Blaak Heat Shujaa - The Edge Of An Era

Il est tard, il fait nuit mais bon au moins il fait doux. Vous êtes fatigués mais quand même pas trop et d'un sens, vous n'avez pas trop envie de vous coucher. En plus, vous avez un peu trop bu ce soir, parce que vous étiez à l'anniversaire de Philou, le beau-frère de tonton René, celui qui a essayé de vous faire goûter sa goutte maison Samedi dernier. Bref, vous tournez et c'est plutôt ludique. Alors que faire ? Aller au lit ? Oh bah non pour une fois que vous êtres un peu enjoué, ce serait dommage... Refaire pour la centième fois Portal 2 ? Non, non, c'est vrai que c'est rigolo mais même si vous êtes un peu raclé, l'alcool ne vous rendra pas les niveaux plus durs, pas cette fois... Regarder Tellement Vrai ? Non, sérieusement vous êtes bourré mais pas à ce point là... Alors vous allez faire un tour sur votre Webzine Metal favori et c'est bien connu qu'il a toujours ce qu'il faut pour vous. Là vous lisez cette chronique et vous vous dites (après avoir constaté les capacités de devin de l'auteur) que finalement, Blaak Heat Shujaa pourrait bien vous plaire à ce moment là.

C'est l'été et diantre, il fait une chaleur étouffante. Ça fait maintenant plus de trois heures que vous empilez sur vos bras des couches de Monoï. Vous puez tellement Hawaï qu'un mec à cheveux blonds aurait pu surfer sur votre ventre. « Pourquoi toujours venir à la mer avec les enfants ? ». Cette question résonne en vous. C'est vrai qu'ils sont mignons vos enfants, vous les aimez et c'est bien normal puisque c'est le fruit de votre amour. Cependant, vous avez hâte qu'ils aillent un peu dans l'eau parce qu'ils braillent et que vous avez une migraine grosse comme une pastèque. D'ailleurs, votre femme n'arrête pas de vous gonfler avec ses foutus légumes du soleil et ses fruits exotiques pénibles, vous qui avez envie de manger des Pizzas et des gaufres parce que bordel, c'est les vacances. D'ailleurs, elle se lève enfin et embarque les enfants pour aller faire trempette. Il n'en faut pas plus pour que vous saisissiez votre poste CD et que vous y glissiez un album pour vous détendre. Mais quoi ? Il y a quelques jours, vous avez été sur Thrashocore et vous vous rappelez de la chronique du petit con arrogant qui chronique toujours des trucs chiants mais là, il avait parlé d'un album de Stoner planant qui avait l'air plutôt chouette. Comment ça s’appelait déjà ? Ah oui, Blaak Heat Shujaa.

Ah la la, votre pote de collège. C'est un sacré numéro celui-là ! Il est vraiment cool ! Vous avez votre travail dans les chantiers, vous avez levé le pied mais lui, il n'arrête jamais. Et à chaque fois que vous le voyez, c'est la même. Il fume. Et vous fumez. Et il re-fume. Et vous re-fumez. Vous deux, vous enquillez les joints comme si vous étiez des plombiers. Mario et Luigi quoi. Vous rentrez à chaque fois chez vous sans rien comprendre. Les chemins se brouillent, les brouillards vous enveloppent et vous perdez le contact avec le sol. Parfois, vous vous asseyez sur un banc et vous réfléchissez. Vous ne pouvez plus être comme lui, la vie vous a rattrapé et vous l'enviez un peu. Mais heureusement vous vous lâchez encore un peu. Même si vous êtes fan de Nasty, vous ne culpabilisez pas trop d'avoir fumé un peu d'herbe. Merde après tout, ce n'est pas si grave que ça. Et puis, ça fait partie du rituel, de votre nostalgie et de votre fréquentation. Vous êtes bien chez votre pote, avec ses fauteuils en velours rouge, sa lampe à bulles et cet album de Blaak Heat Shujaa.

Votre patron est un gros con. C'est un fait, en plus de vous fixer des réunions jusqu'à pas d'heure, il ne vous paye même pas en conséquence. Non mais sans déconner, sa boîte là, elle tourne quand même grâce à vous... C'est vous qui vous tapez tous les graphiques, les OPA, les flux inter-monétaires et encore, sans compter le Daytrading, le Profit Warning et les Small Caps. D'ailleurs, ce foutu Blackberry n'arrête pas de sonner pendant que votre patron se la touche pépère à Rio de Janeiro. La vie est injuste... En plus, évidemment, il vous faut sillonner toute la France en bagnole, en avion, en train... Non mais à quand le bateau ? On vous prend pour qui exactement ? Le larbin de service ? Le second couteau qui dépanne bien mais qu'on finit par jeter quand il est émoussé ? D'ailleurs, on est Vendredi soir et vous avez encore quatre heures de route et franchement, parler avec votre cerveau ou écouter la playlist de Chante France, ça vous les brise menu... Seulement, votre fils a laissé un disque de la voiture : Blaak Heat Shujaa. Ouais, pourquoi pas après tout...

Vous avez la tremblote. Depuis qu'elle vous a dit qu'elle voulait sortir avec vous, Anne-Sophie n'arrête pas de se montrer de plus en plus entreprenante Même si c'est la plus belle fille du lycée, elle vous intimide. Vous n'êtes pas si beau que ça et vous n'avez pas trop confiance en vous. En plus, les courbe de ses lèvres, la profondeur de son regard, tout cela vous touche même si vous n'osez pas lui dire. Le pire, c'est que ce soir, elle doit venir chez vous. Même si vous avez pris deux douches, et abusé sur le parfum, vous n'êtes vraiment pas au top de votre forme. Les mains sont moites et il serait judicieux que vous remettiez du déodorant. Et si elle voulait aller plus loin ? Cette perspective est stressante malgré l’excitation qu'elle vous procure... Vous écoutez Blaak Heat Shujaa quand elle pénètre dans votre chambre. Et là où le trac aurait du se faire plus fort, vous êtes plutôt apaisé. Lorsque que votre bouche effleure la sienne, vous vous envolez tous les deux et plus rien ne semble avoir d'importance. La spirale tourne encore et vous vous laissez aller tranquillement par les effluves de votre dulcinée.

Il fait un froid de canard ce matin. En plus, il fait gris. Pourtant, il faut bien se lever et même si le fait de vous taper trois quart d'heure de transports en commun vous déprime au plus haut point, vous ne pouvez pas faire l'impasse. Déjà que votre gastro du mois précédent a duré un peu trop longtemps, ce serait malvenu d'en rajouter. C'est pas tout ça, mais il faudrait songer à ramener un peu de pognon à la maison, histoire de pouvoir se payer un KFC le week-end prochain. En tout cas, malgré le temps de merde, au final vous trouvez cette grisaille quasiment poétique. Et puis, il faut avouer que ce « The Edge of An Era » passe drôlement bien. La pochette est jolie et puis pour du Stoner, il y a quand même une ambiance mystique et trippée vachement bien foutue. Ça vous rappelle votre trek à Katmandou. De bon matin, c'est appréciable parce qu'il y a du groove et que les mecs savent jouer. Après tout, c'est tout ce que vous demandez à un groupe de Stoner non ?

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