Décidemment le vétéran Sulphur n’est pas à un paradoxe près car après avoir fait patienter ses fans pendant presque une décennie pour sortir le très bon
« The Burning », il s’est montré cette fois-ci beaucoup plus rapide pour mettre en boîte son successeur. S’il s’est écoulé à peine plus de deux ans entre ces livraisons les choses ont encore une fois beaucoup bougé en interne, avec d’abord comme d’habitude un renouvellement total des troupes jouant aux côtés du frontman historique ainsi qu’une signature chez les sudistes de Season Of Mist, comme pour signifier que celui-ci souhaite prendre un autre départ. A croire en effet qu’il avait besoin de sang neuf dans tous les domaines après un précédent opus qui voyait son Black/Thrash bas du front lever le pied de façon significative, tout en se montrant moins crade via une production plus actuelle auquel il ne nous avait jamais habitué. Du coup on peut se demander si ces changements importants ne signifient pas une envie de revenir aux sources et de proposer une musique rapide et crue au charme suranné, comme proposée à ses débuts. Si les apparences peuvent de prime abord le laisser supposer il n’en est au final absolument rien, car ce « Iron Will Of Power » reprend les choses où elles en étaient restées précédemment, et comme IMMORTAL en son temps URN semble avoir tourné la page de son passé pour entamer une nouvelle phase musicale moins radicale et plus épique.
En effet ce nouvel opus nous renvoie là-encore vers l’Australie et son outback cher à DESTRÖYER 666, mais sans pour autant oublier de s’énerver et de tabasser quand il le faut, à l’instar de « Downfall Of Idols » qui ouvre les hostilités et passe en revue toute la palette d’influences du finlandais. En effet ici ça va dynamiter par tous les bouts entre blasts énervés, parties énergiques et d’autres plus lentes, le tout porté avec un entrain communicatif qui ne faiblit à aucun moment et se montre sérieux et dynamique, donnant envie de se dandiner instantanément. On est effectivement embarqué de suite par la musique du trio qui choisit de démarrer par son titre le plus ultime et travaillé, à l’instar de « Will To Triumph » (qui fera office de conclusion) toute aussi bandant et jouissif où deux parties différentes se côtoient sans difficultés. Démarrant par une longue introduction épique et martiale le curseur reste calé sur un bon vieux mid-tempo des familles particulièrement redoutable, où l’on ne peut s’empêcher de headbanguer en continu, avant que la seconde moitié ne voit les chevaux être lâchés et l’ensemble s’accélérer histoire de clôturer les débats de façon énergique et réussie. Entre ces extrémités l’accroche ne va pas faiblir mais le rythme global va se faire moins speedé et les blasts presque absents, ce qui ne va pas empêcher le disque d’être une réussite surtout lors de sa première moitié où absolument rien n’est à jeter. Preuve en est avec le thrashisant « Malignant Strange Vision » plus accessible musicalement et sobre techniquement, où la construction va rester relativement semblable sur la longueur sans trop varier d’un iota, tout comme sur la doublette « Funeral Oath » et « Prayers ». Là-encore l’assise rythmique ne va pas beaucoup évoluer outre-mesure, même si ici ça se bride légèrement et ça se montre parfait pour taper du pied et remuer la nuque, aidé en cela par un riffing où l’efficacité prime sur la technique afin d’aller à l’essentiel pour conserver un intérêt durable.
Autant dire qu’une fois arrivé au bout de ces quatre morceaux on a un sourire jusqu’aux oreilles tant le feeling ne faiblit à aucun moment et file une pêche incomparable, et on a hâte d’écouter la suite car on est loin d’être rassasié. Du coup place au court interlude « Gates To Hyboria » où la noirceur jusqu’ici présente laisse place à de la clarté exacerbée, et où un côté presque féérique étonnant se fait entendre. Si la douceur a droit de cité elle va heureusement s’estomper une fois cette pause terminée afin de laisser l’obscurité revenir au premier plan, tout d’abord avec « Demonlord » plus posé et obscur, où des breaks d’obédience tribales font leur apparition ainsi que quelques longueurs inhabituelles. Jusqu’à présent ce sentiment n’était nullement ressenti mais il faut bien reconnaître que cette compo à tendance à s’étirer un peu inutilement, tout comme « Spears Of Light » qui enchaîne dans la foulée et qui souffre du même mal, voyant également une légère baisse d’inspiration. Rien de mauvais loin de là mais une certaine redondance apparaît ici mais heureusement elle va disparaître dès la plage suivante intitulée « Hunted » qui va rester calée en mode sénateur sans chercher à accélérer outre mesure. Car ici on est carrément en présence des minutes les plus massives de ce long-format sans que cela ne soit rédhibitoire, car l’envie de headbanguer est toujours aussi présente et est renforcée par ce côté poids-lourd prêt à écraser l’auditoire et les éternels râleurs.
Il est certain que ces derniers trouveront que cette galette use et abuse des rythmiques lourdes au détriment des bpm les plus radicaux, pourtant ils auraient tort de ne se focaliser que là-dessus. Certes on aurait aimé que les gars laissent plus facilement exploser leur hargne, mais malgré ce point de détail le tout reste cohérent sur la durée aidé en cela par un son équilibré et chaud qui n’abuse pas du synthétique à outrance. Avec en prime de nombreux solos parfaitement raccords qui amènent une vraie plus-value et un batteur dont le jeu simple fait plaisir à entendre cette nouvelle livraison confirme que le style originel du vieux briscard de Tampere semble bel et bien mort et enterré. Comme la précédente elle ne marquera pas de son empreinte l’année en cours, mais a néanmoins suffisamment d’arguments pour faire passer un très bon moment et pour qu’on la ressorte de sa boîte régulièrement avec toujours autant de plaisir. Cela montre en tout cas la bonne santé actuelle du Black/Thrash qui a de rares exceptions près continue d’enregistrer des disques de bonne tenue qui font du bien par où ça passe et qui ne prétendent rien réinventer, juste servir de parfait défouloir.
1 COMMENTAIRE(S)
07/10/2019 07:59