Uškumgallu - Rotten Limbs In Dreams Of Blood
Chronique
Uškumgallu Rotten Limbs In Dreams Of Blood
Difficile de s'y retrouver en cette fin d'année entre les sorties de qualité qui continuent d'affluer en grand nombre – arrêtez ! – et les découvertes tardives, l'heure du bilan approchant. Après le coup de speed l'an passé pour chroniquer le premier album de Triumvir Foul, paru en décembre, qui m'avait mis une belle petite claque, on prend les mêmes et on recommence ! Il faut dire que Cedentibus (aka. M.S. : Ash Borer, Serum Dreg, Triumvir Foul, Urzeit) et Ad Infinitum (alias R.F. : Ash Borer, Dagger Lust, Serum Dreg, Triumvir Foul, Urzeit, Utzalu) ne sont pas du genre à chômer avec leurs multiples projets mais également la structure Vrasubatlat (spécialisée dans les formats cassette et digital). Un groupement quelque peu consanguin qui regorge toutefois de pépites comme Uškumgallu – dont il est question ici.
« On prend les mêmes et on recommence », ces derniers évoluant néanmoins sous un autre nom et dans un autre style. Pas de gros death dégoulinant sur Rotten Limbs in Dreams of Blood mais un black metal poisseux et rageur. Des ambiances malsaines et une noirceur faisant le lien entre les formations qui œuvrent toutes au sein de Vrasubatlat, unies par la même finalité : corrompre vôtre corps et vôtre âme. Uškumgallu ne déroge ainsi pas à la règle, sortant de nulle part dans des marécages nauséabonds avec la parution de deux demos en 2015. Des fondations sur lesquelles le duo va continuer à ériger son hideuse créature par la sortie en août 2016 d'un premier long format. Et, celui-ci se place dans la droite lignée de Mortifying the Flesh avec des titres longs ainsi qu'une production certes raw mais plus soignée mettant davantage en relief le coté froid, acéré mais aussi inhumain des compositions. L'entité se transforme tel Tetsuo délivrant des passages agressifs toujours plus abrasifs à vous faire exploser la boîte crânienne comme sur « Rotten Limbs » ou encore l'abyssal « Monolith Dementia ». Une violente décharge de douleur et de malaise qui vous fige sur place et faite pour vous infliger un maximum de dégât, appuyée par des ambiances tortueuses et noise avec notamment des introductions parfaitement ciselées (« Morbid Seed and Spiritual Entrails » mais aussi « Dreams of Blood », pour ne citer qu'eux). La folie suinte de ces six compositions et s'empare peu à peu de votre esprit, la paire M.S./R.F. sachant parfaitement jongler entre parties nerveuses exhaustives, atmosphères tant lourdes qu'oppressantes et séquences plus accrocheuses.
Car malgré des arrangements plus tarabiscotés, la musique d'Uškumgallu garde toute sa rage et sa spontanéité avec une essence punk palpable que ce soit par un grésillement permanent ou bien l'aspect très arraché de l'ensemble. Certains morceaux ou passages s'extirpent même de cette masse informe afin de fédérer les légions de carcasses désincarnées que vous êtes. Donnant envie de headbanger furieusement sans se poser de question, le jeu de batterie dicte vos pas avec des rythmes d-beat foutrement efficaces (cf. « Morbid Seed and Spiritual Entrails »). En résulte une musique enrichie, l'entité monstrueuse poursuivant son inquiétante métamorphose et se montrant plus ingénieuse pour accomplir sa quête de destruction. En effet, le duo réunit sur Rotten Limbs in Dreams of Blood des éléments déjà présents dans ses précédents courts formats mais en tire ici toutes leurs substances nocives, les agrémentant d'ambiances putrides extrêmement bien construites. Les lignes de guitares entêtantes et menaçantes prennent ainsi plus d'ampleur dans les parties mid et low tempo dessinant des décors à la fois futuristes et délétères (« In Tombs of Lust » en est un bel exemple) – imaginez des catacombes faites de metal et de chair, suintant le sang et la douleur. Un univers horrifique quelque peu tempéré par ces légères accalmies – distillant insidieusement leur poison – ainsi que les ambiances à la fois inquiétantes mais terriblement captivantes. Impossible de détourner la tête et de chercher à fuir tant la formation a bien calculé son coup et ce depuis l'introduction instrumentale fantomatique et lancinante jusqu'au massif « Monolith Dementia », vous assenant le coup de grâce.
Cette œuvre éprouvante ne vous épargnera aucun supplice avec un R.F. tenant bien son rôle de gourou désaxé – cf. ses vocaux variés et habités – prônant sa vision d'un monde : malade, dépravé et ravagé. Uškumgallu délivre là un premier album déroutant mais réussi qui, s'il n'invente rien, permet de mettre davantage en lumière sa personnalité. Les fans de glauquerie sauront apprécier !
Seul bémol : un format physique trop confidentiel (seulement disponible en cassettes, et déjà épuisées) mais une version vinyle devrait prochainement voir le jour.
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