Les Chiliens de Cenotafio avaient fait une entrée remarquée dans le petit monde du Death Metal il y a trois ans avec la sortie de leur premier album intitulé
La Fatídica Excrecencia De La Subtierra. Formé à Temuco, le duo dans lequel on retrouve deux membres d’Invehertex n’en était pourtant pas à son premier coup d’essai puisqu’avant cela il avait sorti une démo et deux singles à la portée naturellement bien plus confidentielle. Loin de vouloir en rester là, Cenotafio a sorti l’année dernière un split en compagnie des Allemands d’Into Coffin et surtout un deuxième album qui soufflera déjà sa première bougie en mai prochain…
Alors pourquoi autant de retard me direz-vous ? Et bien en grande partie parce que
Larvae Tedeum Teratos est longtemps resté disponible au seul format cassette. Sorti sur le label allemand Weed Hunter Records (Bones, Gouge, Repugnizer...), il faudra attendre novembre dernier pour voir enfin proposer une version CD. On la doit à leur compatriote d’Apocalyptic Productions (Praise The Flame, Totten Korps, Uttertomb...) chez qui est notamment paru le premier EP de Suppression dont je vous ai parlé récemment.
Un poil moins chargé que son prédécesseur,
Larvae Tedeum Teratos se compose de seulement quatre nouveaux morceaux pour une durée n’excédant pas les quarante minutes. Comme pour son prédécesseur, la production rugueuse et dense a été confiée à Bernardo Cofré et Pedro Sazo alors que l’artwork est signée une fois de plus du guitariste, bassiste et chanteur de Cenotafio, le talentueux Daniel Hermosilla connu pour son travail sous le nom de Nox Fragor Art (Coffin Curse, Fetid, Godagainst, Son In Curse...).
De fait, rien n’a vraiment changé du côté des Chiliens qui rempilent sans grande surprise (mais pour notre plus grande satisfaction) là où on les attendait évidement de pied ferme, c’est à dire à la pratique de ce même Black/Death toujours aussi obscur et étiré. En effet, malgré un nombre de morceaux relativement modeste qui pourrait faire passer Daniel Hermosilla et Patricio Kusnir pour des gens radins, Cenotafio continue de proposer des morceaux relativement longs (ici entre sept et dix minutes) qui vont ainsi lui permettre de construire et développer certaines atmosphères aux sonorités plutôt médiévales. Pêchant peut-être un peu par excès de zèle, certaines séquences samplées vont tout de même plomber quelque peu la dynamique générale par leurs longueurs un poil trop excessives. On pense notamment à ces entrelacs d’épées sur fond de chants religieux (déjà utilisés sur les premières minutes de "La Apoptosis") que l’on retrouve sur les trois dernières minutes de "El Martirio" ou bien ces cloches calées là encore sur ce chant grégorien que l’on peut entendre sur les quatre dernières minutes de "Maleficae" (je peux vous assurer que c’est loooong quand vous faites la vaisselle, que vous avez les mains dans l’eau sans aucun moyen de passer au morceau suivant). En cherchant ainsi à immerger l’auditeur dans son univers, le groupe en fait malheureusement un peu trop, perdant en efficacité et en pertinence là où des samples plus courts auraient certainement mieux servi le propos des Chiliens.
Ceci dit, n’ayez crainte car c’est bien là le seul reproche que je peux faire à l’adresse de ce
Larvae Tedeum Teratos dans la mesure où, comme évoqué plus haut, le Black/Death rugueux de Cenotafio demeure fidèle à ce que le groupe avait su proposer deux ans auparavant. Une musique sombre, opaque et mystérieuse servi par des attaques soutenues que les Chiliens vont mener le plus clair du temps à coup de blasts punitifs et de riffs infernaux auxquels vont se mêler quelques dissonances subtiles mais diaboliques ("El Martirio" à 0:39, le lead central de "Maleficae", les premières mesures de "La Sentencia Y La Plaga") et de séquences naturellement moins radicales mais aussi plus inquiétantes (notamment sur ce dernier titre qu’est "La Sentencia Y La Plaga") histoire d’apporter davantage de nuances à une recette menée tambour battant. Certes, ce que propose le duo n’est en soit pas bien original, puisant effectivement l’essentiel de ses influences chez des groupes comme Grave Miasma, Incantation mais aussi Portal, Wrathprayer ou Mitochondrion, sources d’inspiration qui à l’époque du premier album ne m’avaient pas autant sauté aux yeux ni aux oreilles. Plus lisible et certainement moins dense malgré une évidente opacité, le Black/Death des Chiliens reprend pourtant certains gimmicks à l’image de ces riffs qui bourdonnent, de ces quelques dissonances évoquées juste avant et de ce chant guttural/arraché et lointain particulièrement effrayant. D’ailleurs, le duo fait à ce sujet un très beau boulot à la fois complémentaire et varié qui permet d’apporter une véritable profondeur à leur formule tout en rendant les atmosphères encore un peu plus folles et sournoises.
Hormis ces histoires de samples beaucoup trop longs et finalement assez redondants (croyez-moi, vous allez en souper du chant grégorien si vous vous décidez à vous plonger dans ce deuxième album),
Larvae Tedeum Teratos est un disque particulièrement bien mené. Entre ces attaques frontales imparables, cette production abrasive et dense n’oubliant pas pour autant de permettre à l’auditeur de s’immerger aisément dans l’univers de Cenotafio, ces ralentissements éparses mais naturellement bienvenues et ces atmosphères opaques et délétères, le duo s’en sort une fois de plus avec les honneurs, attestant au passage s’il en était encore besoin que la scène chilienne est certainement l’une des plus florissantes et intéressantes de ces quelques dernières années. Pour tous ceux qui manqueraient d’assiduité dans la lecture de mes chroniques, je vous invite donc très sérieusement à vous plonger dans le Black/Death de Cenotafio, certes peu original mais alors ô combien efficace et chargé en atmosphères.
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