Diocletian - Doom Cult
Chronique
Diocletian Doom Cult
Parmi les groupes émergeant de la nouvelle scène underground Néo-Zélandaise (Heresiarch, Witchrist, Vassafor...), Diocletian est certainement l'un des plus intéressants. Formé en 2004 à Auckland sous la forme d'un trio, le groupe s'est rapidement illustré grâce notamment à une démo (Demo 1: 2005), un split en compagnie des excellents Australiens de Denouncement Pyre et deux EPs dont le très plébiscité Decimator. Un parcours classique et jusque-là irréprochable qui aboutira à la sortie en 2009 d'un premier album intitulé Doom Cult chez les Irlandais d'Invictus Productions.
Adepte d'un war metal vicieux et affreusement oppressant, Diocletian nous propose avec son premier album une recette redoutable qui, si elle s'inspire évidemment de ses ainés (Conqueror et Revenge en tête de lice) à toutefois réussi à s'en détacher suffisamment pour proposer à l'auditeur quelque chose de plus personnel. L'approche de Diocletian passe ainsi par la mise en place d'éléments propre au genre pratiqué tout en y apportant une vision plus aboutie. Malgré tout, rentrer dans un album de ce genre n'est vraiment pas chose aisée. Comme pour l'essentiel de cette scène exigeante, il vous faudra vous armer de patience et de bonne volonté avant de saisir, comprendre et assimiler ce que Diocletian et tous ces groupes ont à vous proposer. La faute, comme toujours, à un choix de production qui met l'accent sur l'ambiance et les atmosphères suffocantes plutôt que sur la compréhension et la lisibilité de l'ensemble. Ainsi, les instruments forts, ceux sur lesquels on a l'habitude de s'appuyer comme la guitare et le chant, sont souvent placés en retrait dans le mix. Prenons l'exemple de "Doom Cult", un vieux morceau de Diocletian figurant déjà sur leur première démo. Difficile de distinguer clairement quelque chose dans tout ce chaos assez bordélique. Les riffs sont là, le chant également, mais le tout est servi par une production opaque et extrêmement étouffante. Bien que présent sur le reste de l'album, je trouve que cette sensation s'estompe très légèrement dès le deuxième morceau, "The Ironfist". Pourquoi? Probablement parce que quelques années séparent la composition du titre "Doom Cult" du reste de l'album. Diocletian a donc peaufiné sa musique pour réussir à proposer aujourd'hui un résultat moins monolithique qu'il n'y paraît. C'est assurément le point fort du trio Néo-Zélandais. Réussir à jouer avec les codes d'un genre radical qui ne laisse aucune place à l'originalité et en proposer une version améliorée.
Mais comme je vous le disais, les grosses ficelles du war metal sont bien déployées par Diocletian qui joue avec non sans plaisir. Outre la production assez symptomatique du genre, on retrouve ces blasts de caisse claire à la limite du gindcore. Tac, tac, tac, tac, tac... Avec un son très cru qui pourrait presque être désagréable si le jeu de C. Sinclair (Heresiarch, Apocalyspe Command, Witchrist) n'était pas heureusement aussi varié comme l'atteste l'excellent "Bullet Vomited". Un morceau qui vous brise la nuque de façon intelligente avec pas mal de variations toujours bien amenées. Diocletian se montre également très à son aise lorsqu'il s'agit de ralentir la cadence. En atteste "Deathstrike Overkill" est ses passages plus lourd, presque martial ou le jeu de batterie se montre moins intensif ou encore le break final de "Werewolf Directive" (dont les paroles ont été écrites par Pete Helmkamp). Les riffs que l'on distingue assez clairement sont redoutables. Plutôt lointains et dissonants de prime abord, ils se révèlent finalement au fil des écoutes. "The Ironfist" et son riffing fulgurant, "Deathstrike" et son riff lourd et menaçant, "Bullet Vomited" et son excellent riff punk/thrash tout dans l'urgence etc... Bref, ça ne rigole vraiment pas. On appréciera aussi les quelques soli bien dissonants et bordéliques (mais maîtrisés) qu'on peut retrouver ici et là comme sur la conclusion de "Deathstrike Overkill", le très virulent "Antichrist Hammerfist" (écrit et composé par Ryan Förster de Conqueror), "Baphocletian " ou encore "Heretics".
Et puis il y a le chant. Partagé entre deux hurleurs dont un principal à la voix black bestiale, primaire et complètement aliénée. Elle est régulièrement appuyée par une seconde voix plus gutturale qui renforce l'atmosphère étouffante et terriblement malsaine de Doom Cult. D'ailleurs, un autre point intéressant, je trouve le mixage des voix plutôt bien fait. En écoutant cet album au casque (obligatoire pour en saisir l'essentiel), on a vraiment l'impression qu’elles nous entourent, nous menacent. Parfois lointaines, parfois bien présentes, elles se baladent parfois à gauche, parfois à droite comme pour mieux s'insinuer dans notre tête.
Éprouvant pour la santé mentale et physique, Doom Cult est pour moi un album qui s'apprécie si et seulement si on se donne les moyens de rentrer dedans. Comme beaucoup de groupes issus de cette scène war metal, la musique de Diocletian pourra sembler totalement inaudible à certains. Pour les autres qui auraient envie de se laisser tenter. De la patience, de la persévérance et un casque audio devraient faire l'affaire. Quoiqu'il en soit Doom Cult n'est pas un album de war metal comme les autres. Intense et radical c'est certain mais il est aussi et surtout plus varié et abouti que bon nombre de disques dans le genre. Une réussite.
| AxGxB 23 Février 2012 - 2852 lectures |
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