Si Teitanblood possède bien sa propre page Facebook, le groupe s’est toujours montré d’une très grande discrétion, dispensant ses publications avec la plus grande parcimonie. Alors forcément, lorsque celles-ci ont commencées à devenir un poil plus régulières, il semblait évident qu’il se tramait quelque chose de louche du côté de l’entité espagnole. Suivant un plan de communication parfaitement élaboré par le label Norma Evangelium Diaboli désormais passé maître dans l’art des annonces surprises et de la rétention d’informations, le groupe n’a ainsi quasiment rien révélé de ce nouvel album si ce n’est quelques informations d’usage telles que sa date de sortie, son titre et son artwork. Il aura finalement fallu attendre la date de sortie officielle du 18 octobre pour voir émerger un stream complet de l’album via YouTube.
Alors c’est vrai, Teitanblood avait bien tenté de nous faire patienter avec la sortie fin 2016 d’un EP deux titres (mais un seul inédit) aussi redoutable que frustrant. Pour autant, ce serait mentir que de dire que ce nouvel album n’était pas particulièrement attendu. Intitulé
The Baneful Choir, ce dernier est une fois de plus illustré par le Finlandais Timo Ketola. Une œuvre monochrome aussi infernale que la musique de Teitanblood à laquelle vont venir s’ajouter à l’intérieur du livret les illustrations hallucinées et absolument incroyables de Dávid Glomba (Cult Of Fire, Malokarpatan, Svartidauði...). Fonctionnant a priori toujours sur la base d’un duo, l’entité espagnole a tout de même fait appel à quelques éléments externes pour nourrir sa vision de l’apocalypse. On retrouve ainsi une fois de plus monsieur CG Santos derrière tous les effets (déjà en charge de ces derniers sur
Seven Chalices et
Death) alors que, et c’est une première, Javier Félez du groupe Graveyard se charge ici d’exécuter l’intégralité des leads de l’album (en plus du travail de production pour lequel il rempile pour la énième fois).
A priori, il n’y avait donc aucune raison pour que je ne tombe pas dès les premières secondes sous le charme de ce nouvel album. Sauf qu’en fait cela n’a pas été aussi évident puisque sans parler de véritable déception, les premières écoutes de la bête ont été plutôt déconcertantes. Pourtant, on ne peut pas dire que Teitanblood ait véritablement changé quoi que ce soit à son modus operandi mais l’immersion dans l’univers dense et chaotique des Espagnols à nécessité pour la première fois de prendre un peu de recul en laissant reposer l’ensemble avant d’y revenir. Un choix judicieux qui, en ce qui me concerne, a rapidement porté ses fruits puisqu’après un mois sans y revenir, j’ai fini par me prendre la correction attendue en premier lieu. Ouf...
Il faut dire à ma décharge que Teitanblood ne m’a pas facilité les choses avec ces deux premiers morceaux faisant davantage office de préambules. Une entrée en matière tout en retenue ou en tout cas bien loin des excès supersoniques du redoutable "Anteinfierno", titre servant d’introduction à l’impitoyable
Death. Bien plus vicieux et sournois que ses deux prédécesseurs,
The Baneful Choir va opter pour une approche que je ne qualifierai pas de moins frontale mais en tout cas de moins dense, en grande partie à cause (ou grâce, c’est selon) de ces quatre plages quasi toutes instrumentales (à l’exception de "Black Vertebrae", titre étonnamment lent pour du Teitanblood) permettant tout de même d’aérer grandement le propos des Espagnols. On remarquera également que les titres sont dans l’ensemble beaucoup moins longs que sur
Death avec notamment un seul morceau au-dessus des huit minutes (contre cinq sur son prédécesseur). Pour autant, le groupe n’est toujours pas là pour amuser la galerie et ces quelques moments effectivement moins soutenus vont insuffler une tension particulièrement suffocante et angoissante (notamment l'enchaînement "Rapture Below" / "Black Vertebrae") faisant finalement de
The Baneful Choir un album différent sans pour autant véritablement sacrifier à ce qui a toujours fait l’intérêt de Teitanblood jusque-là.
Véritable machine à annihiler, le groupe continue de mener ses assauts avec cette même intensité exacerbée. Une force de frappe toujours aussi hallucinante qui, sans trop de surprise, fini par mettre une fois de plus l’auditeur à genou. Certes, la production se révèle tout de même un brin plus étriquée que celle de
Death mais l’immersion dans l’univers chaotique et absolument infernal de Teitanblood reste toujours aussi aisé et surtout l’impact n’en est pas moins fort. Il faut dire que le groupe a toujours su mettre toutes ses tripes et son énergie dans sa musique. Entre les attaques ininterrompues de J. qui n’a de cesse de marteler ses fûts et ses cymbales, les riffs carnassiers et ultra-nerveux de NSK rendus encore plus psychotiques grâce aux leads chaotiques et démoniaques dispensés ici par Javier Félez et ces quelques ralentissements assassins, Teitanblood n’a aucun mal à convaincre, mettant constamment l’auditeur dans une situation où celui-ci ne fait que subir, subir et encore subir, attendant patiemment que les coups finissent par s’arrêter de pleuvoir pour espérer reprendre son souffle.
Moins immédiat qu’un
Death qui possède effectivement cette faculté de vous avaler dans son maelstrom de violence dès les premières secondes pour ne vous recracher complètement ravagé que soixante-huit minutes plus tard,
The Baneful Choir fait preuve de davantage de sournoiserie, façonnant, à l’image de cet artwork bouillonnant, des atmosphères bien plus insidieuses. Alors forcément, on pourrait avoir le sentiment que Teitanblood a quelque peu calmé le jeu mais ce n’est pas tout à fait vrai. Car si l’atmosphère se fait effectivement beaucoup plus sournoise et suffocante, le groupe continue de pilonner sans relâche, offrant encore une fois l’un des Black/Death les plus redoutables que l’on puisse trouver dans le milieu.
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