je pense surtout à Thomas Vikström, qui chanta sur le Chapter VI de Candlemass. Si son chant extrême est bon, je trouve ces interventions moins pertinentes, mais, là encore, cela tient à mon côté très zélote en matière d’epic doom metal.
Il ne faudrait pas pour autant se dire que ces deux éléments ne sont que des écrans de fumée, car derrière cela suit parfaitement. Le sextet s’appuie déjà sur une très bonne qualité d’écriture et l’on ne s’ennuie guère sur ces dix titres. Il y a des bonnes idées et surtout une bonne balance entre les parties plus enlevées et les passages plus lents. Dans tous les cas, il y a surtout une mise en avant d’une certaine puissance et d’un mélodisme bien léché, sans tomber dans la facilité. Évidemment, c’est plus dans une forme moderne de l’epic doom metal que nous avons ici, et plutôt dans sa consonance américaine et efficace pour être précis, je pense notamment à Crypt Sermon, de temps à autres à Solitude Aeturnus, et si la comparaison avec Candlemass devait être faite, c’est plus pour l’album Chapter VI comme évoqué plus haut, étant donné que l’on n’a pas forcément des passages d’une extrême lenteur ici. L’on est peut être moins dans le lyrisme mais plus dans l’efficacité, ce qui ne constitue en rien quelque chose de préjudiciable. À cet égard, l’on soulignera les quelques influences power metal, comme le final tranchant et à la double pédales de Antichristus. Dans tous les cas, il ne faut pas se méprendre, si les influences sont évidentes, ce n’est aucunement de la repompe qui est faite ici: Ecclesia tire vraiment son épingle du jeu dans un genre très codifié, il est vrai. Et comme dit plus haut, le talent est là et s’exprime très bien et dans ce registre, le guitariste soliste Julius Accusator s’en sort très bien. Mais il faut souligner que c’est bien tout le groupe qui sonne très cohérent et très bien en place, avec une production qui fleure bon les eighties et qui va bien dans ce sens.
De Ecclesiæ Universalis est ainsi une belle réussite et une belle surprise au sein de cette scène française, car elles ne sont pas légion les formations évoluant dans les sphères de l’epic doom metal dans notre contrée, cela doit même se compter sur les doigts d’une seule main. Si j’ai quelques griefs concernant certains choix de la part du groupe, mais qui relèvent bien plus de mes goûts et de mes dogmes personnels en la matière, Ecclesia a pour autant réalisé ici une très belle première livrée. Les Français délivrent sur cet album un enchaînement de titres de très bonne facture, assez diversifiés en soi, avec tout de même un penchant notable pour l’efficacité et la puissance. Et puis il y a ce petit plus dans la cohérence entre le concept du groupe et ce qu’il en a fait réellement d’un point de vue musical avec un versant à la fois mystique et hérétique de sa musique qui fait que l’on a sans doute devant nous une formation avec laquelle il va falloir compter dans les années à venir. Nul doute que cette deuxième pierre à l’édifice de cette fondation religieuse impie aura de quoi ravir les amateurs du genre et même au-delà.
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