Urn - The Burning
Chronique
Urn The Burning
Comment oublier ce bouc sataniste urinant sur le pape? Ça, c'était la pochette géniale de Soul Destroyers, le dernier album de Urn. C'était en 2008, une éternité. Presque dix ans plus tard, les Finlandais refont enfin parler d'eux avec un nouvel album sorti de nulle part chez les poètes de Iron Bonehead, The Burning. Et honnêtement je ne savais pas quoi attendre de ce retour inespéré d'un groupe au line-up entièrement renouvelé. Le maître à penser Sulphur, chanteur/bassiste/guitariste s'est en effet entouré de nouveaux disciples venus notamment de Sacrilegious Impalement. Quoiqu'il en soit, la pochette ultra clichée dont on reconnaîtra la patte du fou furieux de Sadistik Exekution fait envie, même si on reste loin de Satan qui pisse sur Benoit XVI.
Alors, que vaut Urn aujourd'hui? Eh bien ma foi, je dois dire que l'ex-Barathrum n'est pas revenu pour rien et a su composer avec sa nouvelle troupe un album tout à fait satisfaisant. Ce The Burning s'avère en effet une très bonne surprise. Alors oui, la production est trop propre, trop synthétique, surtout la batterie plastique. Ça manque de crasse, de punk et de black metal, ce qu'on aime normalement entendre chez un groupe de black/thrash comme Urn. Les compositions se font en plus assez mélodiques, sur du mid-tempo majoritaire. Bref, plutôt easy-listening pour un groupe que l'on a connu plus véhément. Mais cela fait-il d'emblée de The Burning un album raté? Non, même si ce côté trop lisse est bien sûr à prendre en compte dans le jugement. Pour le reste, le disque m'a donné entière satisfaction. De toute façon, un opus qui évoque Deströyer 666 ne peut pas être foncièrement mauvais! Urn s'impose comme le plus australien des groupes finlandais. Ces riffs simples et efficaces, ces leads en tremolo, ces solos inspirés, ce feeling mélodique issu du heavy metal, beaucoup de choses rappellent la bande de KK Warslut (le riff blasté typique sur "Morbid Black Sorrow" à 1'23 et 3'40, la lead mélodique en tremolo au début de "All Will End In Fire", le riff d'intro de "Falling Paradise", tout "The Burning"). C'est bien sûr un gage de qualité, surtout quand cela donne lieu à des morceaux comme le final épique "The Burning" et ces quelques apparitions de chant clair. Clairement le titre le plus marqué par le sceau de D666 et l'un meilleurs moments de cette nouvelle offrande qui en propose bien d'autres. Les neuf titres, après l'introduction instrumentale "Resurrection" à base de dissonances et d'orgasmes féminins (on reconnaît bien là le romantisme légendaire de Urn!), passent ainsi tous le cut sans problème. Ça riffe bien, les rythmiques sont entraînantes, les mélodies facilement mémorisables, les refrains catchy ("Hail The King" et ses chœurs, "Sons Of The Nothern Star" assez bourrin, "Nocturnal Demons" à beugler dehors tout nu la nuit le poing levé, "Wolves Of Radiation" avec sa lead aérienne, "All Will End In Fire" et ses hey! hey! hey! fédérateurs, "Falling Paradise") et du coup les quarante minutes passent nickel. Et puis si effectivement le mid-tempo emporte la plus grande part du gâteau, on ne peut pas non plus dire que ce The Burning traîne la patte. Ça commence même avec des blasts pas vraiment pacifistes sur l'excellente "Celestial Light" qui ouvre l'album sous les meilleurs auspices en répondant tout de suite par l'affirmative à la question de savoir si Urn en a encore dans le pantalon. On en croisera certes que très peu par la suite, uniquement sur "Morbid Black Sorrow", avec quelques semi-blasts sur "Sons Of The Northern Star" (sur un des rares riffs un peu nazes!), "Nocturnal Demons", "All Will End In Fire" et "Falling Paradise". On retrouve aussi pas mal de riffing thrashy qui, sans être ultra rapide et acéré, ne se range pas pour autant dans la case riffs de papy. Il y a même un peu de tchouka-tchouka pour l'accompagnement. Le rayon black metal pur et dur est lui un peu vide mais les riffs de "Celestial Light" à 3'55 et au démarrage de "All Will End In Fire" tous les deux sur des semi-blasts ou celui sur le refrain de "Nocturnal Demons" nous rappellent les racines du combo de Tampere. Sulphur étant fan de Motörhead, on a aussi le droit à un hommage sur "Hail The King", la compo la plus rock 'n roll du lot qui zouke comme il faut.
Si The Burning n'est pas l'album le plus radical de Urn, il prouve tout de même que les Finlandais n'ont pas à rougir face à toutes les nouvelles formations black/thrash apparues ces dernières années. Seule la production plastique se compte parmi les vrais défauts auxquels les plus bourrins d'entre-vous pourront rajouter l'aspect plus mélodique et mid-tempo. Personnellement ça ne me gêne pas du tout, d'autant qu'il y a tout de même assez de passages burnés, de riffs méchants et de vocaux haineux pour ne pas pointer du doigt l'âge du combo, debout depuis 1994 s'il vous plaît. Les compositions sont simples et efficaces tout en restant distinctes les unes des autres, les mélodies accrochent bien l'oreille, les riffs font mouche, les rythmiques sont entraînantes, les quelques blasts me ravissent et l'influence Deströyer 666 me va parfaitement. Bref, chez moi, ça passe comme papa dans maman après trois enfants. Ce n'est pas l'album du siècle, on ne le mettra pas non plus dans le top 2017 mais il tient tout à fait la corde et s'écoute avec grand plaisir. C'est ce qui s'appelle un retour réussi pour Urn après quasiment dix ans de silence. Je vais donc déposer mon bulletin de vote, là où il n'y a pas encore de cendres. C'est un oui!
| Keyser 13 Décembre 2017 - 1210 lectures |
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