Et revoilà enfin
SAOR, le groupe qui a fait l’unanimité avec
Aura, et qui n’aura déplu qu’à ceux qui rejettent systématiquement un groupe devenu trop apprécié.
On replante le décor et d’abord les personnages, ou plutôt le personnage puisqu’Andy Marshall s’occupe toujours de tout, de la composition au chant en passant par la guitare et la basse. Il faut tout de même préciser que des "mains" sont là pour l'épauler et reproduire ses souhaits à la batterie, au violon et aux autres instruments surprises dont on va reparler plus bas. L’Écossais de 28 ans a déjà de nombreux fans, glanés au fil des sorties de
IN VINO VERITAS,
ASKIVAL ou
ÀRSAIDH. Ce dernier étant devenu
SAOR après la sortie en 2013 de
Roots, album repressé par la suite sous le nouveau nom de groupe. Petit changement qui fait donc de ce
Guardians le troisième réel album de
SAOR.
Deux ans ont passé depuis la sortie d’
Aura. Cela peut sembler une durée normale, voire courte, mais Andy s’est entretemps permis une petite incartade et a créé
FUATH, dont le premier album
I a su convaincre notre cher AxGxB. Andy est donc comme ça, bouillonnant d’idées, mais logique. Il a une vision de sa musique et ne se permettra pas de garder le même nom quand il veut jouer un style différent. La musique imaginée pour
FUATH n’aurait donc pas pu sortir sous le nom de
SAOR. Il veut respecter l’ambiance, le concept, et donc le monde de chacun de ses projets. C’est ce qui explique l’apparent immobilisme des nouveaux titres de
Guardians par rapport à
Aura. Ils en sont la suite naturelle, logique et même attendue. En qualité aussi. Alors, excellent était
SAOR, excellent reste
SAOR.
Le concept est toujours un black atmosphérique inspiré par les Highlands. Et donc agrémenté de nombreux éléments tels que des cordes, flûtes, cornemuse… Chaque titre propulse dans des paysages immenses et impose des images de nature à l’esprit. Et a le don de figer le temps. Ces ambiances ne renvoient pas nécessairement à une époque lointaine, mais plutôt dans un espace temps immobilisé, à la fois très réel et fantastique.
Ceux qui connaissent l’album précédent comprennent. Ils savent que les instruments cités ne transforment pas la musique en black folk, pagan, viking ou tagada tsointsoin. Ils savent que l’ensemble a un goût de maturité et crédibilité. Ils savent que l’équilibre est magique. Par contre, ils ne savent pas encore que sur le nouvel album ils trouveront encore plus de mélodies, encore plus de parties instrumentales éthérées qu’avant. Trop ? Pas nécessairement car
SAOR a toujours le talent pour hypnotiser l’auditeur. Il le prend, il ne le lâche plus. Il le fait voyager pendant 56 minutes, soit la même durée que sur son prédécesseur. Même durée et même nombre de pistes : 5. Par contre alors que sur
Aura elles faisaient entre 8 et 13 minutes, elles sont ici toutes aux alentours des 11 minutes.
Et si elles forment un tout logique et cohérent, il existe des différences entre chacune d’elles. Pas dans les ambiances, mais dans les éléments mis an avant. C’est le piano qui a le beau rôle sur tel titre, la flûte ailleurs, la cornemuse a un autre moment. Et parfois ces éléments s’entremêlent et permettent de faire passer d’une sensation de plénitude à de la mélancolie, de glisser de la douceur à l’héroïsme. C'est là que le talent de l'entourage de Marshall entre en jeu. On retrouve Meri Tadic (ex-
ELUVEITIE également apparue chez ARKONA), Bryan Hamilton (
CNOC AN TURSA), Kevin Murphy (
CHALICE OF SUFFERING)...
Et le véritable talent de Marshall, c’est de rendre sa musique universelle. Oui, le thème est lié à l’Écosse, mais même en s’en carrant totalement, on se retrouve forcément touché, concerné. Ecouter cet album en extérieur, c’est un éveil. Il nous fait voir le quotidien autrement, incite à avoir un autre regard sur les gens, le décor, les mouvements. Les sensations prennent vite le pas sur la thématique. C’est majestueux.
Et pourtant, on peut ressentir les limites du concept.
Roots n’avait pas ce niveau-là, mais
Aura et
Guardians sont du même acabit. Ce qui pourra lasser les moins patients, les plus avides de nouveautés. Personnellement ce n’est pas encore le cas, mais j’ai l’impression tout de même que la boucle est suffisamment bouclée désormais, et que je risque d’avoir moins de plaisir sur le suivant. On verra le moment venu, pour l’instant, savourons.
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