Que ceux qui se souviennent de Khonsu lèvent la main bien haut !
Vous avez très certainement gardé la vôtre au chaud dans la poche, si, comme moi, vous avez découvert le duo Grønbech/T'ol par la sortie de
"The Xun Protectorate". Jeune projet, certes, mais pas un
rookie non plus : leur tout premier album,
"Anomalia", ayant vu le jour sous la houle de Season of Mist, excusez du peu ! Un label pourtant peu prompt à prendre des risques... Un examen plus attentif du line-up de ce premier essai nous apprendra que Thebon et Obsidian Claw (Keep of Kalessin) faisaient partie de ce premier jet, déjà témoin à l'époque du talent de composition de l'entité Khonsu - ces deux CV plutôt prestigieux (et quoi qu'on pense de Keep of Kalessin) expliquent en grande partie la signature aussi "facile" d'un projet qui n'avait encore pas fait ses preuves. Quatre ans après, l'empire contre-attaque avec ce
"The Xun Protectorate", réalisé en autoproduction totale (en fait pressé par Jhator Recordings, label créé pour l'occasion) et fourmillant de bonnes idées et intentions, pas toujours bien manipulées mais jouées avec envie et conviction.
Pour ceux qui sauteraient dans le train en marche, ne vous fiez pas à la dégaine des deux musiciens sur les photos promotionnelles de l'album. Si l'improbable duo Enki Bilal/La Crampe sur fond vert peut prêter à sourire, ils ont bien plus à offrir qu'une posture malaisée et un maquillage approximatif. Fiez vous plutôt à la pochette, première composante qui capte le regard, réalisée par le fantastique Adrien Bousson
*, probablement sur-inspiré par les œuvres d'Alexander Preuss
* (responsable du
"U.M.A." de Progenie Terrestre Pura). Visuel à l'image de l'album, futuriste, spatial, qui grouille de vie et de détails. Aussi bien cinématographique que vidéoludique,
"The Xun Protectorate", n'ayant de Black Metal que quelques parties blastées à la vitesse de la lumière (l'Anaal Nathrakhien "Visions of Nehaya") et touches de tremolos éparses, emprunte plus à des musiciens comme Devin Townsend qu'à des groupes comme qTp ou Mysticum.
Khonsu pioche ses influences un peu partout, mangeant dans toutes les gamelles avec un goût prononcé pour la nourriture déshydratée des astronautes et les casse-dalles des ouvriers en industrie lourde. On peut retrouver au fil du disque des accélérations cosmiques à la Darkspace, et ce dès l'ouverture du deuxième titre, "A Jhator Ascension", qu'on pourrait croire extrait d'un "Dark Space III" - duquel on aurait nettoyé le son et dopé la boîte à rythmes. Impossible de ne pas penser à l'album
"Ziltoid The Omniscient" dans ce qu'il pouvait avoir de plus kitsch, des instrumentations synthétiques d'un "The Observatory" jusqu'aux mélodies tantôt douces, tantôt
trance et des chants vocodés de "A Dream of Earth". Les compositions sont variées, la capsule accélérant à grands renforts de blast-beats et supernovas de cymbales ("Liberator") avant d'atteindre sa vitesse de croisière, naviguant entre trous noirs et astéroïdes dans des morceaux plus tranquilles ("The Tragedy of the Awakened One" et ses roulements sobres) ou des parties d'un groove implacable (le riff d'ouverture de "Death of the Timekeeper "). Les paysages stellaires sont racontés aussi bien par les claviers, dont Khonsu use et abuse, que par les nombreux soli de guitare tombant toujours à point nommé, plus utilisés pour souligner les ambiances que comme démonstration technique. C'est riche, juste milieu entre agressivité débridée et passages atmosphériques mélancoliques à en donner des frissons au plus hermétique d'entre vous, sans jamais oublier de verser dans l'
ambient spatial de qualité, par les interludes uniquement joués aux synthés disséminés au gré des compositions.
L'album en fait des caisses pendant 53 minutes, on ne sait plus où donner de la tête tant les compositions comportent de plans, de couches mélodiques, d'informations à traiter... Porte ouverte à certaines fautes de goût qui peuvent prêter à sourire. Chant clair parfois un peu raté ("The Tragedy of the Awakened One"), instrumentations synthétique qui tombent et sonnent mal (les trompettes en .MIDI de "Liberator"), tendance à la tartine sur les compositions plus longues ("Toward the Devouring Light" et son piano d'ouverture faussement grandiloquent), claviers un peu trop sucrés à mon goût (le pont presque pop de "Death of the Timekeeper", l'outro finalement assez dispensable)... Pour une durée et une envie d'aller explorer de nouvelles contrées musicales aussi grandes, Khonsu réussit néanmoins le tour de force de ne jamais se répéter, de proposer des idées neuves à chaque titre, de faire varier ses recettes en n'ennuyant jamais l'auditeur. Le duo est plus soucieux de créer et raconter un univers que de proposer un simple disque de Métal extrême - ce qui se traduit directement par le soin apporté aux visuels et aux thématiques explorées par les paroles.
"The Xun Protectorate" s'adresse à ceux qui rêvaient de revêtir la combinaison spandex moulante de Captain Falcon comme aux cinéphages amateurs de science-fiction. L'album collerait aussi bien à un F-Zero qu'à un Blade-Runner
next-gen tant l'univers que les compositions dépeignent est évocateur. A défaut d'avoir enregistré l'album du siècle ou un disque totalement exempt de fautes de goût, Khonsu rebondit après un
"Anomalia" loin d'être inoubliable en proposant un disque qui vaut la peine d'être écouté pour ce qu'il est : une curiosité, impressionnante de minutie et de variété, et une belle découverte pour ma part.
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