La première écoute du 5ème album de
BAPTISM n’a pas du tout, mais alors pas du tout correspondu à ce que j’en attendais. J’ai poussé des soupirs à répétition, j’ai maudit Lord Sargofagian de vouloir évoluer et de perdre finalement les caractéristiques qui me faisaient adorer son groupe, j’ai pesté... Car auparavant le Finlandais était à ranger aux côtés des meilleures formations de son pays, avec
SATANIC WARMASTER,
SARGEIST ou
HORNA grâce à un black mélodique génial d’un bout à l’autre. Souvenez-vous de la chro de
As The Darkness Enters, sorti en 2012. J’y vantais l’équilibre entre le trve black et l’ouverture excessive. Des ambiances envolées, des mélodies sautillantes, des vocaux clairs à la
BLOOD RED FOG, des titres qui devenaient imprévisibles.
J’ai donc commencé par faire la moue face à
V : The Devil’s Fire, car je ne reconnaissais pas cette description. J’ai donc reposé les écouteurs, laissé passer quelques journées, le temps de digérer que le style avait changé, et je suis replongé dedans en connaissance de cause. Et là, effet contraire. Je m’étais convaincu que cet album était du trve sans mélodie, je l’ai redécouvert finalement bourré de trouvailles accrocheuses. Sûr qu’il n’a plus la luminosité excessive du précédent, mais il reste extrêmement ouvert aux sonorités variées. C’est la comparaison qui m’a trompé, et bien trompé. La lumière est toujours là, moins constante, moins aveuglante, mais toujours là !
Elle met aussi un peu de temps à arriver. Après « Natus Ex Ignis », une introduction instrumentale de moins de 2 minutes, on se retrouve avec le titre « Satananda » qui galope, qui bourrine, qui se veut être un black metal très cru. Mais qui semble malheureusement à la portée de n’importe quel autre groupe débutant de black avec un minimum de haine au fond de ses tripes : batterie en mode accéléré, vocaux râpeux, guitares agressives... Mais voilà, il faut être patient et ne pas se braquer car le véritable visage de
BAPTISM apparaît à partir de 3 minutes 30. Un riff typique de la formation fait son apparition, légèrement en arrière, mais très fidèle aux Finlandais. On commence à frétiller, et une minute plus tard apparaît une nouveauté : des chœurs à tendance épique ! Le morceau prend une nouvelle dimension. Ça y est, on retrouve bien le talent de Lord Sargofagian. Sur cette piste il est épaulé par Infection de
HORNA. Ces deux groupes sont très fortement liés au point de partager leur line-up. Lord Sargofagian a été le batteur de
HORNA en 2007. Les relations sont restées excellentes. Et sur ce nouvel album de
BAPTISM, on retrouve des musiciens qui œuvrent déjà pour
HORNA. Le chanteur Spellgoth qui se fait appeler ici SG.7 et le batteur, LRH. Les deux autres membres sont le guitariste TG (
TRUE BLACK DAWN /
TROLLHEIM’S GROTT), et le bassiste Syphon (
TRUE BLACK DAWN aussi). La fine équipe quoi... Normal de trouver des similitudes entre les uns et les autres...
Le schéma musical de « Satananda » se retrouve sur le morceau suivant, « The Sacrament of Blood and Ash », peut-être trop fidèlement d’ailleurs, avec encore un début en fanfare survolté, assagi par un break puis une mélodie encore en retrait - mais qui parvient à s’emparer de notre âme - et surtout avec encore les mêmes chœurs épiques. On se dit alors qu’on va y avoir droit à chaque piste, mais non, l’artifice ne sera pas réemployé jusqu’à en user la corde. A noter que c’est la voix de Mikko Kotamäki (
SWALLOW THE SUN) qui est en renfort sur cette piste. Le dernier invité, sur « Buried With Him » sera Antti Boman, chanteur du groupe de death technique
DEMILICH.
Sans vouloir tomber dans la chro track par track, je suis obligé de parler du morceau suivant, « Devil’s Fire » qui est le dernier à vouloir se montrer plus méchant qu’il n’est réellement. Lui aussi commence sur les chapeaux de roue avant de prendre les légèretés mélodiques déjà énoncées. Il se fend aussi d’un soli plus progressif, mais avec un feeling evil.
Les quatre morceaux restants sont moins axés sur l'esprit "démoniaque". « Abyss » et « Malignant Shadows » font le chemin inverse des autres en commençant par la mélodie pour arriver à l’agressivité, et « Cold Eternity » a beau être rapide, il met cette mélodie plus en avant. « Buried With Him » propose quant à lui un long final calme et apaisé, avec un rythme lent et un orgue discret.
BAPTISM a gardé son talent de composition, et il faudrait faire la fine bouche pour ne pas être touché par les nouveaux titres. Ils sont très matures, bien équilibrés, mais je garderai une préférence pour l’album précédent qui donnait l’impression de se lâcher plus, de rester plus en mémoire. Il était plus jouissif et plus instantané.
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