Cenotafio - La Fatídica Excrecencia De La Subtierra
Chronique
Cenotafio La Fatídica Excrecencia De La Subtierra
Originaire de la petite ville de Temuco au Chili, Cenotafio émerge tranquillement de l’underground sud-américain avec la sortie fin juillet de son tout premier album intitulé La Fatídica Excrecencia De La Subtierra. Celui-ci voit le jour via Ancestral Terror Records, une structure chilienne spécialisée dans le format cassette (de l’album Let The Devil In de Sargeist en passant par la réédition d’un EP de Pentacle paru initialement en 2001).
Comme le nom de ce groupe ne doit pas vous dire grand-chose, j’imagine que si vous êtes là à lire ces quelques lignes c’est en grande partie grâce à l’artwork effectivement très réussi qui est utilisé pour illustrer ce dit premier album ? Ne vous en faites pas, c’est aussi ce qui m’a poussé à y jeter une oreille. Ça et bien évidement le pays d’origine de ce groupe qui, on ne cesse de vous le répéter ici-même, est devenu depuis déjà plusieurs années un gage de qualité évident.
Formé en 2015 par deux des trois membres d’Invehertex (autre projet fort recommandable en provenance directe du Chili), Cenotafio va rapidement se mettre à pied d’œuvre avec la sortie la même année d’un single puis d’une première démo intitulée El Encierro De Las Grandes Revelaciones. Deux ans plus tard, le duo récidive avec un nouveau single et surtout un premier album illustré par le chanteur/guitariste/bassiste sous le nom de Nox Fragor Art (Son In Curse, Concatenatus, Invehertex, Mortem, Praecognitvm...).
Si avec Invehertex, Daniel Hermosilla et Patricio Kusnir explorent des sonorités purement Black Metal à travers une musique complexe et torturée, Cenotafio est pour le duo l’occasion de naviguer vers d’autres horizons en lorgnant cette fois-ci du côté d’un Black/Death caverneux à l’atmosphère occulte particulièrement étouffante. Conscient que tout a déjà été fait en la matière, les Chiliens n’ont pas dans l’idée de bouleverser ce petit univers avec leur tambouille mais plutôt d’y participer en y allant de leur modeste, mais efficace, contribution.
Et la première chose que l’on remarque lorsque l’on pose nos oreilles sur cet album c’est bien la qualité de la production et surtout son caractère authentique. Rugueuse et épaisse à la fois, elle apporte au Black/Death de Cenotafio toute la puissance nécessaire pour s’imposer par la force (notamment grâce à un son de guitare particulièrement abrasif qui rappelle beaucoup celui d’Archgoat ou Cemetery Urn) tout en laissant aux ambiances moites et poussiéreuses suffisamment d’espace pour s’insinuer à travers chaque note, chaque parole, chaque riff... Un équilibre parfaitement trouvé qui va servir des compositions dont la durée s’étire en moyenne aux alentours des neuf minutes.
Mais bien loin de traîner la patte tel un pauvre petit animal blessé, Cenotafio va plutôt choisir de ruer dans les brancards. Le groupe va ainsi passer le plus clair de son temps à nous agresser sur un rythme particulièrement soutenu fait de blasts, de trémolos et de leads infernaux (notamment sur ces notes dissonantes qui, à juste titre, rappellent celles utilisées par le duo au sein d’Invehertex). Ces moments de violences, noirs et primitifs, vont par contre s’opposer à des passages plus en retenue voire même quelques séquences atmosphériques instrumentales (la longue introduction de "(Intro) Remedium. Morbus. Mors", les trois dernières minutes de "Letargo A Su Posterior Hipnosis" ainsi que la conclusion de "Disnea Universal (Outro)") amenant alors du relief à une musique toujours extrêmement sombre et menaçante.
Enfin, difficile de passer également sous silence la prestation des deux hommes en matière de chant. Si leur voix ne sont pas nécessairement très différentes l’une de l’autre, elles amènent cependant une belle complémentarité grâce à quelques subtilités intéressantes. S’il s’agit ainsi de deux growls caverneux, l’une des deux voix possède des intonations plus criardes alors que la seconde se fait particulièrement profonde voire abyssale (Craig Pillard n’est jamais loin). Toutes les deux, elles concourent naturellement à la mise en place de ces atmosphères cryptiques, moites et glaciales qui embrassent chaque seconde de ce premier album très réussi.
Le travail bien fait d’artisans passionnés et talentueux, même s’ils donnent le sentiment de prendre peu de risques, aura toujours plus de valeur à mes yeux que des expérimentations servies au nom de la sacro-sainte originalité par un groupe incapable de faire sonner un riff correctement. Cenotafio fait clairement parti de la première catégorie et c’est justement pour quoi La Fatídica Excrecencia De La Subtierra devrait pouvoir trouver écho chez tous les amateurs de ce genre de Black/Death occulte. Pas de révolution ici mais un premier album rondement mené qui fera bouffer la terre et cramer en Enfer n’importe quel auditeur sensible à ce genre de douceurs.
| AxGxB 30 Octobre 2017 - 976 lectures |
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