Unida - Coping With The Urban Coyote
Chronique
Unida Coping With The Urban Coyote
Les raisons de la séparation de KYUSS n'ont jamais été très claires. Nick Olivieri quitte le gang après Blues for the red sun à cause de problèmes de drogue, mais c'est une mésentente entre Josh Homme et ses deux amis d'enfance Brant Bjork et John Garcia qui a provoqué le départ du premier après Kyuss (Welcome To Sky Valley) puis la séparation du gang après ...And the circus leaves town. Différends personnels, peut-être. Différends artistiques sans aucun doute. Il suffit de suivre les carrières postérieures de Josh Homme et John Garcia pour mesurer l'écart entre les aspirations artistiques de l'ex-guitariste et de l'ex-chanteur de KYUSS. Le premier n'a eu de cesse de s'éloigner de ce Stoner Rock dont on cherchait absolument à lui attribuer la paternité tandis que le second s'y est vautré, déclinant dans chacun des groupes fondés depuis 1995 ce qu'il appelle lui-même le Desert Rock. De l'éphémère SLO BURN aux plus durables HERMANO et VISTA CHINO jusqu'à son actuelle carrière solo, John Garcia n'a eu de cesse de réitérer son concept. Mais en artiste intègre, il réinvente à chaque fois un nouvel univers. A l'instar d'un Ronnie James Dio ou d'un Glenn Hugues, John Garcia n'est pas l'homme d'un seul groupe et même s'il demeure la voix du Desert Rock, il insuffle un feeling différent à chacun de ses projets. SLO BURN ne sonne pas comme HERMANO, VISTA CHINO ne sonne pas comme JOHN GARCIA et aucun de ses projets ne sonnent ni comme KYUSS ni comme UNIDA.
Fondé par John Garcia après SLO BURN, UNIDA a d'abord publié un split avec DOZER puis son debut album, Coping With the Urban Coyote paru le 25 août 1999. Un second album baptisé The Great Divide aurait dû paraître en 2001 mais la faillite du label American Recordings a différé cette sortie sine die. Quelques copies sur CD-R ont été distribuées par le groupe lors des concerts mais John Garcia a ensuite mis UNIDA en sommeil pour fonder HERMANO. A ce jour, UNIDA donne de temps en temps des concerts (ils se sont notamment produits au Hellfest en 2014) mais aucun nouveau disque n'a été annoncé, ce qui fait de Coping With The Urban Coyote le quasi unique témoignage de UNIDA. Et quel témoignage!
Il existe deux versions de la tracklist. Je vous parle ici du LP original d'août 1999. Une version CD est parue en novembre de la même année. "You Wish" y a été repoussé en fin de tracklist tandis qu'un morceau supplémentaire, "Plastic" lui est substituée en troisième position. Les pressages ultérieurs (à partir de 2013) réadoptent la version LP et ajoutent un deuxième disque live avec sept extraits de concerts, essentiellement des inédits issus de l'album The Great Divide.
Disque peu connu du grand public, Coping With The Urban Coyote a été une source d'inspiration inouie pour toute la scène Stoner postérieure. Si nombre d'artistes actuels revendiquent souvent KYUSS, on retrouve bien plus de UNIDA dans leurs compos. La raison est simple : KYUSS était quelque chose de très complexe qui fonctionnait sur une alchimie difficile à reproduire. UNIDA propose une musique plus directe et facile à décomposer. C'est comme pour LED ZEPPELIN et BLACK SABBATH : beaucoup de groupes se disent influencés par les premiers, mais peu parviennent à sonner comme eux, tandis qu'il est plus facile de s'inspirer des compos du Sab en décomposant les parties constitutives.
Coping With The Urban Coyote est un disque facile à écouter, car il est plutôt court. Pourtant, compte tenu de la longueur de certains morceau, et notamment de sa pièce maîtresse, "You Wish" dont les neuf minutes viennent clôturer la face A, il parait bien plus long. C'est un album très intense et profond dans lequel vous ressentez l'osmose entre les musiciens et leur chanteur, chacun se mettant au diapason de l'autre. Prenez "You Wish", cette longue et lente compo reposant sur un riff unique et lancinant servant de soutien à la voix de John Garcia, puis à une accélération de l'orchestration aboutissant sur une apothéose de fuzz. Elle se déguste. Elle est parfaite, c'est une chanson aussi longue, aussi chargée de feeling et aussi bluffante que le "Megalomania" de BLACK SABBATH. A côté de cet ovni musical, on trouve des compos plus acérées et rapides comme "Human Tornado" ou "Thorn", et des entre deux, chargés de feeling comme "Black Woman" et "If Only Two". John Garcia, habite chaque chanson sans pour autant accaparer toute la lumière. Il laisse à chacun de ses musicien de l'espace pour s'exprimer. Mais à la différence de KYUSS où cette expression étire les compos, ici la recette est concentrée.
Projet orphelin et unique Coping With The Urban Coyote est un album essentiel pour comprendre le Desert Rock et le Stoner, mais c'est surtout un sacré bon disque qui s'écoute, se ré-écoute et se ré-ré-écoute sans lassitude. Preuve, s'il en fallait une, du talent de John Garcia pour monter des projets à la personnalité affirmée et faire vivre le Desert Rock.
| rivax 14 Septembre 2017 - 1402 lectures |
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