Attomica - Attomica
Chronique
Attomica Attomica
Si je vous dis ‘’thrash ’’, ‘’Brésil’’, ‘’1987’’, bon nombre d’entre vous me citeront – et à juste titre – l’incontournable « Schizophrenia » ou « I.N.R.I. » (en s’écartant un poil du pur thrash) ; les plus pointus citeront sans doute les « Sonho Maniaco » de Korzus, «Abominable Anno Domini » de Chakal, « No Limite Da Força » d’Anthares, « Immortal Force » de Mutilator, « Campo De Exterminio » de Holocausto ou encore « Conscience » d’Overdose mais il y a fort à parier que le nom d’Attomica ne soit jamais cité, et pour cause, le groupe n’ayant jamais eu de réel succès au-delà des frontières nationales. Pourtant même si le combo restera éternellement un second couteau de la scène brésilienne, il ne mérite pas moins l’intérêt des afficionados du style, tant ses quatre albums s’avèrent tous plus que recommandables.
Formé en 1985, c’est après s’être fait la main par de nombreux shows, être passé par quelques mouvements de line-up et un changement de label avant même la sortie de l’album qu’ « Attomica » sort finalement en 1987 chez Equinox Discos (ce qui semble d’ailleurs être leur seule et unique sortie !). Sans grande surprise, et malgré sa pochette un peu quelconque et bien moins ‘’old school’’ que celle d’un « Morbid Visions » par exemple, ce premier opus des Brésiliens se place globalement dans la même classe que tous ses petits copains de l’époque, à savoir un thrash vindicatif, bestial et sans pitié n’ayant aucune crainte à lorgner vers le death voire le black. Pas de thrash mid-tempo plan-plan ici donc, tout au plus quelques passages plus accrocheurs (« Dying Smashed » à 2’55, le début de « Marching Over Blood » puis à 4’08 et 4’53) et un « Lost Time » instrumental qui tend quant à lui plus franchement vers un style Bay Area un peu à la « For Whom The Bell Tolls ». En dehors de ça Attomica ne cesse, tout au long de ces trente-sept minutes, de pilonner l’auditeur coi par une telle débauche de pure sauvagerie. Ne cherchez pas de finesse, d’arpèges (hormis l’intro de « Lost Time »), d’envolées guitaristiques mélodiques ou de jolis refrains, tout ici est pensé pour un dommage auditif maximal. Le riffing, malgré les quelques incartades plus accrocheuses citées au-dessus, n’est que lames acérées d’acier rouillé, simple et efficace à mille lieues de toute notion de subtilité et n’ayant pour but que de retransmettre toute la hargne qui habitait nos cinq Paulistanos. Vous aurez bien le droit à quelques solos furieux mais dans une veine bien chaotique et cradingue histoire de ne pas passer pour des sentimentaux (on ne sait jamais, c’est vite fait…). La rythmique effrénée ne lâchera pas l’auditeur une seconde menée par un batteur au taquet martyrisant ses peaux à coups de tchouka-tchouka débridés et de blasts vicelards. En effet « Attomica » est un album de thrash sacrément violent (mazette ce « Samurai » !!) n’hésitant pas, comme je le signalais plus haut, à s’aventurer sur des plates-bandes bien plus extrêmes qu’à l’accoutumée, déjà rythmiquement parlant et ce ne sont pas les vocaux de Laerte Perr qui viendront calmer les choses tant son chant totalement éructé suppurant la haine siérait aussi bien à une formation black metal.
Evidemment comme le dit le vieil adage ce premier album a ‘’les défauts de ses qualités’’, si cet aspect très raw, d’un thrash qui sent la poussière apportera pour beaucoup un capital sympathie indéniable, il faudra d’une part s’accommoder d’une prod elle aussi bien raw et poussiéreuse - lui conférant cette ambiance presqu’apocalyptique - qui pourra malheureusement rebuter les plus tatillons mais qui pourtant possède ce charme des vieux enregistrements du début des années 80, chacun choisira son camp (le remastering des rééditions n’étant malheureusement pas du tout à la hauteur, c’est presque pire, c’est dire…). D’autre part même si j’apprécie énormément Attomica, il manque quand même un tout petit quelque chose aux Brésiliens pour faire la différence et s’extirper de cette masse de groupes qui resteront comme des seconds-rôles, de qualité certes mais malgré tout toujours derrière les premiers.
Quoi qu’il en soit et même s’il n’égalera pas l’aura des sorties emblématiques de l’époque, « Attomica » reste un album de thrash solide, primaire, efficace et sacrément brutal qui ferait presque passer « Pleasure To Kill » pour une berceuse pour nourrissons ; témoignage d’une époque lointaine maintenant (l’album fête ses trente ans cette année) où la scène thrash (thrash/death) brésilienne naissante était en pleine ébullition et où la sauvagerie était érigé en art de thrasher. Et le meilleur c’est que la suite, bien que moins frontale, restera tout aussi fréquentable.
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