Solar Temple - Fertile Descent
Chronique
Solar Temple Fertile Descent
Nommée dans la catégorie des scènes les plus sous-cotées d’Europe, la scène de black metal néerlandaise est plutôt bien placée pour remporter la palme. Porté par des groupes et projets tantôt énigmatiques, tantôt poisseux au possible, le pays d’Europe occidentale peut se targuer d’abriter une scène black metal de grande qualité, mais qui peine pourtant à s’affirmer face aux gros. Une espèce de confidentialité englobe donc les groupes de seconde zone, comme si l’écoute de leur musique n’était réservée qu’à un petit nombre d’initiés. Cette impression est même renforcée à l’écoute du tout premier album longue durée de Solar Temple, déjà auteur d’une démo prometteuse l’année dernière.
Produit par les excellents labels Haeresis Noviomagi (format cassette) et Eisenwald (formats CD et vinyle), l’album Fertile Descent se pare d’une pochette vieillie assez intrigante qui n’a aucun mal à faire naître une certaine curiosité. Pour ce qui est du contenu musical, Solar Temple sert un black metal atmosphérique riche en saturations. Pour ses deux membres, qui se connaissent d’ailleurs très bien, à savoir M. (Galg, Fluisteraars) et O. (Galg, Iskandr), Solar Temple semble s’apparenter à un projet très personnel. La dimension assez émotionnelle déjà présente sur la première démo prend encore plus de place sur Fertile Descent, et tout ceci rend évidemment l’écoute plus prenante.
Deux titres sur la balance pour une bonne demi-heure de musique, un format qui fait évidemment la part belle à de longs riffs presque cosmiques et à l’installation d’une atmosphère à la fois rêveuse et élégiaque de toute beauté. S’il est difficile de catégoriser Solar Temple en se basant uniquement sur ses spécificités techniques, il est en revanche assez aisé d’entrer dans sa musique et de se laisser porter par l’ambiance, qui se montre très travaillée. Les deux titres que sont "Those Who Dwell in the Spiral Dark" et "White Jaw" se ressemblent énormément, si bien qu’il n’est pas particulièrement judicieux de traiter de l’un sans parler de l’autre. Si le second nommé semble miser davantage sur une rythmique et une agressivité plus poussées, on retrouve sur l’un comme sur l’autre une réelle volonté de transporter.
Globalement, et comme on peut légitimement s’y attendre, assez peu de variations sont à signaler sur l’ensemble de l’album. Le parti pris est celui de proposer un voyage linéaire mais pas ennuyeux pour un sou. Cette évasion est rendue possible par une excellente gestion des guitares, mais aussi par la mise au second plan des chants, qui sont d’ailleurs davantage chuchotés ou parlés que réellement hurlés. Il n’est pas surprenant de remarquer la présence d’éléments post-rock, ce qui va de pair avec l’efficacité de l’atmosphère créée. Le titre "White Jaw" se clôt finalement sur des saturations électroniques assez déroutantes pour n’importe auditeur s’étant habitué au doux maelstrom de sonorités black metal que représente Fertile Descent.
Par son côté abscons et hypnotisant, le premier album des deux artistes néerlandais peut rebuter, mais il serait diablement dommage de ne pas lui donner sa chance, lui qui parvient à se montrer proprement magnifique. Alors que les deux compères ont déjà eu l’occasion de travailler ensemble au sein du groupe Galg, ils semblent cette fois avoir trouvé un terrain de jeu particulièrement à leur goût avec Solar Temple. Sublimé par une maîtrise de l’évasion qui force le respect, Fertile Descent trouvera assurément une résonance en chacun.
| Maaxx 7 Octobre 2018 - 1359 lectures |
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