Grand absent des colonnes de Thrashocore jusqu’à aujourd’hui, le premier album des Espagnols de Teitanblood méritait mieux que cet apparent manque d’intérêt qu’il subit de notre part depuis maintenant plus d’une dizaine d’années... Je dis bien "apparent" car ne vous voilez pas la face, si celui-ci n’a encore jamais été chroniqué ici-même ce n’est clairement pas par manque d’intérêt de notre part mais bel et bien par manque de temps (oui, toujours lui...). Une situation qui n’a évidemment rien d’exceptionnelle (combien d’autres albums sont en effet dans le même cas encore aujourd’hui) mais à laquelle il était tout de même temps de mettre fin...
Sorti en 2009 après une démo et deux splits réunis la même année sur une compilation intitulée
Black Putrescence Of Evil,
Seven Chalices va marquer le début des choses sérieuses pour la formation madrilène. En effet, après des prémisses plus ou moins engageants mais quelque peu ternis par des choix de productions relativement clivants ainsi qu’une interprétation encore un petit peu obscure et bancale, le trio est contraint de changer de configuration après les départs de Juan Carlos Deus (guitare) et Defernos (batterie). Devenu seul maitre à bord, Iniquitous Templar Of Iron Black Faith And Deathrapist Redemption va en profiter pour raccourcir son pseudonyme (NSK) et embaucher également un nouveau batteur avec l’arrivée de J (ex-Bloodoline). Évoluant dès lors sous la forme d’un duo, Teitanblood va rapidement rejoindre les rangs du label français Norma Evangelium Diaboli pour la sortie en mars 2009 de ce premier album qui, hasard du calendrier, s’apprête à célébrer dans quelques jours ses quinze années d’existence.
Pour autant,
Seven Chalices n’est pas uniquement le fruit de ces quatre mains. En effet, les deux Espagnols vont tout de même solliciter l’aide de quelques camarades extérieurs à la formation à commencer par Juan Carlos Deus déjà de retour afin d’enregistrer ces onze titres et au passage glisser quelques accords de guitare par-ci par-là. Officiellement intronisés au sein de Teintanblood depuis 2019 et la sortie de
The Baneful Choir, CG Santos et Javier Félez Rodríguez aka Javi Bastard (Balmog, Graveyard, Krossfyre, Of Darkness...) étaient déjà tous les deux de la partie. On doit au premier l’ensemble de ces interludes et autres séquences atmosphériques dispensés tout au long de ces cinquante-huit minutes particulièrement chargées ("عٻن إبڶٻس", "?????" (qui n'est pas le titre exact de ce morceau mais que je suis obligé d'écrire comme tel suite à un souci de caractères non reconnus), "वामाचार", "Qliphotic Necromancy") et au second le mastering de ce premier album. Enfin, terminons ces présentations en évoquant tout de même cette illustration tentaculaire signée des mains du regretté Timo Ketola (Verminous, Dead Congregation, Kaamos, Deathspell Omega, Funeral Mist...). Une oeuvre infernale et démoniaque qui ne pouvait pas mieux convenir au Black / Death de Teitanblood.
S’il s’inscrit naturellement dans la droite ligné des précédents travaux de la formation ibérique,
Seven Chalices atteste néanmoins de la progression incontestable de Teitanblood et cela à tous les niveaux. Ainsi, bien qu’elle demeure toujours assez dense et opaque, la production de ce premier album s’avère tout de même bien plus équilibrée que celle de
Genocide Chants To Apolokian Dawn. On peut jouer les durs et autres défenseurs de la sainte parole faite Black / Death autant que l’on veut, ce choix de gagner en lisibilité va tout de même permettre aux Espagnols d’accroitre considérablement le degré d’efficacité de leur formule et cela sans jamais porter atteinte à la pertinence et à la profondeur de leur propos.
En effet, loin du côté frontal et surtout ni très fin ni très malin d’un paquet de formations labellisées "Black / Death", Teitanblood a rapidement su se détacher de cette frange certainement pas inintéressante (dans le genre défouloir, on a quand même rarement fait mieux) mais tout de même un petit peu plus limitée. Outre ces déflagrations bestiales et absolument impitoyables qui font évidemment le sel de ce premier album et plus généralement des Espagnols depuis leurs débuts pour le moins tonitruants,
Seven Chalices se distingue de ses pairs mais également des précédents travaux de la formation par son appétence pour des tournures plus sournoises et insidieuses et des constructions bien moins immédiates qu’à l’accoutumée. Ainsi, à l’exception de ces quelques interludes oscillants globalement entre deux et trois minutes, on constate que le duo a ici fait le choix d’étirer sa formule avec des compositions affichées désormais entre six et douze minutes. Se faisant, Teitanblood entend bien varier son propos et ainsi offrir autre chose qu’un simple matraquage de tympans en bonne et due forme (une situation qu’il ne manque pas d’entretenir sur d’autres passages évidemment bien costauds). De "Domains Of Darkness And Ancient Evil" à "Morbid Devil Of Pestilence" en passant par "Infernal Dance Of The Wicked", "Seven Chalices Of Vomit And Blood" ou "The Abomination Of Desolation", le groupe nous offre ainsi de nombreuses séquences tantôt chaloupées tantôt beaucoup plus sombres et pesantes. Une dynamique qui fait énormément de bien au Black / Death de ces deux énervés puisque cela permet en effet d’aérer des compositions au long cours particulièrement denses et éreintantes.
En effet, déjà à l’époque ça ne rigolait pas des masses du côté de Teitanblood qui entre salves de blasts, riffs noirs et vicieux et voix possédées alignait déjà tout ce qu’il faut pour s’imposer brillamment par la force. Dans sa quête d’identité, le duo va néanmoins profiter de ce premier album pour affiner ses ambiances, notamment à l’aide d’interludes que l’on n’a absolument pas envie de zapper. Des moments étranges et hors du temps dont les sonorités orientales et oppressantes vont renforcer la nature particulièrement dense et suffocante de ce Black / Death occulte de première ordre. Pourtant assez peu friand de ce genre d’exercice qui bien souvent vient quelque peu plomber la dynamique générale (surtout quand ils sont comme ça au nombre de quatre), force est de reconnaître que le travail fait ici par CG Santos est des plus immersifs et concluants.
Après des débuts encourageants mais encore un petit peu verts, Teitanblood signe avec
Seven Chalices un premier album particulièrement solide qui sans nécessairement révolutionner le genre va permettre de confirmer deux choses. La première, que les Espagnols en avaient encore largement sous le coude puisqu’ils ont su mettre à profit ces trois ans d’absence (et ce changement de line-up) pour peaufiner brillamment une formule jusqu’alors mal dégrossie. La seconde, qu’en dépit d’une approche radicale jugée souvent comme "limitée" il est possible de sortir son épingle du jeu et d’amener l’auditeur sur de nouveaux terrains sans pour autant perdre de vue son objectif premier à savoir créer du chaos et de la destruction. Car à ce petit jeu-là, Teitanblood était et est encore l’un des meilleurs. Bref, on a mis le temps mais voilà justice rendue à ce monstre d’album.
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