En préparant cette chronique je me suis rendu compte que le dernier album d’Unsane véritablement digne d’intérêt était sorti il y a déjà plus de dix ans (
Visqueen - mars 2007) ! C’est long dix ans, surtout pour un groupe dont la carrière est déjà particulièrement bien entamée. En effet, les New-Yorkais célébreront l’année prochaine leurs 30 ans d’existence. Aussi, après un
Wreck qui m’avait passablement échaudé et que je n’ai d’ailleurs jamais réécouté après en avoir terminé avec ma précédente chronique, j’avais naturellement quelques réserves quant à la capacité des Américains à revenir à ce niveau auquel ils nous avait habitué jusque-là.
Après Relapse, Ipecac et Alternative Tentacles, Unsane est cette fois-ci allé trouver refuge chez Southern Lord Records. Si j’ai bien du mal à saisir ce qui pousse le groupe à changer de label à chaque nouvelle sortie ou presque, il y a bien une chose sur laquelle on peut s’accorder c’est qu’ici ou ailleurs ce n’est pas ça qui va changer quoi que ce soit à la formule des New-Yorkais qui effectivement n’a pas bougé depuis 1988. Intitulé
Sterilize, ce nouvel album suit donc le même chemin déjà tracée par ses prédécesseurs à commencer par un artwork toujours aussi sanglant (bien qu’il soit au passage l’un des moins réussis du groupe). De retour aux affaires après cinq ans d’absence, Unsane donne également le sentiment que
Wreck n’était rien d’autre qu’un moment d’égarement. Une erreur de parcours sur laquelle le groupe ne souhaite pas particulièrement revenir aujourd’hui. Il n’y a d’ailleurs qu’à regarder les titres joués sur la tournée actuelle pour constater à quel point les morceaux de cet album brillent par leur absence systématique. Certes, le groupe dispense chaque soir sa reprise de Flipper mais nous sommes bien d’accord pour dire que cela ne compte pas vraiment.
Sterilize marque ainsi le retour d’Unsane à une Noise particulièrement tendue et efficace, deux qualificatifs qui faisaient cruellement défaut à son prédécesseur. Une inspiration retrouvée qui va rassurer l’auditeur sur la capacité des New-Yorkais à produire - malgré les années qui passent - des albums dignes d’être écoutés et réécoutés. Pour le reste, on ne va pas se mentir, ce huitième essai longue durée va révéler bien peu de surprises et se "contenter" d’apporter ce que l’on est en droit d’attendre d’un album d’Unsane.
Entre la basse nerveuse de Dave Curran, la voix arrachée et rugueuse d’un Chris Spencer aux riffs affûtés aujourd’hui retrouvés et les frappes pleines de groove de Vincent Signorelli, Unsane ne fait clairement pas son âge et semble, encore plus qu’hier, prêt à trancher, lacérer, taillader, découper, inciser, dépecer… Et ce n’est pas une légère baisse de régime constatée qui fera changer mon ressenti face à ces nouvelles compositions particulièrement bien ficelées. Certes, le groupe a quelque peu ralenti la cadence mais il y a dans les mid-tempo des Américains quelque chose d’hypnotique, sale et froid qui les rendent assez saisissant. Bien moins marqué par le Blues que ne l’a été
Wreck,
Sterilize porte tout de même en lui quelques réminiscences notamment à travers cet usage intensif du vibrato et de ces riffs au son très métallique. Ce n’est pas forcément toujours flagrant mais c’est en tout cas quais-constant tout au long de l’album. Enfin, si on ne peut pas vraiment parler de nouveauté, on appréciera certaines tournures plus mélodiques auxquelles Unsane ne nous avait pas vraiment habitués jusque-là comme par exemple sur l’excellent "Distance" et son refrain plutôt surprenant où Chris Spencer s’essaie (avec succès) à un chant nettement moins agressif pour ne pas dire clair.
Sterilize s’inscrit donc dans la continuité des albums proposés jusque-là par le trio new-yorkais à une différence près : celui-ci parait cinq ans après un album bien loin d’avoir fait l’unanimité auprès de tous les amateurs d’Unsane. Ainsi particulièrement attendu au tournant, ce dernier s’avère heureusement bien meilleur que son prédécesseur. Et même si le groupe ne se réinvente pas (bien qu’il ose ici quelques petites choses), il renoue surtout avec cette efficacité qu’on lui connaissait jusque-là si bien. Une reprise en main nécessaire et surtout rondement menée qui donne en cette fin d’année un album de Noise / Hardcore sauvage et tendu. Bien joué messieurs car un deuxième faux-pas aurait été particulièrement malvenu.
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