Je suis bien content de faire cette chronique parce qu’elle va me permettre de m’exprimer sur un terme que je vois assez fréquemment ici ou là, et qui a encore été récemment employé au sujet de
SAOR. Ce terme, c’est « sur-évalué ».
SAOR serait donc un groupe sur-évalué. Or, l’expression me semble non seulement galvaudée, mais aussi inappropriée. Car elle voudrait dire qu’un groupe ou un album est considéré comme meilleur qu’il ne l’est. Cette considération, elle ne peut être exister que si elle a été constatée. Et elle ne peut donc qu’être subjective. Seul celui qui va voir sur les forums ou réseaux sociaux trouvera qu’un groupe reçoit des louanges que lui-même n’attribuerait pas. Celui qui se contente d’écouter un album sans se soucier de ce qu’a dit untel ou untel n’aura jamais connaissance de l’opinion d’une prétendue « masse ». Pire, ceux qui disent d’un groupe qu’il est sur-évalué veulent en fait tout simplifier manifester leur mécontentement ou incompréhension envers le fait qu’un album qu’ils n’on pas aimé soit apprécié par d’autres. Il n’y a pas de valeur intrasèque à de la musique, pas de niveau quantifiable si ce n’est pas une note qui représente l’opinion d’une personne vis-à-vis de la musique. Il en va de même avec l’expression contraire : « sous-évalué », qui devrait en fait être compris comme « méconnu ». Un album qui nous a plu, mais dont on voit peu parler n’est pas sous-estimé mais méconnu. Un album qui nous a plu, mais qui a beaucoup de critiques négatives n’est pas sous-estimé, il est mal-aimé. Je chipotte avec les termes, mais j’avais tellement envie d’être clair à ce sujet, de pouvoir expliquer pourquoi je ne parle jamais d’œuvre sur ou sous-évaluée.
SAOR fait beaucoup parler de lui, et le nombre de fans ne cesse de grandir depuis 2013, depuis le premier album
Roots sorti d’abord sous un autre nom de formation,
ÀRSAIDH, qui a très vite été abandonné parce qu’Andy Marshall, le seul maître à bord, s’est tout à coup dit que l’accent sur le premier A posait problème, et que
SAOR serait plus adapté. C’était donc il y a 6 ans, et force est de constater que le bougre écossais a un bon rythme de création puisque
Forgotten Paths est le 4ème album. Il a mis trois ans pour donner une suite à
Guardians, et la petite déception qui va tout de suite et sans aucun doute froisser les fans, c’est qu’il n’y a que 35 minutes de musique, pour trois pistes suivies d’une outro instrumentale et surtout dispensable. Ah si, ce final tout doux, tout mignon à la harpe ne sert pas à grand chose. Petite comptine finale sur laquelle le bruit des vagues vient se poser, il permet juste à Gloria Lyr (non, pas Amanda) de faire son apparition sur l’album. C’est la jeune femme qui a composé et interprété ce titre de 5 minutes. En espérant au moins que cela lui permettra d’augmenter son nombre d’abonnés sur sa chaîne YouTube, 25 à ce jour.
Elle n’est pas la seule invitée de l’album. Car même s’il n’y a que trois pistes (et donc bien moins que Guardians et ses 5 pistes de 11 minutes chacune), il y a bien d’autres invités, dont deux aux vocaux. Une autre femme méconnue, une certaine Sophie Rogers qui ne peut elle aussi que gagner des abonnés vu qu’elle plafonne actuellement à 106. Elle aussi écossaise apparaît sur « Bròn », le temps du refrain. Sa voix douce permet d’apporter un petit air apaisant, et un équilibre avec la voix toujours rauque d’Andy Marshall. L’autre invité nous est bien connu par contre puisqu’il s’agit de notre Neige national. Ce qui n’a pas manqué de m’inquiéter parce que Neige, c’est un peu le Elie Semoun du metal. Ah si, il était plus efficace quand il était avec Dieudonné / Famine. Et une fois qu’ils se sont séparés, ils sont allés chacun dans un extrême. Et sans vouloir trop manqué de respect, le travail récent de notre Elie / Neige me glisse totalement sur le haut du crâne... Mais voilà, il n’a ici que la parole, et encore, en fond, en chœur assez discret. Cela donne même une petite ambiance intimiste agréable, donc un grand ouf.
Parce que d’un point de vue musical, il n’y a quasiment rien à redire. On reste sur sa faim parce qu’on n’a que trois morceaux, mais ils sont qualitatifs. Ils sont dans la veine des albums précédents, avec un rythme très épique, des ambiances scottish bien dosées, des mélodies entêtantes. C’est évident que SAOR maîtrise parfaitement sa formule, et arrive à broder des compositions qui emportent l’auditeur loin dans un monde désolé et beau à la fois. On peut regretter des similitudes trop fortes entre chaque album, mais ce serait véritablement se montrer blasé, exigeant ou malhonnête que de trouver ces trois compositions insuffisantes. C’est juste que
SAOR emploie constamment sa formule, efficace, et ne parviendra jamais à se renouveler, comme un
SUMMONING a toujours su le faire. On reconnaît tout de suite un morceau de SUMMONING, on a besoin d’écouter un passage un peu plus long pour retrouver un titre de
SAOR.
Je le répète,
SAOR est toujours aussi efficace, et il a toujours le même talent pour faire tournoyer le black metal et les influences traditionnelles de son pays. Il se reconnaît entre mille, il se savoure sans lassitude, il ne déçoit pas. Mais il reste toujours dans le même spectre. Point. Et ceux qui le trouvent sur-estimé n’auront qu’à arrêter de lire les opinions des autres, et il ne le sera plus.
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