Quatre ans après un
War Of All Against All particulièrement convaincant, les Néo-Zélandais de Diocletian signent enfin leur grand retour. Il y a pourtant bien eu quelques sorties entre temps (un EP, une compilation et un split en compagnie de Weregoat) pour nous faire patienter mais rien de suffisant pour étancher cette soif de brutalité à laquelle Diocletian nous avait jusque là habitué.
A l’instar de ses confrères de Witchrist, c’est sur Osmose Productions que le groupe a jeté son dévolu pour la sortie de son nouvel album. Quant à l’artwork, les connaisseurs auront probablement reconnu le coup de crayon d’un Italien particulièrement plébiscité ces derniers mois, je veux bien entendu parler de Paolo Girardi. Malgré une certaine redondance, notamment dans les couleurs utilisées, le travail réalisé ici est encore d’excellente facture et colle plutôt bien à cette image conquérante et martiale que l’on peut se faire de Diocletian.
Reprenant le titre d’un morceau de 2008 figurant sur un split en compagnie de Denouncement Pyre,
Gesundrian marque le retour au chant de Logan Muir, musicien multitâches (chant, guitare, basse) ayant officié derrière le micro de Diocletian entre 2005 et 2012 (à l’exception cependant de
Doom Cult,
War Of All Against All et du split avec Weregoat). Peu familier de la période pré-
Doom Cult et n’ayant jamais posé mes oreilles sur le EP
European Annihilation, il s’agit pour ma part de l’élément nouveau de ce
Gesundrian.
Mais pas d'inquiétudes à avoir de ce côté là, car bien que son timbre de voix ne soit pas identique à ceux de ses prédécesseurs (on peut facilement s'en rendre compte dès la premier écoute), la voix rugueuse, arrachée et particulièrement véhémente de Logan Muir trouve naturellement sa place dans le paysage sonore dépeint par Diocletian. À la manière d'un Ryan Foster, ces lignes de chant semblent porter en elles toute la haine et la violence du monde. Un registre vocal exempt de toute compassion, de tout humanisme et donc évidemment très proche de ce War/Black Metal si cher à la scène néo-zélandaise (Revenge, Conqueror, Blasphemy...).
Mais si la voix de Logan Muir est bien l'élément nouveau de ce
Gesundrian, la surprise vient étrangement d'ailleurs. Habitué jusque là à une production dense et hermétique offrant finalement peu de relief mais capable d'étouffer l'auditeur, Diocletian à fait aujourd'hui le choix de rendre sa musique beaucoup plus lisible. Le groupe gagne ainsi en immédiateté ce qu'il perd (en partie) en atmosphère. Un choix qui risque probablement de ne pas plaire à tout le monde mais qui semblait pourtant inévitable si l'on regarde le virage pris par des groupes comme Witchrist ou Heresiarch. Pour ma part, je ne dirais pas que cette décision ne me gêne pas car autrefois, pouvoir apprécier Diocletian impliquait quelque part une certaine dévotion, un travail d'écoute volontaire et participatif, bref de l'engagement. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Les riffs s'imposent avec aisance, se faisant presque mélodiques sur certains passages alors que cette sensation désagréable de suffoquer, d'être pris à la gorge et de subir tout le poids du monde sur ses épaules tend désormais à s'estomper.
Pour autant,
Gesundrian n'en est pas moins redoutable. Ainsi révélés, les instruments s'accordent dans un déluge à la limite de la cacophonie entre une batterie survoltée qui cogne dans les tous les sens (l'utilisation des cymbales donnent ici beaucoup de rythmes et d'énergie), des riffs sinistres et corrosifs (ponctués d'ailleurs par quelques soli bien cradingues), une basse vrombissante toute en saturation et ces crachats impies et blasphématoires en guise de chant. Bien que l'atmosphère soit peut-être moins pesante, la sensation d'en prendre plein la gueule reste ici le sentiment qui domine. Diocletian ne s'est pas du tout calmé et semble même avoir durci son propos (sensation justement accentuée par cette lisibilité évoquée un peu plus haut).
Enfin, les tendances "Doom" déjà manifestées par le groupe auparavant se manifestent une fois de plus avec notamment quelques séquences/titres exprimant une certaine lourdeur toute maladive: ce long titre introductif (plus de cinq minutes) qu'est "Cleaved Asunder" construit sur un seul et même riff répété à outrance, les dernières minutes de "Beast Atop The Trapezoid", ce "Steel Jaws" schizophrénique fait d'accélérations et de relâchements plombés et plombant... Bref, une variété de rythmes plutôt bienvenue qui permet
Rendu probablement plus accessible de part ce choix de production, ce nouvel album de Diocletian n'en est pas moins éreintant. Pied au plancher, entrecoupé par quelques séquences mid tempo, Diocletian écrase l’auditeur sans sommation, ne le laissant même pas relever la tête pour reprendre sa respiration. Passé maître dans l’art d’un War Metal exigeant, les Néo-Zélandais continuent de trôner au sommet de cette discipline violente et martiale. Pourtant, au jeu des trônes, le groupe semble vouloir se mettre en danger, créant des dissensions au sein de son propre camp. En effet, nul doute que les avis divergeront face à ce choix de rendre sa musique plus accessible, au moins sur la forme. Pour ma part, j’ai choisi mon camp. Et vous?
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