Almanac - Tsar
Chronique
Almanac Tsar
Enfin, nous y sommes ! Après une période au boulot qui m’a coûté beaucoup de temps et d’énergie, je profite des vacances de Noël. Du repos, des moments en famille et, surtout, des cadeaux !
Noël est pour moi l’occasion de voir un peu les quelques albums que j’ai pu louper et, aussi, de voguer dans les boutiques en quête des têtes de ventes.
Si les Leclerc Culture et Fnac peuvent être bien fournis, on tombe parfois sur des disques qui attirent la curiosité. À côté des Metallica, In Flames et Meshuggah, je tombe ainsi sur un joli livret cartonné, décoré d’une couverture cheesy à souhait présentant un Tsar sur son destrier l’épée levée, sur un fond chaotique. Je me dis que ça doit être hyper cheap et convenu, d’autant que, bon, Almanac, étrange comme nom. Je vois l’étiquette : « The new sensation of Symphonic Power Metal ». Si t’insistes, c’est que t’as un truc à cacher, non ?
Et je vois le label : Nuclear Blast.
Là, je prends peur.
Nuclear Blast et moi, ou une histoire de haine – amitié vacillante.
Nuclear Blast qui a produit les deux derniers bébés de Chuck Schuldiner qui sont mes albums absolument favoris.
Nuclear Blast qui a sorti Children of Bodom du trou mais a produit des albums trop consensuels en comparaison de leur Hatebreeder.
Nuclear Blast qui a tué Grand Magus en ôtant leur côté Stoner et assassiné Equilibrium malgré un Sagas monumental, mais une descente vers un Pagan parodique honteux…
Nuclear Blast, dis-moi, que vas-tu me proposer avec cet Almanac ?
Déjà, concept-album oblige, le projet réunit des grands noms de la scène. Sous l’impulsion de Victor Smolski, ancien guitariste de Rage (groupe de Power Metal vraiment particulier que j’aime beaucoup), on retrouve deux chanteurs de qualité : David Readman de Pink Cream 69 et Andy B. Franck de Brainstorm. Le reste de line-up, moins connu, n’est pas en reste et propose dans cet album des prestations honorables. La batterie y est variée, punchy et rythmée comme il faut : il ne tombe jamais dans le travers du Power Metal à l’européenne qui consiste à bourriner à l’infini le même rythme en boucle jusqu’à épuisement, sous prétexte que si c’est rapide, c’est forcément bon. Il fait preuve de diversité, ce qui crée de l’enjeu rien que de ce côté-là.
À côté, le synthétiseur fait le boulot, la basse épouse le tout sans trop de prendre de risque, malgré quelques saillies par-ci par-là – on reste sur du Nuclear Blast, donc de l’efficacité sans se mouiller. On marquera un bémol côté line-up avec la chanteuse et l’orchestre philharmonique de Barcelone, dont on pourra déplorer un côté un peu effacé. Vu que leurs apparitions sont pertinentes et convaincantes, on aurait voulu en avoir plus.
On en vient alors à ce qui, pour moi, fait partie des points forts de l’album : la guitare. On sent que Rage a laissé des traces dans l’écriture de Smolski, et l’ensemble est non seulement solide, mais très équilibré entre technique dans des solos redoutablement bons et des mélodies entraînantes. On retrouve ici un Power dans les règles de l’art : on est transporté par l’histoire d’un Tsar, avec ce que ça comporte de gloires et défaites, le tout est tantôt épique, tantôt mélancolique, mais toujours grandiose. On évite l’horripilant écueil du grandiloquent gratuit. Et c’est là que je suis surpris : pour du Nuclear Blast, on ne tombe pas dans la facilité.
Rien dans cet album semble aller de soi. La grande force de ce disque est de proposer une compilation de ce qui s’est fait de mieux dans le Power Metal européen de ces quinze dernières années. Évoquant Firewind, Hammerfall, Stratovarius, Angra (sur Self-Blinded Eyes, qui m’a convaincu d’acheter la galette) et, forcément, Rage, on se retrouve face à des morceaux ultra motivants (No More Shadows sera un rouleau compresseur en live avec son refrain qui emporte) des parties ballades qui font mouche (même Reign of Madness passe bien, alors que je déteste les power ballades) et globalement un sentiment de suivre une histoire bien racontée, richement illustrée par une musique forte sans toutefois être émouvante à en tirer des larmes.
On a parfois des titres mi-figues mi-raisins, comme Children Of The Future, qui a un feeling proche des élans de Charred Walls Of The Damned et une progression sympa mais un petit sentiment de déjà entendu. Rien de désagréable en soi mais il faut se le tenir pour dit : l’album fait du bien, évoque de bonnes choses mais ne créera rien de neuf. Il fait le taff, ni plus ni moins.
Finalement, le titre éponyme contient ce qui fonctionne ou non dans l’album : le morceau « Tsar » développe une orchestration discrète qui, cependant, propose une emphase épique. Il avance un refrain efficace sans être oufissime, la guitare y est hargneuse mais pas trop, dans un soupçon de Thrash sans tâche et l’envolée y est efficace, lorgnant dans l’opératique sans devenir pédante.
Même si le fan de Death que je suis n’aurait pas craché sur un petit growl par-ci par-là bien placé pour donner du relief et un poil plus de violence (il faut attendre Nevermore pour avoir de la double pédale un peu frémissante), on a droit à une diversité vocale et instrumentale, le tout restant à la fois simple et efficace. Je souligne également le soin apporté à l'édition digibook : CD + DVD dans un livre vraiment sympathique, ça ajoute de la valeur à la copie physique ! Que demander de plus ?
Nuclear Blast sort de ses sentiers consensuels et donne à écouter un conte à la narration carrée, saupoudrée d’une grosse pincée d’épices qu’on connaît déjà. Mais quand on aime la recette et que c’est bien cuisiné, on en redemande parfois ! À vous de voir si c’est ce que vous attendez.
Amateurs de Power à l’européenne, l’épopée de ce Tsar vous fera passer un bon moment ; faîtes confiance à celui qui est fatigué par la soupasse qu’on nous a servie en boucle dans le genre lors des années 2000 !
| MoM 21 Décembre 2016 - 981 lectures |
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